Le quotidien Le Parisien (1) révèle que le premier chargement d'huile de palme devrait être livré, vendredi 22 mars, à la bio-raffinerie Total de la Mède (Bouches-du-Rhône). 20.000 tonnes d'huile de palme, en provenance d'Indonésie, devraient être déchargées, selon Le Parisien, afin d'alimenter l'usine de production de biocarburants de Total. Le groupe pétrolier a annoncé le démarrage de sa bio-raffinerie pour la mi-2019.
Pour rappel, Total avait reçu, en mai 2018, le feu vert de la préfecture des Bouches-du-Rhône et du ministère pour exploiter son usine polémique. Total s'est engagé à limiter son approvisionnement en huile de palme brute à un volume inférieur à 50 % des volumes de matières premières qui seront traitées sur le site. Soit 300.000 tonnes par an.
La bio-raffinerie est autorisée à utiliser, au total, jusqu'à 450.000 tonnes d'huiles végétales brutes (palme, colza, soja …) par an. Total prévoit aussi d'alimenter sa bio-raffinerie avec 50.000 tonnes de colza français issues du groupe agricole Avril.
En juillet 2018, plusieurs ONG, dont Les Amis de la Terre et Greenpeace, ont attaqué l'autorisation préfectorale devant le tribunal administratif. "Le contentieux suit son cours", indique au Parisien – Aujourd'hui en France leur avocat Me Louis Cofflard. La bio-raffinerie de Total pourrait importer un plus gros volume d'huile de palme qu'annoncé, d'après les ONG, soit jusqu'à 550.000 tonnes par an. L'usine pourrait, selon elles, faire augmenter de plus de 60 % les importations d'huile de palme en France. Cette première cargaison d'huile de palme serait issue "de la province de Riau (Indonésie), l'une des zones les plus touchées par la déforestation", d'après Les Amis de la Terre.
L'huile de palme, de plus en plus controversée en France et en Europe
La France a adopté, en novembre 2018, sa stratégie contre la déforestation importée d'ici à 2030. Elle s'engage à plafonner l'incorporation des biocarburants "à fort impact sur la déforestation" dont l'huile de palme, selon les critères adoptés la semaine dernière par la Commission européenne. Or, Bruxelles "a officiellement reconnu que les agrocarburants à base d'huile de palme n'étaient pas durables", souligne Greenpeace.
En décembre 2018, l'Assemblée nationale a aussi voté la fin, à partir de 2020, de l'avantage fiscal permettant d'incorporer l'huile de palme dans les carburants, à cause de son impact sur la déforestation dans les pays du Sud.