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Et si l'objectif de collecte des piles et accumulateurs portables fixé par la directive européenne 2006/66/CE pour 2012 est déjà atteint, la stagnation du taux de collecte national autour de 30 % depuis plusieurs années laisse présager des difficultés pour atteindre 45 % en 2016 si aucune mesure supplémentaire n'est prise, selon l'observatoire. La collecte des piles et accumulateurs n'échappe pas à la tendance générale française de stagnation de la collecte des déchets… Pourtant, aujourd'hui, plus de 50 % d'un accumulateur peut être extrait et réintroduit dans un nouveau produit.
La responsabilité des producteurs
En France, le décret 99-374 du 12 mai 1999 impose aux producteurs de piles et accumulateurs de collecter et traiter en fin de vie les produits qu'il commercialise. Chaque fabriquant peut organiser soit même la collecte ou adhérer à un éco organisme. Plusieurs organismes se sont ainsi créés ces dernières années pour satisfaire aux obligations réglementaires. Parmi eux Screlec, qui a pour mission de gérer les piles et accumulateurs portables, Corepile, créé par les principaux fabricants de piles, le collectif de recyclage, regroupant les fabricants d'appareils photographiques prêts à photographier… Certaines enseignes de la distribution ont également choisi de créer leur propre système de récupération. Leclerc, Intermarché, Darty, 1001 piles… ont ainsi leur propre organisme. Toutes ces entités sont soumises à un conventionnement des pouvoirs publics tous les deux ans.
Le Conseil économique et social, dans un rapport sur les enjeux de la gestion des déchets ménagers et assimilés en 2008, a pointé du doigt cette multiplication des éco organismes. Celle-ci ne serait pas forcément synonyme d'efficacité. Et de préconiser l'agrément d'un seul éco organisme par filière. La solution qui consiste à n'agréer qu'un seul organisme par filière devrait être privilégiée en fonction de l'expérience acquise (filière emballage, DEEE…), précisait le rapport.
La coresponsabilité
Les consommateurs sont naturellement concernés par la collecte des piles et accumulateurs. Principaux acteurs de la filière en tant qu'utilisateurs, ils doivent ramener l'ensemble des produits usagés dans un point de collecte.
Dans un sondage Ifop Batribox (nom du programme de collecte et récupération développé par l'éco organisme Screlec) réalisé en mai 2008, 85 % des personnes interrogées déclarent déposer les piles et batteries usagées dans un point de collecte (supermarché, déchetterie, mairie…). Pourtant, seulement 30 % des piles vendues seraient collectées chaque année…
10 % des sondés déclarent les jeter à la poubelle et 5 % les stocke à la maison. Selon une estimation de Screlec, il y aurait 2,5 kg de piles et accumulateurs stockés dans chaque foyer français ce qui correspond à 7 ou 8 années de consommation… Si l'usage d'une pile est estimé à 1 ou 2 mois, sont stockage est plus proche de deux années… 1 milliard de piles stockées seraient à collecter aujourd'hui.
De leur côté, les distributeurs ont l'obligation de proposer la reprise des piles et accumulateurs usagés ramenés par les consommateurs, de même type que ceux commercialisés. Mais 33 % des Français ignorent cette règle et de nombreux commerçants ne connaissent pas cette obligation. Enfin, lorsque la réglementation est appliquée, 67 % des personnes interrogées considèrent que les points de collectes ne sont pas suffisamment mis en évidence.
Enfin, les collectivités locales organisent souvent la collecte des piles au travers de déchetteries ou de bornes de collecte dans les lieux publics.
Toujours selon le sondage Ipsos Batribox, 59 % des personnes interrogées pensent que le supermarché représente le site le plus approprié à la collecte des piles et batteries usagées, 35 % préfèrent la déchetterie, 30 % le lieu de travail, 29 % la mairie.
Cibler les écoles et les entreprises
Pour améliorer ses résultats de collecte, Screlec, qui compte 10 000 points de collecte aujourd'hui, envisage de s'inspirer de l'exemple belge qui cible les plus jeunes en installant des points de collecte dans les écoles. En Belgique, près d'une pile ou batterie usagée sur quatre est collectée par le biais des écoles. Selon le sondage Ifop Batribox, si 6 % seulement des personnes interrogées jugent les établissements scolaires comme des lieux de collecte pratique, ce chiffre passe à 34 % chez les parents d'enfants âgés de moins de 15 ans… L'eco organisme a donc l'intention de mobiliser les 6 millions d'écoliers français dans la collecte des piles et accumulateurs usagés.
D'ailleurs pour la rentrée 2008, l'eco organisme a développé un Pack Ecole Batribox comprenant des bacs de collecte, des boîtes pour chaque élève, des outils pédagogiques et la prestation d'enlèvement et de traitement des piles et batteries collectées. Screlec équipe déjà une dizaine d'écoles par semaine.
Le lieu de travail qui arrive en troisième position des lieux de collecte pratique (30 % des personnes interrogées), apparaît également comme un terrain de collecte à exploiter. 56 % des professions libérales et cadres supérieurs interrogés pensent que l'entreprise est un lieu approprié à la collecte des piles.