On estime que le commerce international des espèces sauvages représente des milliards de dollars par an et qu'il porte sur des centaines de millions de spécimens de plantes et d'animaux. Ce commerce est varié, allant de plantes et d'animaux vivants à une large gamme de produits dérivés : produits alimentaires, articles en cuir exotique, instruments de musique en bois, souvenirs pour touristes, remèdes, etc. L'exploitation et le commerce intensifs de certaines espèces, auxquels s'ajoutent d'autres facteurs tels que la disparition des habitats, peuvent épuiser les populations et même conduire certaines espèces au bord de l'extinction. De nombreuses espèces sauvages faisant l'objet d'un commerce ne sont pas en danger d'extinction mais l'existence d'un accord garantissant un commerce durable est importante pour préserver ces ressources dans l'avenir.
Mais l'inscription d'une espèce sur les listes de la CITES n'est qu'un premier pas. Veiller à la mise en application des contrôles pour la faire respecter par les 169 pays signataires est tout aussi important mais pose souvent problème. C'est pourquoi la CITES s'associe aujourd'hui à l'organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) afin d'évaluer l'état des stocks de certaines espèces aquatiques, d'examiner de plus près les pratiques de gestion, et de veiller à ce que seules les pêcheries gérées dans une optique responsable fassent l'objet d'un commerce international. Cette collaboration a déjà bien fonctionné sur le cas du lambi par exemple. L'insertion de ce mollusque dans la liste de la CITES n'a guère mis un terme à sa surpêche, mais grâce à la collaboration entamée avec la FAO, la Convention a pu analyser avec précision les points sensibles et, le cas échéant, aider les pays à mettre en place des contrôles.
Fortes de cet exemple encourageant, la FAO et la CITES se concentrent désormais sur d'autres espèces menacées tels les clams géants, les esturgeons et les poissons napoléons, ainsi que des espèces susceptibles d'être insérées sur les listes de la Convention, notamment le concombre de mer et plusieurs espèces de requins. Cette coopération doit permettre de garantir l'utilisation durable de ces précieuses ressources et a été officialisée dans un protocole d'accord signé par le Secrétaire général de la CITES, Willem Wijnstekers, et Ichiro Nomura, Sous-Directeur général de la FAO, Département des Pêches.
En vertu de cet accord, la FAO et la CITES examineront conjointement l'évaluation scientifique, juridique et technique des espèces aquatiques faisant l'objet d'une exploitation commerciale, inscrites ou proposées dans les Annexes de la Convention.
En ce qui concerne les espèces figurant déjà sur les listes ou sur le point d'être insérées, la FAO collaborera avec la CITES et les pays exportateurs pour améliorer le suivi et l'aménagement des ressources halieutiques, en les aidant à garantir que les exportations viennent uniquement de pêches responsables. Selon Ichiro Nomura, ce protocole d'accord offre une nouvelle occasion pour la FAO de déployer toute son expertise en matière de biologie et de politiques halieutiques de façon très concrète. En travaillant avec la CITES à la promotion de pêches durables et au commerce responsable du poisson, nous entendons consolider nos efforts pour garantir que les populations du monde entier puissent continuer, à long terme, à se nourrir et à gagner leur vie grâce à la pêche et au commerce de produits halieutiques, a-t-il ajouté.
Le commerce international de produits de la pêche a récemment atteint la valeur record de 71 milliards de dollars, selon les statistiques de la FAO. Même si ce commerce améliore souvent la sécurité alimentaire et les revenus des pays en développement, la FAO et la CITES ont cependant exhorté les pays pratiquant la pêche à s'assurer qu'ils ne nuisent pas aux stocks sauvages.