Le 22 avril, le Comité français de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a alerté sur la « situation préoccupante » pour la faune de l'île de Martinique, en Outre-mer. L'UICN a publié sa dernière Liste rouge (1) des espèces menacées en France, qui présente des résultats inédits de l'état de la faune martiniquaise. Ces analyses ont été établies avec l'Office français de la biodiversité (OFB) et le Muséum national d'Histoire naturelle (MNHN). Sur les 427 espèces indigènes évaluées, « près de 15 % apparaissent menacées », prévient l'UICN France.
Les analyses réalisées concernent en particulier les oiseaux, les mammifères, les reptiles, les amphibiens, les mollusques, les poissons et macro-crustacés d'eau douce, les libellules, les papillons de jour et une partie des coléoptères. Au total, 15 espèces ont déjà disparu, 62 sont menacées et 56 autres sont quasi menacées.
La destruction des habitats et leur fragmentation par l'urbanisation et les aménagements représentent « les premières menaces » pour les espèces animales de Martinique. Auxquels s'ajoutent le comblement des mares ou des marais et l'artificialisation des berges, la pollution lumineuse, les activités de pêche et l'introduction d'espèces exotiques envahissantes. Ainsi, le cachalot est classé « en danger », la tortue imbriquée est classée « vulnérable », car ils se retrouvent enchevêtrés dans les filets ou percutés par les navires. L'escargot, comme le pleurodonte déprimé, se révèle « en danger critique » à cause de la destruction des habitats forestiers. De même, l'insecticide chlordécone, utilisé autrefois dans les bananeraies, « a encore un impact sur la faune et affecte potentiellement de nombreuses espèces », a ajouté l'UICN, comme le martin-pêcheur à ventre roux, classé « en danger critique ».
Des programmes de conservation ont été lancés en Martinique et des aires protégées sur terre et en mer ont été mises en place sur ce territoire. L'UICN appelle à renforcer ces mesures pour « enrayer le déclin des espèces menacées, préserver les milieux naturels et maintenir entre eux des corridors écologiques. Cela est d'autant plus important qu'avec un taux d'endémisme de 13 %, de nombreuses espèces animales sont uniques et contribuent à la richesse biologique particulière de la Martinique », souligne l'UICN.