Alors que le sort de la biodiversité « ordinaire » peine à émouvoir face aux espèces emblématiques, des scientifiques viennent d'apporter une nouvelle explication à la différence de traitement que nous accordons entre les espèces animales. Une équipe du Muséum d'histoire naturelle (MNHN) et de l'Isem (Université de Montpellier-CNRS-EPHE-IRD) vient de publier la première « carte affective » du monde vivant.
À travers un questionnaire proposé à 3 500 personnes, les chercheurs ont évalué la perception affective de nombreuses espèces et la manière dont notre empathie et notre compassion fluctuent d'une espèce à l'autre. Résultat : plus un organisme est évolutivement éloigné de l'Homme, moins nous nous reconnaissons en lui et moins nous nous émouvons de son sort. « Lorsqu'une espèce nous est évolutivement proche, nous partageons avec elles des caractéristiques, notamment physiques, progressivement acquises au cours de notre évolution commune. Ainsi pourrions-nous plus facilement reconnaître en elle un alter ego et adopter à son égard les mêmes comportements prosociaux que ceux nous permettant d'entretenir des relations harmonieuses avec nos semblables humains », expliquent les chercheurs.
Les résultats de cette étude questionnent sur l'influence exercée par nos biais sensoriels et émotionnels sur notre rapport au vivant en matière de préservation de la biodiversité, éthique alimentaire ou de bien-être animal.