La chasse du courlis cendré, de la barge à queue noire et de la tourterelle des bois est officiellement suspendue jusqu'au 30 juillet 2023. Le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a signé les trois arrêtés d'interdiction qui sont parus au Journal officiel du 30 juillet et du 18 août. Les trois projets de textes ont fait l'objet d'un avis défavorable du Conseil national de la chasse et de la faune sauvage, mais d'un avis majoritairement favorable du public à l'issue de la consultation organisée courant juillet.
Les deux premières espèces sont classées « quasi menacées » et la troisième « vulnérable » sur la liste rouge de l'UICN. Le courlis cendré et la barge à queue noire font chacun l'objet d'un plan d'action international dans le cadre de l'Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie (Aewa). Ces plans conditionnent la réouverture de la chasse du premier à la mise en place d'une gestion adaptative de l'espèce et interdit la chasse de la deuxième dans tous les pays. La chasse de ces trois espèces avait déjà été suspendue, depuis une ou plusieurs saisons, sous la pression des associations de protection de la nature qui avaient obtenu, devant le Conseil d'État, l'annulation de nombreux arrêtés d'autorisation.
« Emmanuel Macron s'était engagé, en 2017, à enlever les espèces en mauvais état de conservation de la liste des espèces chassables. Si l'on se base sur les listes rouges de l'UICN, ont été suspendues pour un an seulement trois espèces sur les vingt en liste rouge », réagit Yves Vérilhac, directeur général de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), à l'origine de la plupart des recours contre les arrêtés d'autorisation de chasse d'espèces en danger. La France est le pays européen qui autorise la chasse du plus grand nombre d'espèces d'oiseaux (29) dans un statut de conservation non sécurisé dans l'Union européenne, rappelle l'association de protection de la nature.
Se pose également la question du respect des arrêtés d'interdiction sur le terrain. Deux courlis cendrés équipés de balises GPS par les Allemands et un par les Belges ont été tués le jour de l'ouverture de la chasse sur le domaine public maritime en baies de Seine, de Somme et de Canche, rapporte M. Vérilhac. « Si trois courlis, espèce non chassable, sur les quinze équipés de balises se font tuer le jour de l'ouverture, ça en dit long sur la réalité du braconnage en France… », s'indigne le directeur de la LPO.