C'est une enquête dont les résultats sont scrutés par les pouvoirs publics et les partenaires sociaux. Le ministère du Travail a rendu publics le 9 septembre les résultats de la quatrième enquête (1) Sumer (2) qui surveille l'exposition des salariés aux risques professionnels. Réalisée par 1.200 médecins du travail auprès de 26.500 salariés représentatifs de 25 millions de travailleurs en France, elle fait suite aux éditions de 1994, 2003 et 2010.
Ses résultats montrent que 32,2 % des salariés du secteur privé étaient exposés à au moins un produit chimique en 2017, contre 33,8 % en 1994. Soit une légère baisse moyenne, qui cache des disparités selon les secteurs d'activité. L'agriculture connaît une forte baisse (33,7 % en 2017 contre 48,9 % en 1994). La Dares (3) l'explique par la prise de conscience des conséquences de l'utilisation des pesticides liée à la mise en œuvre du plan Ecophyto. L'exposition dans l'industrie est également en baisse importante (37,6 % en 2017 contre 43,6 % en 1994). La direction du ministère du Travail en charge des études l'impute à "un recul des industries traditionnelles fortement exposantes, comme la sidérurgie et la métallurgie", ainsi qu'à "l'automatisation de nombreuses activités".
En revanche, le secteur de la construction connaît une évolution inverse avec un niveau d'exposition élevé (57,5 % des salariés en 2017 contre 55,8 % en 1994). Le secteur des services connaît également une hausse des expositions (28,6 % en 2017 contre 25,4 % en 1994). Cette hausse, indique la Dares, peut s'expliquer par le développement des postes d'agents de nettoyage et de services à la personne, ainsi que par l'externalisation de la maintenance.
Le bruit dans le collimateur
Si les expositions des salariés aux contraintes physiques (manutention, position debout, geste répétitifs) ont baissé entre 1994 et 2017, ce n'est pas le cas du bruit. L'exposition à des nuisances sonores concerne 31,6 % des salariés (contre 27,4 % en 1994). Cette hausse concerne tous les secteurs d'activité, et en partie la construction (+19 points), à l'exception du secteur agricole. Les ouvriers qualifiés représentent la catégorie socio-professionnelle la plus exposée (67,5 %).
En termes de catégories socio-professionnelles, les ouvriers restent les plus exposés, qu'ils soient qualifiés (61 % des salariés exposés) ou non-qualifiés (56,4 % exposés). Ce sont eux-aussi qui sont les plus nombreux à être exposés à au moins trois produits chimiques (multi-exposition), avec un taux de 33 % pour les ouvriers qualifiés. "Parmi les produits chimiques les plus fréquemment cités, on retrouve les carburants, les émissions de moteur diesel et d'autres moteurs, les huiles synthétiques, le ciment, les fumées de soudage et plusieurs solvants", détaille l'analyse du ministère du Travail.
Les employés de commerce et de service sont moins exposés (46 %) mais cette catégorie connaît une forte hausse par rapport à 1994 (+ 7 points), expliquée par l'utilisation de produits chimiques pour le nettoyage et la désinfection (eau de Javel, ammoniums quaternaires et autres tensioactifs, ) ou la coiffure (persulfates).
L'exposition à des produits cancérogènes concerne encore 9,7 % des salariés, soit plus de 1,8 million de salariés. Le secteur d'activité le plus exposé est celui de la construction (30,5 % des travailleurs exposés) et la catégorie professionnelle la plus concernée est celle des ouvriers qualifiés (30 %).