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« En limitant à l'électricité le débat sur l'énergie, on ne discute que sur 25 % du problème »

Au milieu des sondages et des scénarios 2050, le Syndicat des énergies renouvelables (SER) publie un état des lieux du secteur à destination des candidats de l'élection présidentielle 2022. Son président, Jean-Louis Bal, nous résume ce livre blanc.

Interview  |  Energie  |    |  F. Gouty
Actu-Environnement le Mensuel N°419
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°419
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« En limitant à l'électricité le débat sur l'énergie, on ne discute que sur 25 % du problème »
Jean-Louis Bal
Président du SER
   

Actu-Environnement : Pourquoi le SER publie-t-il ce livre blanc (1)  ?

Jean-Louis Bal : Comme nous l'avions fait à l'occasion des présidentielles de 2012 et 2017, le principe est d'interpeller les candidats à cette élection, mais également aux législatives ensuite, pour leur rappeler que les énergies renouvelables ont un rôle essentiel à jouer dans la lutte contre le changement climatique et peuvent être le catalyseur d'un nouvel élan pour notre pays.

Disons que, depuis le Grenelle de l'environnement, la vision sur l'énergie et le climat a évolué, certes très lentement, mais incontestablement. Aujourd'hui, les énergies renouvelables occupent 19 % du mix en termes de consommation énergétique : c'est un réel progrès, mais c'est insuffisant. La classe politique se saisit de plus en plus de la question, en bien comme en mal, mais quelque chose n'avance pas. Le débat sur l'énergie se limite trop souvent à l'électricité. On ne discute que sur 25 % du problème et il est extrêmement important de débattre sur l'ensemble de l'énergie.

AE : Quels sont le ou les messages essentiels à entendre de la part des candidats à l'élection présidentielle ?

JLB : Pour moi, l'essentiel est d'avoir une volonté politique affirmée, claire et appliquée par les services de l'État au niveau national et au niveau des administrations déconcentrées. Aujourd'hui, les messages qui émanent du gouvernement ne sont pas toujours extrêmement clairs. Barbara Pompili a été assez claire sur l'éolien terrestre ou maritime. Mais dans certaines déclarations d'Emmanuel Macron ou Bruno Le Maire, l'éolien ne fait, par exemple, pas consensus. Bruno Le Maire a notamment affirmé que l'État n'était pas favorable aux développements des petits projets. Il y a, comme souvent par le passé d'ailleurs, un manque de cohérence stratégique de l'exécutif sur ces sujets.

Un autre volet important, c'est le contexte international. L'Agence internationale de l'énergie (AIE) montre régulièrement qu'il y a une vraie dynamique mondiale, même si elle reste encore largement insuffisante pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Il ne faudrait pas que la France reste à l'écart de cette dynamique. Nous avons recueilli des témoignages de ce qu'il se fait dans le reste de la planète. Sans parler du fait qu'il nous reste aussi un vrai savoir-faire en France. Nos entreprises ont un rôle à jouer pour apporter de l'énergie dans des zones rurales en Afrique, notamment. Ce qui pourrait avoir un impact sur les futurs mouvements de migrations dus au changement climatique.

AE : Avec France 2030, favorisant surtout le nucléaire et l'hydrogène, Emmanuel Macron soutient-il suffisamment les énergies renouvelables ?

JLB : Ce qui est proposé concernant les énergies renouvelables nous semble relativement satisfaisant. De plus, vis-à-vis de l'hydrogène, il peut être produit à partir d'énergies renouvelables ou de nucléaire. Il provient en tout cas d'un mix électrique qui va de toute façon augmenter sa part d'énergies renouvelables.

AE : Que pensez-vous des derniers scénarios Négawatt et RTE, dont certains prônent le 100 % énergies renouvelables en 2050 ?

JLB : La suite de ce qu'a présenté aujourd'hui RTE sur les différents scénarios à horizon 2050, c'est la grande question, en effet. Sur les six scénarios annoncés, il y a toujours au moins 50 % d'énergies renouvelables à horizon 2050. De ce point de vue-là, c'est très satisfaisant pour notre secteur. Cela repose sur le fait que la consommation d'électricité, qui constitue toujours un quart de la consommation énergétique finale, va fortement augmenter. Nous sommes en train d'assister à l'électrification de l'industrie, des transports et des bâtiments. Cela va avoir pour effet d'augmenter la consommation d'électricité dans un contexte d'une consommation d'énergie globale en baisse. Une hausse de 40 à 50 % de la consommation d'électricité, cela nécessite l'augmentation de la production décarbonée, et seules les énergies renouvelables sont à même de la réaliser dans les décennies qui viennent avec une très forte progression du solaire, de l'éolien et un socle d'hydroélectricité – une énergie parfaite pour gérer la variabilité et apporter de la flexibilité.

Un seul scénario de RTE et le scénario Négawatt 2022 envisagent 100 % d'énergies renouvelables. Il nous semble néanmoins plus réaliste de viser a minima les 50 % d'ici à 2050. Ce qui n'est pas un intervalle de temps tellement éloigné, par rapport à aujourd'hui, quand on connaît les constantes de temps du secteur. Cela paraît même relativement ambitieux d'en faire plus. Nous pourrons toujours réviser ces objectifs plus tard. Mais quoi qu'il en soit, pour atteindre cet objectif, cela nécessite déjà de fortement accélérer le rythme de développement de l'éolien et du solaire. C'est l'essentiel.

AE : Quand sera disponible le second volet du livre blanc et que contiendra-t-il ?

JLB : La première partie de ce livre blanc, publiée ici, fait un état des lieux et propose une vision. La suite logique, que nous préparons actuellement pour interpeller les candidats, sera la réponse à cet état des lieux et les moyens de mettre en œuvre cette vision. Elle contient une dizaine de propositions avec, au premier rang, ce défi de volonté politique.

Ce second volet présente d'autres propositions plus détaillées : la nécessité de planifier l'éolien en mer, de favoriser l'accès au foncier pour l'éolien terrestre et le photovoltaïque, dont chacun a besoin pour pouvoir se développer, une révision de la taxation du carbone, que ce soit par extension du système ETS ou une reprise de la progression de la taxe carbone. Il est important de donner un prix au carbone, seul signal pour que tous les acteurs économiques changent de comportement, mais avec une redistribution des recettes vers les populations les plus précaires pour leur permettre de réaliser leur propre transition énergétique. Nous prônons aussi un renforcement des effectifs de l'État sur la transition écologique. Il nous semble aberrant d'en avoir aussi peu, à l'échelle nationale comme dans les administrations déconcentrées. Cela constitue une des explications de la lenteur des procédures d'autorisation, qui ralentit aujourd'hui le développement des énergies renouvelables en France.

L'ensemble des propositions sera disponible très prochainement, une fois une clarification de certaines candidatures, dès le début de l'année prochaine. Elles permettront d'interpeller les équipes de campagne.

_

P.S. : À la suite de cette interview, Jean-Louis Bal a déclaré, en complément, dans un communiqué : « Notre filière industrielle est d'ores et déjà mobilisée pour répondre (à l'ambition d'atteindre la neutralité carbone en 2050), et appelle désormais le président de la République à tout mettre en œuvre pour engager dès à présent une accélération majeure du développement des énergies renouvelables, électriques et thermiques, afin de placer notre pays sur la bonne trajectoire. Le premier rendez-vous à ne pas rater est l'étape intermédiaire de 2030, date à laquelle, comme le prévoit la loi, 40 % de notre production électrique devra provenir d'énergies renouvelables. Débattre d'objectifs à 2050 est vain si nous ne sommes pas capables d'atteindre ceux fixés pour 2030. »

1. Télécharger le livre blanc (part. 1) du SER
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-38428-SER-livre-blanc-part-1.pdf

Réactions3 réactions à cet article

Le SER critique un débat réduit autour de l'électricité, et cet article/cette interview ne traite quasiment que de l'électricité...
Il reste du chemin à parcourir, on est au moins d'accord sur ce point.

gwakos | 26 octobre 2021 à 10h35 Signaler un contenu inapproprié

Le SER... la mafia de l'éolien, il faut dire les choses comme elles sont ! Dans les 19% de renouvelables, il y a 80% d'hydraulique... Et il demande la suppression des contraintes à l'installation : une France, première destination touristique mondiale, aux paysages dévastés comme le Danemark ?! Et se garde bien de dire que ces intermittentes ne peuvent être supportées par les consommateurs et les réseaux qu'à la condition de s'appuyer sur une production stable et prévisible : hors le nucléaire ou le gaz (hélas, voir l'Allemagne), on ne sait pas faire, à moins de coûts faramineux.

dmg | 26 octobre 2021 à 15h30 Signaler un contenu inapproprié

Je ne vois pas pourquoi on ne parle plus d'une possibilité de créer des parcs d'énergie marémotrice au large des côtes avec des bassins artificiels (et non ds les estuaires où l'impact environnemental est trop important) Je pense que cela reviendrait beaucoup moins cher que de continuer à développer le nucléaire et l'éolien. La France pourrait au moins essayer de réétudier leur faisabilité, compte tenu du fait que les matériaux notamment composites , ont évolué , et que nous disposons des km de côtes où ce système pourrait être implanté.

gaïa94 | 26 octobre 2021 à 23h47 Signaler un contenu inapproprié

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