Si cette dégradation des sols est un problème identifié depuis longtemps par la communauté scientifique, la question émerge seulement depuis quelques années dans la société. Contrairement à l'eau et l'air, les sols ne font encore l'objet d'aucune législation ou mesure de préservation spécifique. Face à ces constats inquiétants, l'Union européenne a proposé en septembre dernier une stratégie de protection des sols européens comprenant un projet de Directive Cadre sur la Protection des Sols. Cette stratégie européenne a pour objectif de mettre en place un cadre d'action commun au niveau de l'UE, destiné à préserver, à protéger et à restaurer les sols, tout en laissant aux États membres une marge de manœuvre suffisante pour l'appliquer de la manière la mieux adaptée aux conditions locales.
En France, le projet de Directive Cadre a été confronté récemment aux différents résultats de recherches du programme GESSOL. Lancé en 1999, ce programme doit fournir des outils de gestion et des indicateurs d'évolution des sols en insistant sur leurs fonctions. 27 projets y sont déjà rattachés. Ils portent sur la qualité chimique des sols, la qualité de l'eau, l'effet des pratiques agricoles sur la biodiversité des sols ou encore sur le thème « recyclage des déchets et qualité des sols ». Ce programme apporte par exemple des données précises pour la gestion des sols sur les sites pollués, sur l'effet des polluants sur le potentiel microbien des sols ou encore pour la mise au point de méthodes utilisables en routine pour l'analyse de la taille, de la biodiversité et des activités microbiennes des sols.
À l'occasion d'un colloque de restitution des travaux liés au programme GESSOL, la communauté scientifique a estimé que le projet de Directive Cadre sur la Protection des Sols de l'UE reflète une prise de conscience des politiques d'une véritable problématique environnementale liée aux sols. De plus, selon eux, les outils d'aide à la décision développés dans le programme GESSOL répondent aux enjeux de cette future Directive Cadre. Néanmoins les chercheurs français ont insisté sur la nécessité d'un travail commun avec les décideurs, les acteurs et les gestionnaires des sols afin de préparer dès aujourd'hui la mise en application de la future Directive européenne. La communauté scientifique souhaite proposer le plus tôt possible des mesures adaptées et s'engager dans la sensibilisation de la population aux impacts des activités humaines sur la qualité des sols (pratiques agricoles et forestières, activités industrielles, développement touristique et urbain, épandages). Selon eux, des recherches en soutien aux politiques publiques sont donc nécessaires afin de garantir une utilisation durable des sols et de préserver leurs multifonctionnalités.