« Il s'agit d'une étape historique vers la transformation de la façon dont nous considérons et apprécions la nature ». C'est ainsi que le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a salué l'adoption, le 10 mars, d'un nouveau cadre statistique par la commission des statistiques de l'organisation internationale.
Ce nouveau cadre, appelé « Système de comptabilité économique et environnementale – Comptabilité par écosystème », doit garantir que le capital naturel, tel que les forêts ou les zones humides, est reconnu dans les rapports économiques. Une avancée majeure par rapport à la mesure du produit intérieur brut (PIB) qui a dominé les rapports économiques pendant plusieurs décennies, selon le département des affaires économiques et sociales des Nations unies. « Par le passé, nous avons toujours mesuré nos progrès en fonction de la valeur marchande payée pour les biens et services que nous produisons et consommons », a expliqué Elliot Harris, économiste en chef des Nations unies. La nature était traitée « comme si elle était gratuite et illimitée », et dégradée sans même connaitre la valeur perdue, a ajouté le représentant de l'ONU.
La Commission européenne, qui a soutenu l'élaboration de ce référentiel, le qualifie également de « changement révolutionnaire ». « Nous devons recourir à des méthodes rigoureuses afin de contrôler les investissements, les impacts et les dépendances en rapport avec la nature. Le nouveau cadre constitue un pas important dans cette direction, car il pourrait réorienter fondamentalement la planification économique et politique vers le développement durable », explique Virginijus Sinkevičius, commissaire en charge de l'environnement.
Ce nouveau cadre devrait être pris en compte lors des deux prochaines grandes conférences internationales, sur la biodiversité (COP15 à Kunming en Chine) et le climat (COP26 à Glasgow en Écosse). Au niveau de l'Union européenne, la Commission va proposer la révision du règlement relatif aux comptes économiques européens de l'environnement pour y inclure un nouveau module sur la comptabilité du capital naturel compatible avec le nouveau cadre onusien.