Au cours des dernières décennies, l'abondance et la diversité des pollinisateurs sauvages ont connu un déclin, principalement du fait de l'agriculture intensive et de l'utilisation de pesticides. La Commission européenne a récemment établi un cadre de mesures reposant, pour l'essentiel, sur son initiative de 2018 en faveur des pollinisateurs, et sur sa stratégie en matière de biodiversité à l'horizon 2020. Mais les actions entreprises seraient loin d'être suffisantes.
La PAC contribue au problème et non à sa résolution
Selon un rapport de la Cour des comptes européenne, les mesures engagées par la Commission européenne pour protéger les pollinisateurs sauvages n'ont « pas été suffisamment ambitieuses pour porter leurs fruits ». Les auteurs observent notamment que les grandes politiques n'ont pas été substantiellement modifiées pour protéger les pollinisateurs.« La Commission n'a pas fait usage des possibilités en matière de mesures de conservation de la biodiversité offertes par les programmes, pas même dans le cadre de la directive "Habitats", de Natura 2000, et du programme LIFE », explique la Cour des comptes européenne. Quant à la Politique agricole commune (PAC), les auditeurs estiment qu'elle contribue au problème et non à sa résolution. Les obligations en matière de verdissement et de conditionnalité intégrées dans la PAC n'ont pas eu pour effet d'enrayer le déclin de la biodiversité des terres agricoles.
« Impuissance organisée »
« Ce rapport retrace aussi l'accablante responsabilité de la Commission dans cette impuissance organisée, a réagi Michèle Rivasi, eurodéputée EELV. Ce rapport met la Commission au pied du mur : nous devons atteindre les objectifs de diviser par deux l'emploi des pesticides d'ici 2025, d'en sortir d'ici 2030, et de faire de ces objectifs des conditions à l'accès à la PAC. »
Étant donné l'importance prépondérante que le « Pacte vert » représentera pour l'UE dans les décennies à venir, les auditeurs de la Cour des comptes recommandent à la Commission d'établir des mesures spécifiques en faveur des pollinisateurs sauvages, en lien avec la préservation de la biodiversité et de l'agriculture, et d'améliorer leur protection dans le processus d'évaluation des risques liés aux pesticides.