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Démocratie environnementale : les associations restent vigilantes malgré le mea culpa de Gabriel Attal

Huit organisations environnementales ont été reçues par le Premier ministre, Gabriel Attal, à Matignon. L'occasion pour tous d'engager à nouveau le dialogue, en dépit d'avancées écologiques encore insatisfaites.

Gouvernance  |    |  F. Gouty
Démocratie environnementale : les associations restent vigilantes malgré le mea culpa de Gabriel Attal

Laissées de côté depuis le début de l'année et plus particulièrement depuis le début de la crise politique avec le secteur agricole, huit associations environnementales ont été reçues à l'hôtel de Matignon, dans la soirée du jeudi 14 mars. Une première discussion, entre concessions et promesses en guise de mea culpa, avant d'engager des rendez-vous similaires, a priori, tous les deux mois.

Crever l'abcès

Le Premier ministre, Gabriel Attal, s'est entretenu avec les représentants de la Ligue de protection des oiseaux (LPO), des Amis de la Terre, de la Fondation pour la nature et l'homme (FNH), de l'ONG Humanité et Biodiversité, des branches françaises du Fonds mondial pour la vie sauvage (WWF) et de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UCIN), ainsi que des réseaux France Nature Environnement (FNE) et Réseau Action Climat (RAC). Seules des organisations membres du Conseil national pour la transition écologique (CNTE) ou du Conseil économique, social et environnemental (Cese) ont été admises (conviée, la fondation Surfrider n'a pas été représentée).

En premier lieu, nous confie Antoine Gatet, président de FNE, « le Premier ministre a reconnu le fait que cette rencontre arrivait trop tard et qu'elle aurait dû intervenir avant et pendant la crise agricole ». Gabriel Attal a également « réfuté l'emploi du terme "écoterrorisme" et entendu le besoin d'un soutien réaffirmé à l'action associative ». Celui-ci, lui a précisé le chef du Gouvernement, doit advenir sous la forme d'une nouvelle « reconnaissance de l'engagement associatif au service de l'intérêt général » dans le cadre des nouvelles missions confiées à Prisca Thevenot, porte-parole et ministre déléguée chargée du Renouveau démocratique.

La planification écologique se fait attendre

“ Il faut des signaux clairs qui témoignent de la volonté politique de maintenir le cap de la planification écologique ” WWF France
La réponse du locataire de Matignon à la « colère collective » des associations environnementales, exprimée face aux nombreux reculs en matière de politique environnementale ces derniers mois, reste maigrichonne. S'agissant des dernières coupes budgétaires de l'État qui ont notamment touchées le dispositif MaPrimeRénov' et le Fonds vert, Gabriel Attal s'est contenté d'invoquer la dégradation de la situation financière et de rappeler que, malgré ces révisions à la baisse, l'enveloppe globale consacrée à l'écologie demeurait en hausse en 2024 (d'environ 8 milliards au lieu des 10 milliards supplémentaires promis dans la loi de finances). Pour Morgane Créac'h, directrice générale du RAC, « cette réponse n'est pas valable face aux enjeux actuels » et « ne dit rien des autres éventuelles coupes budgétaires à venir ». Le lancement d'un « chantier de suppression des subventions dommageables à l'environnement » a néanmoins « enfin » été promis, nous signale Antoine Gatet, de FNE, dont les résultats sont attendus cet été.

Le Premier ministre a tout de même tenu à rassurer ses interlocuteurs qu'il ne reviendrait pas sur la mise en œuvre des plans Eau, Protéines, Forêts et Haies, ou encore de la nouvelle Stratégie nationale pour la biodiversité (SNB). « Nous attendons des actes, ce que nous demandons depuis toujours, lui répond le WWF France. Il faut des signaux clairs qui témoignent de la volonté politique de maintenir le cap de la planification écologique. » Le Gouvernement doit encore approuver les trajectoires d'atténuation et d'adaptation au réchauffement climatique, posées par le Secrétariat général à la planification écologique (SGPE). Quant aux prochaines Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) et Stratégie nationale bas carbone (SNBC), une source proche du dossier à Matignon affirme que la Commission nationale du débat public (CNDP) sera saisie « très rapidement » pour ouvrir une « grande consultation commune ».

L'OFB et l'Anses, en dehors du viseur

Du reste, le Premier ministre en a profité pour acter plusieurs arbitrages. Au cœur des revendications du secteur agricole lors des récentes mobilisations, le nouveau plan de réduction des pesticides, Écophyto 2030, devrait être présenté « à la fin du mois ». Cependant, sa version finale doit encore passer au crible de « dernières discussions avec les syndicats agricoles ». À cet égard, Gabriel Attal a confirmé que l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) conservera son pouvoir décisionnaire sur les autorisations de mise sur le marché, malgré la tentation du président Emmanuel Macron et du ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, d'en faire autrement.

Le désarmement redouté, aux sens propre et figuré, des forces de l'Office français de la biodiversité (OFB) n'aura pas lieu. Le chef du Gouvernement l'a promis avec l'adoption d'une nouvelle convention trouvée entre le conseil d'administration des chambres d'agriculture et l'OFB. Cet accord entraînera néanmoins une « évolution dans les modalités de contrôle », moins contraignantes pour les agriculteurs. Pour finir, Gabriel Attal s'est engagé à soutenir la proposition de loi du député Renaissance, Damien Adam, pour le verdissement des flottes automobiles des entreprises.

Réactions11 réactions à cet article

"Démocratie environnementale" ce titre ne vous semble provocateur?

jmf | 18 mars 2024 à 12h15 Signaler un contenu inapproprié

ONG = Organisations Non Gouvernementales
Elles ne sont pas censées gouverner et encore moins se prétendre les seules représentantes des intérêts de "la planète", de "la nature" et encore moins des "générations futures", ces trois entités ne les ayant pas plébiscitées, que je sache.
Non mais quelle prétention que de ruiner l'économie et prétendre se soucier des générations futures ! Quelle escroquerie !
Elle ne devraient surtout pas être financées avec de l'argent public, par définition, mais uniquement avec les sous de leurs adhérents.
Merci et bonne journée !

Albatros | 18 mars 2024 à 15h27 Signaler un contenu inapproprié

Au-delà des conséquences écologiques catastrophiques des récents "arbitrages" agricoles rendus fébrilement par l'exécutif, le soc de la charrue FNSEA sous la gorge, combien va coûter au contribuable le "quoi qu'il en coûte", si cher à M. MACRON, de ces décisions aussi brouillonnes qu'irréalistes (ben oui, il y a quand même quelques règles dans les finances publiques...) ? On le constate déjà avec les considérables dégâts occasionnés par les manifs d'agriculteurs, poussés au crime par l'agrobusiness et son faux-nez FNSEA : les collectivités locales, qui en font largement les frais, risquent fort de devoir payer la note (8 millions d'€ minimum à ce jour) pour l'amateurisme de la macronie, premier ministre et son patron en tête. Sans compter les coûts induits par les retards ou les impossibilités d'aller bosser de centaines de milliers de salariés pesant sur les comptabilités de leurs employeurs et les coûts environnementaux des déchets agricoles bien opportunément brûlés (bâches, pneus et ficelles agricoles usagés) ou déversés (et zou, sur les 4 voies, les plaques d'amiante !) durant ces manifs brutales et illégales.

Ce que coûtent les ONG au contribuable est, en comparaison, du pipi de chat ! En revanche, les consulter de façon constructive rapporte à la collectivité, ne serait-ce qu'en évitant des décisions publiques contraire au code de l'environnement qui seront condamnées en justice et en opérant ainsi des choix porteurs de bénéfices collectifs.

Pégase | 20 mars 2024 à 14h24 Signaler un contenu inapproprié

Pégase, êtes vous certain que les manifestants étaient tous à la FNSEA?

jmf | 20 mars 2024 à 15h28 Signaler un contenu inapproprié

La Conf' a les faveurs de notre cheval ailé mais je connais au moins trois sujets pour lesquels, sans le dire, elle est rigoureusement en phase avec la FNSEA : 1. La législation ICPE sur les élevages. 2. La législation sur les rejets dans l'eau. 3. La réduction des contraintes administratives. Un quatrième sujet porte de fortes convergences, le bio (mais c'est une arnaque).
Mais chut, pas de vague : FNSEA = méchants, La Conf' = gentils.
Salutation à tous.
Conseil de lecture : "Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas" de Bastiat (économiste toujours pertinent).

Albatros | 20 mars 2024 à 16h17 Signaler un contenu inapproprié

Seuls la FNSEA et les JA (pouponnière de la première) ont eu l'oreille de l'exécutif, la Coordination rurale quelques miettes ; quant à la Conf', elle a eu "droit" aux descentes de la Gendarmerie au petit matin pour mettre en garde à vue certains de ses représentants.
Je suis fort aise qu'Albatros souligne que la Conf' a mes faveurs : au moins reconnait-il explicitement, pour une fois, que mon positionnement sur les questions agricoles n'est en rien conforme à l'usuel raisonnement simpliste et manipulateur "pour ou contre l'agriculture" : l'agriculture est plurielle (enfin, elle l'est encore un peu mais, face au rouleau compresseur FNSEA / agrobusiness, pour combien de temps encore ?) et ma préférence va effectivement à toute organisation qui défend dans les faits - et non en façade - un modèle paysan au plus près du respect des hommes, des écosystèmes et de la biodiversité.

Par ailleurs, j'aimerais beaucoup savoir en quoi la bio serait une arnaque : face à cette affirmation péremptoire maintes fois répétée, nous fournir de vrais arguments ne serait pas superflu.

Pégase | 20 mars 2024 à 18h28 Signaler un contenu inapproprié

Pégase devrait se documenter sur la FNSEA, un syndicat de patrons (eh oui les agriculteurs sont des patrons qui ne s'amusent pas à flinguer leur patrimoine). L'agriculture est diverse, c'est un fait : FDSEA de la Drôme n'a rien à voir avec FDSEA de l'Eure-et-Loir, etc.
Le bio est une arnaque : oui, quand le premier argument est le dénigrement de tous les autres modes de production ; oui, quand on observe le fonctionnement sectaire d'instances comme le Synabio ; oui, quand un "institut technique" l'ITAB prétend couvrir toutes les techniques agronomiques et zootechniques ; etc.

Albatros | 21 mars 2024 à 14h58 Signaler un contenu inapproprié

Le "modèle" FNSEA, qu'il soit décliné par la FDSEA Drôme, Eure-et-Loir, Haut-Rhin, Lot, etc. est partout basé sur les mêmes fondamentaux : mettre la main sur les chambres d'agriculture, soumettre les producteurs agricoles non élus au contrôle total de l'agrobusiness (les "coopératives" agricoles, les industries de l'agroalimentaire et certains banques "agricoles" savent très bien faire ça), exercer une pression permanente et croissante sur les élus locaux et les services de l’État (on le voit avec la "crise" agricole magistralement récupérée par la FNSEA) et l'UE, dénigrer, agresser et criminaliser tout ce qui peut s'apparenter à une quelconque remise en cause de ce modèle dominateur - qu'il s'agisse des autres syndicats agricoles (la FDSEA du Morbihan n'a-t-elle pas demandé au préfet de couper les subventions à la Conf' 56 ?!) et des associations environnementalistes, intimider les riverains des grandes exploitations polluantes afin qu'ils la bouclent et filent doux, intriguer au sein des instances politiques décisionnelles, etc. Face à ces méthodes mafieuses de la FNSEA et de ses FDSEA de France et de Navarre, les bios ne sont guère que des perdreaux de l'année et les dindons de la farce !
Là où il y arnaque en AB, c'est quand des producteurs conventionnels nullement portés sur les valeurs de la bio s'y sont convertis par pur opportunisme financier, système qu'ils ont quitté sans remord dès les premiers signes d'infléchissement de sa courbe de croissance.

Pégase | 26 mars 2024 à 09h53 Signaler un contenu inapproprié

Avez-vous réellement rencontré des agriculteurs, tous des petits patrons (exploitants agricoles) ?
Que des syndicats s'écharpent entre eux est relativement fréquent car, contrairement aux syndicalisme ouvrier entièrement aligné sur un marxisme politique collectiviste et non-représentatif des salariés français et financé par l'Etat, la FNSEA est une fédération de syndicats agricoles sans agenda politique.
PS : je ne suis pas payé par la FNSEA, je suis un simple observateur.

Albatros | 26 mars 2024 à 10h26 Signaler un contenu inapproprié

Oh que oui, j'ai déjà rencontré des exploitants agricoles (qui ne sont pas tous des petits patrons, loin s'en faut), régulièrement travaillé avec et même, tenez vous bien, discuté entre 4 yeux avec des représentants de FDSEA (dont le positionnement est souvent bien différent en privé que lorsqu'ils haranguent les troupes depuis une tribune...) ! Non seulement j'en suis sorti vivant (navré pour certains...) mais j'en ai aussi profité pour acquérir de solides convictions sur ce qu'est le fonctionnement socio-politique du milieu agricole, aussi bien en élevage qu'en grandes cultures.
Sinon, ça ne vous gène pas de proférer ici une énormité comme "la FNSEA est une fédération de syndicats agricoles sans agenda politique" (je parle des trois derniers mots) ?!

Pégase | 26 mars 2024 à 20h12 Signaler un contenu inapproprié

Je viens de lire vos commentaires tous très, très intéressants!
Comme la démocratie, le capitalisme est le pire des systèmes économiques (après tous les autres!).
Ici, on voit clairement ses faiblesses. L'argent des pétro-chimiques qui descend vers les Bayer et al, puis qui fixent leurs agendas auprès des agriculteurs, des hommes politiques et même envers les simples citoyens. Il suffit de voir (ou d'entendre à la radio) les pubs pour la viande française!
Bref, c'est un sujet très compliqué qui implique de gros sous. La Bio n'est pas une solution, l'agriculture raisonnée, peut-être.
Mais il y aura toujours cet élément perturbateur : LES GROS SOUS !!

Erikk | 11 avril 2024 à 18h09 Signaler un contenu inapproprié

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