Depuis la première édition en 2000, le taux de participation au CDP n'a cessé d'augmenter. Le projet Carbon disclosure rassemble aujourd'hui 225 investisseurs gérant plus de 31.500 milliards de dollars d'actifs dans le monde. Pour cette quatrième édition, le questionnaire a totalisé le plus important taux de réponses : 72% des sociétés interrogées ont répondu à l'appel contre 71% en 2004, 59% en 2002 et 41% en 2000. Cette participation est très marquée dans les secteurs concernés par le réchauffement climatique comme le secteur international des services publics d'électricité dont le taux de réponse s'élève à 94%. Les entreprises Européenne sont toujours aussi actives avec un taux de réponse moyen de 86% contre 66% pour les sociétés basées en Amérique du Nord.
Donc globalement, il semblerait que les entreprises sont de plus en plus sensibilisée soit, pour les plus avancées, parce qu'elles y voient un véritable intérêt pour rassurer les investisseurs soient parce qu'elles ont enfin réfléchi à la question du changement climatique et mis en place le reporting nécessaire pour répondre au questionnaire.
La qualité et la comparabilité des réponses continuent d'ailleurs de progresser dans cette quatrième édition du CDP. Par exemple, les entreprises utilisent de plus en plus le même protocole de mesure des émissions de gaz à effet de serre (protocole GHG).
En ce qui concerne la relation des sociétés avec le changement climatique il semblerait que la prise de conscience des risques ou opportunités qui pourraient en découler progresse, mais les actions ne suivent pas. En effet, 87% des entreprises répondantes considèrent que le changement climatique représente des risques et/ou des opportunités mais seulement 48% des sociétés convaincues ont mis en place un programme de réduction des émissions de GES.
Pour l'édition 2006, le CDP a décidé d'étendre son panel à un plus grand nombre d'entreprises. En France notamment, avec la collaboration d'AXA et de l'ADEME, l'étude a été menée auprès des 120 plus grandes entreprises (SBF 120).
Les résultats sont mitigés et globalement similaires au CDP-FT500. Le taux de réponse atteint 45% soit 54 entreprises, ce qui peut paraître encourageant pour une première édition mais décevant lorsqu'on sait que la première édition du CDP-FT500 réalisée il y a plus de six ans avait eu le même succès et que certaines sociétés du SBF120 ont déjà participé au FT500. Avec les évolutions qui se sont produites au cours des six dernières années concernant les changements climatiques, notamment l'entrée en vigueur du protocole de Kyoto, on aurait espéré une participation plus accrue.
De même, la qualité de l'information et la mobilisation sont inégales. En effet, la différence de qualité et de pertinence des réponses constatées entre les secteurs et au sein d'un même secteur montre que les entreprises françaises n'ont pas encore suffisamment intégré les enjeux du changement climatique et les nécessaires améliorations de la qualité de l'information communiquée aux investisseurs. Si la réponse de certains secteurs comme les services collectifs et l'énergie, soumis à une forte contrainte carbone, est satisfaisante, d'autres comme les transports, l'agroalimentaire ou les biens industriels ont présenté un niveau de réponse encore insatisfaisant compte tenu des risques croissants qui pèsent sur eux. D'autres secteurs se montrent plus pro-actifs comme le secteur automobile ou le secteur informatique et télécommunications.
Pourtant, la prise de conscience des impacts liés au changement climatique semble s'installer dans le management des entreprises. Ainsi, 57% des entreprises interrogées perçoivent les risques que le changement climatique fait peser sur leurs activités : augmentation des coûts de production, impacts physiques sur les outils de production, perte de marchés ou positionnement inadapté des produits et services. Parallèlement, 65% des entreprises ont identifié des opportunités de développement : produits ou services actuels correspondant à une demande liée au changement climatique, création de nouveaux produits ou services en réponse aux contraintes du changement climatique ou opportunités financières.
63% d'entre elles déclarent même avoir mis en place une stratégie et un plan d'action pour faire face aux changements climatiques accompagnés parfois d'objectifs quantitatifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Les moyens déployés sont multiples : optimisation des procédés, action sur l'ensemble du cycle de vie des produits ou mise en œuvre de mécanismes de flexibilité.
Ainsi, outre le fait de mettre en lumière la stratégie des entreprises plus ou moins ambitieuse en matière de changement climatique et d'émissions de gaz à effet de serre, le CDP fournit à ses membres des informations essentielles et souvent difficiles à obtenir qui leur permettent d'évaluer les risques et les opportunités liés aux changements climatiques pour les entreprises dans lesquelles ils investissent. La communication des entreprises dans ce domaine est relativement récente en France et s'est améliorée, suite à l'entrée en application de la loi sur les Nouvelles Régulations Economiques (loi NRE) en 2003 et de la directive Quota en 2005. Cependant des progrès importants restent à faire pour améliorer l'information et répondre aux besoins des investisseurs en termes de transparence et de visibilité.
Pour l'instant, malheureusement, les risques et les opportunités que représente la « contrainte carbone » ne pèsent pas encore véritablement dans les décisions d'investissement. Ils ne sont pris en compte que pour 0,1% des actifs mondiaux investis mais on peut très bien imaginer d'utiliser les résultats du CDP pour favoriser les meilleures entreprises et encourager ainsi les bonnes pratiques.
Article publié le 12 octobre 2006