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Actu-Environnement

Coupes rases : un propriétaire condamné pénalement dans le Morvan

MAJ le 02/03/2023

La plupart des coupes à blanc échappent à toute sanction bien qu'elles portent atteinte aux écosystèmes forestiers. L'auteur d'une telle coupe dans le parc naturel régional du Morvan a toutefois été condamné car elle avait eu lieu dans un site classé.

Biodiversité  |    |  L. Radisson
Coupes rases : un propriétaire condamné pénalement dans le Morvan
Droit de l'Environnement N°320
Cet article a été publié dans Droit de l'Environnement N°320
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« C'est une première », se félicite le parc naturel régional du Morvan. Par un jugement du 17 janvier 2023, le tribunal judiciaire de Nevers a condamné un propriétaire pour avoir effectué une coupe rase de plus de 16 000 mètres carrés sur une parcelle de forêt située dans la commune de Villapourçon (Nièvre).

Le prévenu, récidiviste, a écopé d'une peine d'amende de 12 000 euros, d'une obligation de remise en état du site dans un délai d'un an à compter du jugement définitif sous astreinte de 100 euros par jour de retard, ainsi que de l'obligation de diffuser la condamnation dans un journal local. Sur le plan civil, il a été condamné à indemniser l'association Autun Morvan Écologie à hauteur de 1 euro au titre de son préjudice moral et le parc naturel à 1 500 euros à titre de dommages et intérêts. Ce dernier avait fait valoir les impacts délétères des coupes rases sur l'environnement et le paysage « qui portent atteinte à son image, à ses objectifs et à ses missions conférées par le code de l'environnement ».

« Nous ne pouvons que nous réjouir de cette première condamnation », se félicite Autun Morvan Écologie, malgré la faiblesse de la réparation obtenue par l'association. Même satisfaction du côté du parc, qui indique batailler depuis une cinquantaine d'années, sans réel succès, pour limiter « ce type de sylviculture violente pour les paysages et les écosystèmes ». Et de préciser : « On estime que près de 50 % de la forêt naturelle feuillue a aujourd'hui disparu, laissant place à des plantations de résineux non naturels (…) introduits dans le Morvan pour produire du bois. »

Coupe sans autorisation dans un site classé

Il faut dire que la plupart des coupes rases ne sont pas illégales. « Le seul outil juridique pour interdire les coupes à blanc est le classement au titre de la loi de 1930 pour la protection des sites et paysages », explique le parc. Le code de l'environnement impose une autorisation spéciale (1) pour modifier l'état d'un site classé et punit (2) d'une peine maximale de deux ans de prison et de 375 000 euros d'amende le fait de procéder à cette modification sans l'autorisation requise. En l'espèce, le prévenu avait réalisé une coupe rase sans autorisation dans le site classé du mont Préneley (Nièvre). Il avait été verbalisé par l'Office français de la biodiversité (OFB) et le parc s'était, pour la première fois, constitué partie civile.

Mais, de façon générale, les dirigeants du parc se sentent démunis. « Ce que nous dit l'Administration, c'est qu'elle n'a aucun moyen de refuser une coupe rase dès lors que c'est replanté derrière. Et qu'aujourd'hui, on ne peut pas interdire ces coupes pour motif environnemental. Ce que nous contestons », explique Sylvain Mathieu, président du parc. Pour l'heure, le syndicat mixte gestionnaire du parc mise sur la portée pédagogique de la décision. Mais le message ne semble pas être bien passé auprès du prévenu, qui a d'ores et déjà fait appel du jugement.

1. Consulter l'article L. 341-10 du code de l'environnement
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000033036041
2. Consulter l'article L. 341-19 du code de l'environnement
https://www.legifrance.gouv.fr/codes/article_lc/LEGIARTI000043979071

Réactions11 réactions à cet article

Pitié quand même pour les propriétaires privés, souvent de
très petites parcelles forestières, accablés de mesures
législatives et règlementaires de plus en plus complexes et tatillonnes, pour lesquelles, rien qu'au volume de papier
nécessaire à la préparation de ces textes multiples, à tous les échelons du mille feuille administratif à la française, auquel s'ajoutent désormais les Parcs naturels régionaux,
une immense forêt ne suffirait pas à fournir le bois nécessaire à la simple production des textes sur papier
correspondants...Sans compter les susceptibilités d'administrations aux objectifs divergents: Forêt et bois
pour l'Agriculture, d'un côté, et Environnement et DREAL,
d'un autre côté, et les chasseurs de tous poils pris entre
les deux, ayant parfois du mal à distinguer les simples
promeneurs et le gros gibier foisonnant jusqu'aux lisières
des villes, moyennes ou grandes... La simplification administrative ne semble pas pour aujourd'hui, ni à fortiori
pour demain...


Gilles Dargnies, dit Cavalier Seul
Courriel pour toute correspondance: gilles.dargnies@gmail.com
ou cavalier.seul@clubdes12.fr

Cavalier Seul | 02 mars 2023 à 12h03 Signaler un contenu inapproprié

Le souci est d'autoriser et d'interdire en même temps. S'il s'agit d'une parcelle cultivable en bois, soit l'Etat la rachète, soit il indemnise.
L'autorisation n'avait pas été demandée, la surface fait le double de notre jardin...
Effectivement j'ai vu les documents de la PAC pour notre voisin, qui a d'ailleurs tout mis en jachère pour être tranquille. Seule une grosse explication avec un employé administratif pourra gérer, sinon c'est des journées pour faire les documents, puis pour répondre aux contrôles, etc...
De même pour l'alimentaire... En échange de quoi, en théorie, la qualité de production française est au top. Mais elle est rendue plus chère, et donc, en économie ouverte, elle ne se vend pas!
Aux députés de réfléchir un peu, on ne peut avoir des prix bas pour le "peuple" et en même temps offrir la grande qualité française, sauf chez Chanel ou Dior.

28plouki | 02 mars 2023 à 13h02 Signaler un contenu inapproprié

Bonjour Monsieur Radisson, Il y a sanction parce que la coupe a été faite sans autorisation, pas parce qu'elle est rase et que c'est une récidive pour le propriétaire. Une coupe de régénération était tout aussi sanctionnable, votre amalgame est pour le moins discutable.
Vous êtes en train de prendre parti dans une lutte de pouvoir entre le PNR (qui n'est pas gestionnaire de site) et l'administration, le PNR du Morvan faisant le forcing pour se substituer à la DDT pour autoriser ou interdire les coupes à sa discrétion sans aucune référence à des lois.
Quant à la première affirmation de votre titre, je vous saurai gré de bien vouloir nous transmettre les références des publications scientifiques qui permettent de l'étayer. Bien cordialement

abeilles | 02 mars 2023 à 15h11 Signaler un contenu inapproprié

@ abeilles : je me trompe ou bien votre réaction fleure à plein nez la tentative d'intimidation de journaliste spécialisé en environnement faisant son boulot ?
Nous ne sommes pas au Brésil de Bolsonaro.

Pégase | 02 mars 2023 à 15h54 Signaler un contenu inapproprié

Merci abeille pour cette mise au point!
Le cheval ailé conteste systématiquement toute tentative de rétablissement de la réalité a partir du moment ou il est question de punir un acteur rural.
On a eu le même problème avec le curage de fossés séculaire dans notre prairie. Un an et demi de lutte contre une ONG qui a porté plainte et qui a finalement perdu. Mais que d’énergie perdue pour des agriculteurs qui travaillent + de 72h par semaines pour faire valoir leurs droits.
Les ONG se porte partie civile pour obtenir une manne nourricière.

Rappelez vous c'était en 2015 : Un collectif anonyme détruit clandestinement cinq hectares de forêt dans le Morvan.
Les écolos dénigrent les plantations de douglas mais 80% des maisons ossature bois qu'ils achètent sont en douglas, idem pour la mienne.
Pour les écolos évangélistes sauveurs de la planète, "du douglas oui mais pas chez nous"! Vite sacrifions la production Française et importons comme nous le faisons pour la quasi totalité de nos besoins!

ouragan | 02 mars 2023 à 20h01 Signaler un contenu inapproprié

Est-ce qu'on sait au moins pour quelles raisons ce propriétaire a coupé cet endroit, et ce qu'il comptait y faire à la place?

nimb | 03 mars 2023 à 09h02 Signaler un contenu inapproprié

bonjour Pégase, Ce qui manque dans l'écrit c'est le ton. J'aurai aimé avoir des éléments face aux affirmations.Je lis actu environnement tous les matins depuis presque 10 ans. La force d'Actu au delà des articles, ce sont tous les liens qui les émaillent vers les textes réglementaires, les décisions de justice , des articles antérieurs sur le même sujet qui apportent un autre éclairage et justifient les affirmations. Il n'y en a pas dans cet article et je trouve que ça manque, car je ne suis pas une spécialiste du sujet.
Une des valeurs importantes de la France c'est l'Etat de droit. Un PNR n'est pas un parc national, ni un représentant de l'état en région, ni l'architecte des bâtiments de France, bref il n'a pas des statuts qui lui confèrent le droit d'interdire ou d'autoriser quoi que ce soit à ces voisins. Il n'est pas plus habilité à interdire une coupe que moi à interdire à mon voisin de peindre ses volets en rouge, même si je n'aime pas le rouge. Si l'on file la métaphore Bolsonaro, la population autochtone en l’occurrence c'est le propriétaire et seul un représentant de l'état peut limiter son droit de propriété, cela me parait sain.

abeilles | 03 mars 2023 à 09h26 Signaler un contenu inapproprié

l'agriculteur-propriétaire défend son indépendance, il fait ce qu'il veut chez lui... Le fusil est derrière la porte. Enfin, c'était encore ainsi il y a peu.
Il travaille du matin tôt au soir tard, tous les jours. enfin, il y a encore quelques années.
J'ai découvert ce monde en 1989, en achetant notre petit Disneyland (vieille ferme) pour distraire nos jeunes parisiens. J'ignorais alors l'histoire des traitements.
C'est l'ancêtre de la famille qui, marchant avec sa canne, allait tâter goûter le grain pour donner le signal de la moisson. C'était notre voisine, je découvrais ce monde, et elle découvrait un "parisien".
L'endroit est près du lieu ou Zola a situé son livre "La Terre".
Bien que proche de Paris, il y avait des anciens difficile à comprendre, avec une langue proche du ... canadien.
Le job de l'agriculteur est de produire de la nourriture, accessoirement du bois, il devrait être plus aidé ou guidé selon les cas par l'Administration, modernité est rendement ne sont pas le seul discours à tenir, d'où les actions des écologistes.
Un consensus serait bienvenu rapidement.

28plouki | 03 mars 2023 à 10h12 Signaler un contenu inapproprié

@abeilles
J'ai ajouté les liens qui manquaient effectivement dans l'article, et en particulier la vidéo "Une sylviculture moins brutale pour favoriser la biodiversité".

Laurent Radisson Laurent Radisson
03 mars 2023 à 10h48
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Merci Monsieur Radisson. Puis je aussi vous demander le lien vers la décision de sanction ou une explication sur son contenu? En effet au delà du fait que la coupe est illégale parce que l'autorisation n'a pas été demandée, est elle abusive? C'est à dire s'il avait demandé l'autorisation l'aurait il eu ou pas? Seul celui qui est chargé de donner l'autorisation peut le dire, et ça figure peut être dans la décision de justice. Bien cordialement

abeilles | 03 mars 2023 à 14h02 Signaler un contenu inapproprié

@abeilles
Le jugement a été notifié aux parties mais il n'est pas encore disponible.

Laurent Radisson Laurent Radisson
04 mars 2023 à 18h23
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