« Le processus de défaunation qui se produit actuellement dans de nombreuses forêts tropicales pourrait réduire considérablement la diversité de communautés entières d'arbres dispersés par les animaux en limitant l'enlèvement des graines », concluent des chercheurs du Muséum national d'histoire naturelle (MNHN-CNRS) dans une étude scientifique (1) publiée dans le revue Ecological Applications.
Autrement dit, la chasse en forêt tropicale a des impacts non seulement sur les populations d'animaux qu'elle cible mais également sur les arbres eux-mêmes. « En effet, une majorité des espèces d'arbres repose sur les animaux qui consomment leurs fruits et dispersent leurs graines, et ainsi se régénère », expliquent les auteurs, qui ont étudié deux sites en Guyane française, l'un protégé (Nouragues), l'autre classé et partiellement exploité (Montagne de Kaw).
La diminution des populations animales va sans doute affaiblir la dynamique de régénération des espèces d'arbres à grosses graines dispersées par des primates ou des oiseaux, tels que le toucan. Cette disparition devrait se faire au profit de la minorité d'espèces dont les graines sont petites ou dispersées par le vent.
Un appauvrissement d'immenses superficies de forêts tropicales est donc à craindre. « Cet appauvrissement (…) mettra à son tour en péril les activités économiques ou de subsistance qui en dépendent, telles que l'exploitation du bois, des fruits ou des graines », avertissent les chercheurs. Ces effets ne sont toutefois pas immédiatement visibles en raison de la durée de vie des arbres touchés par ces évolutions.