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Décarbonisation des poids-lourds en Europe : un rapport évalue les bénéfices d'ici 2050

Un règlement propose de réduire d'au moins 30% les émissions CO2 des poids-lourds d'ici à 2030 dans l'UE. Un rapport, publié par la Fondation européenne pour le climat, évalue les bénéfices d'une transition vers des camions zéro émission en 2030 et 2050.

Transport  |    |  R. Boughriet

C'est la première fois que les émissions de dioxyde de carbone (CO2) des poids-lourds vont être encadrées dans l'Union européenne, via un nouveau règlement européen (1) , présenté en mai 2018 par la Commission européenne. Les émissions de CO2 moyennes des nouveaux camions immatriculés dans l'Union devront être inférieures de 15% en 2025, par rapport à celles de 2019, et d'au moins 30% en 2030, selon ce règlement. "Faute de prendre de nouvelles mesures, la part des émissions des véhicules lourds devrait augmenter d'environ 9% entre 2010 et 2030", avait prévenu la Commission. Un rapport (2) , publié ce jeudi 6 septembre par la Fondation européenne pour le climat, évalue les avantages environnementaux et économiques potentiels, à moyen terme (jusqu'en 2030) et à long terme (jusqu'en 2050) de la décarbonisation des poids-lourds en Europe. Ce rapport a été réalisé par le cabinet de conseil Cambridge Econometrics. Un consortium (3) de parties prenantes du secteur de l'énergie, du secteur du transport routier et de la société civile a contribué à sa rédaction.

Réduire les importations de pétrole

Le secteur du transport routier de marchandises émet actuellement 22% des émissions du transport routier en Europe. Les émissions de ces véhicules pourraient "augmenter de 14% d'ici 2040 par rapport à 2015, à moins que des normes en matière d'efficacité énergétique ne soient mises en place après 2021", indiquent les rapporteurs. Le règlement, proposé par la Commission, incite les industriels à doter leurs véhicules de technologies de réductions des émissions et plus économes en carburant, sous peine de pénalités financières (4) si les émissions sont excédentaires. Ce règlement est actuellement discuté par les institutions européennes tandis que l'Etat français s'apprête aussi à présenter son projet de loi sur les mobilités. "Il est essentiel que les législateurs nationaux et européens acceptent de soutenir des politiques de long terme afin d'encourager une transition vers des technologies zéro émission, ce qui suppose notamment de « dérisquer » les investissements des transporteurs dans ces nouvelles technologies", estime le rapport.

Les scénarios de l'étude se basent sur des véhicules ne produisant aucune émission. Ainsi, éliminer progressivement les émissions du transport routier permettrait de réduire en Europe les importations d'un milliard de barils équivalent pétrole d'ici à 2030, et d'environ 11 milliards de barils équivalent pétrole cumulés, d'ici à 2050. "L'utilisation réduite du pétrole et des produits pétroliers diminuera la dépendance à l'égard des importations d'énergie et entraînera d'importantes réductions des émissions de carbone".

La croissance économique de l'UE en sera également "stimulée": "Il y a des gains nets en valeur ajoutée et en emploi qui augmentent à mesure que les importations de pétrole diminuent". Dans tous les scénarios prenant en compte les technologies de véhicules à émission zéro (VEZ), le produit intérieur brut (PIB) augmentera de 0,07% en 2030 "par rapport au scénario  de référence «Business as Usual»" et de 0,24 % en 2050. D'ici 2030, le passage à des camions à faible émission permettrait aussi de créer plus de 120.000 emplois nets en Europe. Le nombre d'emplois en 2050 n'a pas été évalué dans l'étude.

Miser sur les systèmes de propulsion électrique et à hydrogène

L'introduction "progressive" de systèmes de propulsion électrique et à hydrogène "réduira davantage les coûts d'importation d'énergie", ajoute le rapport. "Les améliorations attendues concernant l'efficacité des moteurs diesel devraient entraîner des réductions des émissions de CO2 dans les cinq à dix prochaines années, représentant une baisse de 30% de ces émissions par kilomètre parcouru d'ici la fin de la décennie 2020", estime l'étude. Après 2030, "seuls les véhicules électriques ou à pile à combustible réduiront encore davantage les émissions de façon significative".

L'an dernier et au cours de l'année 2018, un certain nombre de constructeurs ont déjà dévoilé des prototypes de systèmes de propulsion électrique et à hydrogène pour les poids lourds. Ces technologies, améliorant le rendement énergétique, augmenteront toutefois les dépenses d'investissement initiales pour les transporteurs. La mise en place d'une infrastructure de recharge rapide des véhicules électriques et de stations de ravitaillement en hydrogène nécessitera des investissements atteignant plusieurs dizaines de milliards d'euros de 2030 à 2050. Le besoin total de financement dans les nouvelles infrastructures énergétiques est estimé, dans le rapport, de 80 à 140 milliards d'ici 2050. Néanmoins, ces surcoûts devraient "rapidement" être "compensés" par des dépenses "moindres" en fonctionnement (carburants, entretien, etc), "réduisant ainsi le coût général des services de transport routier", ajoute l'étude.

Selon la Commission européenne, la réduction des émissions de CO2 de 30% des camions en 2030 devrait entraîner des baisses de consommation qui permettront aux transporteurs d'économiser 25.000 euros sur cinq ans, pour un surcoût de 1.800 euros à l'achat des camions.

1. Télécharger la proposition de règlement européen établissant des normes de performance en matière d'émission de CO<sub>2</sub> pour les nouveaux véhicules lourds (français)
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-31952-reglement.pdf
2. Télécharger le rapport : Le transport routier pour un avenir plus vert (anglais)
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-31952-rapport.pdf
3. Volvo, Tesla, Siemens, Geodis, DB Schenker, Michelin, Smart Freight Centre et la Fédération européenne pour le transport et l'environnement (T&E).4. Tout écart entre les émissions moyennes théoriques et celles constatées parmi les nouveaux véhicules lourds mis en circulation se traduira par une pénalité financière équivalant à 570 euros par gramme excédentaire de CO2 émis en un kilomètre parcouru avec une charge utile de 12 tonnes.

Réactions5 réactions à cet article

C'est très bien de mettre en place une stratégie de réduction des émissions de CO2 des poids lourds. Il était plus que temps.
Mais ça ne résout rien de l'impact du transport routier sur la biodiversité sauvage : collisions mortelles ou gravement invalidantes (conduisant à brève échéance à la mort de l'animal blessé), fractionnement/réduction voire disparition des domaines vitaux d'individus et des habitats d'espèces par prédation toujours croissante des espaces, pollution des milieux par les effluents de lessivage des chaussées, perturbations liées aux nuisances sonores du trafic routier, etc.
Et à se focaliser sur le seul CO2, ne risque-t-on pas de continuer à négliger ou sous-estimer les autres polluants gazeux émis ?

Pégase | 11 septembre 2018 à 09h10 Signaler un contenu inapproprié

Disons qu'au moins si les PL sont électrifiés (ou roulent au GNV), ils ne devraient plus rouler en diesel sans urée (le fameux AdBlue)...donc cela limitera forcément les émissions d'autres polluants.

Nicolas | 11 septembre 2018 à 16h47 Signaler un contenu inapproprié

Il ne faut pas non plus ignorer la physique: LE facteur limitant à toutes ces bonnes intentions est la quantité nécessaire d'énergie pour déplacer le fret (40 tonnes maxi aujourd'hui, ça fait des gros camions mais ça consomme nettement moins d'énergie que 40 fois une tonne dans une petite camionnette).
Je rejoins à 100% le commentaire sur les autres polluants, et je l'élargirais à la problématique générale des ressources: l'électrification du parc français de véhicules de tourisme mobiliserait la totalité du gisement mondial de lithium et de celui du cobalt connus aujourd'hui...
Quand donc allons-nous introduire une petite part de science - et donc de réalité - dans les questions environnementales ? Cela permettrait de sortir un tout petit peu des postures (cf. le mélodrame Hulot)...

Albatros | 17 septembre 2018 à 11h10 Signaler un contenu inapproprié

"l'électrification du parc français de véhicules de tourisme mobiliserait la totalité du gisement mondial de lithium et de celui du cobalt connus aujourd'hui.."

2 choses :

1. à l'heure actuelle c'est un non débat car l'électrification représente 1% (en France, moins dans le monde) des véhicules légers particuliers. Je n'ai pas le chiffre pour les véhicules légers pros, ni les poids lourds mais certainement moins de 1%. Avant de se faire peur avec des pénuries... cela me fait terriblement penser au débat sur l'immigration qui ignore totalement et souvent à dessein la réalité des chiffres. Bref, actuellement le lithium manque ... parcequ'on ne le cherche pas. C'est un peu plus exact pour le Cobalt, sous tension du fait de l'utilisation dans l'électronique en général.

2. Le cobalt est de moins en moins utilisé pour les batteries. La dernière génération (ex : Tesla/Panasonic) utilise 10% de moins, via une techno Nickel/Cobalt/Aluminium. Et ce n'est qu'un début. Son taux a déjà baissé de 60% (pour ce qui est des Tesla/Panasonic). Combien consommait les moteurs thermiques en 1970 ? Idem pour les processeurs ? etc.

Votre phrase doit donc être :

"l'électrification du parc français de véhicules de tourisme [avec la technologie majoritaire en 2018) mobiliserait la totalité du gisement mondial de lithium et de celui du cobalt connus [et exploités] aujourd'hui...[et si les lacunes en terme de recyclage se poursuivent]"

Nicolas | 17 septembre 2018 à 12h37 Signaler un contenu inapproprié

C'est exact. Merci Nicolas pour la précision.
Pas d'accord avec l'amalgame sur l'immigration que je ne comprends pas.
En 1970, les véhicules performants était aussi efficaces que les actuels (et très populaires) SUV...

Albatros | 17 septembre 2018 à 13h08 Signaler un contenu inapproprié

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