Après cinq ans de travail, ce premier bilan est enfin disponible. En pratique, il repose sur le suivi de trente indicateurs qui ont pour vocation de dresser un état des lieux objectif et neutre. Ces indicateurs sont articulés autour de quatre grands enjeux : économie et production, biodiversité et milieux remarquables, enjeux socio-culturels et d'accueil du public, risques et santé des forêts.
Tous les indicateurs renseignés font référence aux critères d'Helsinki énoncés en 1993 lors de la Conférence ministérielle pour la protection des forêts en Europe, à l'origine du processus paneuropéen de gestion forestière durable : les pays signataires se sont engagés à renseigner régulièrement ces indicateurs de gestion durable, en recommandant leur intégration dans la mise en oeuvre des programmes forestiers nationaux.
Par conséquent, ce bilan regroupe de nombreuses informations, sources d'une meilleure connaissance du patrimoine. On apprend par exemple que 81,5% de la surface des forêts domaniales françaises sont disponibles pour la production et que 72,3% d'entre elles sont identifiés comme milieux remarquables.
Les résultats sont déclinés sur l'ensemble de l'hexagone métropolitain mais également à l'échelle des domaines biogéographiques et des régions administratives. De plus, ils font généralement référence à deux périodes d'inventaires ou à une série pluriannuelle de mesures, permettant d'entrevoir les évolutions du patrimoine dans le temps. À titre d'exemple, le bilan démontre que sur le plan de la biodiversité, le mélange d'essences a augmenté en moyenne dans toutes les forêts domaniales entre 1984 et 1996 mais présente de forts contrastes géographiques : alors qu'en région Champagne-Ardenne le nombre d'essences différentes retrouvées en mélange est supérieur à 3, il n'est que de 1,2 en Aquitaine pour une moyenne nationale de 2,5.
Outre l'intérêt de mieux connaître l'état des forêts domaniales françaises, ce bilan est également un outils au service de la gestion des forêts et l'aménagement du territoire. Le bilan démontre par exemple que 2/3 des forêts domaniales sont concernées par l'accueil du public et que 15 % de la surface totale sont situés dans des zones où la densité de population est supérieure à 200 hab/km2 ; ce qui sous-entend la présence d'infrastructures et de problèmes spécifiques. L'intérêt est le même concernant l'étude des risques auxquels sont exposées les forêts, que ce soit les risques naturels (incendies, maladies) ou les risques induits par l'homme. Le bilan effectué par l'ONF signale qu'entre 1998 et 2004, aucun problème sanitaire majeur affectant l'état du feuillage des peuplements domaniaux n'a été signalé. En revanche, il apparaît que 1105 ha de forêt domaniale sont incendiés chaque année.
En suivant l'état du patrimoine, ce bilan a pour objectif d'évaluer les effets des opérations de gestion sur l'état des forêts. L'éclairage ainsi apporté doit, par la suite, alimenter en retour la réflexion sur les orientations à prendre.