Depuis quelques années, l'inquiétude face à la présence des substances perfluoroalkylées (PFAS) dans l'environnement s'accroit. Ces substances chimiques de synthèse, fabriquées depuis les années 1940, sont utilisées dans toute une série de secteurs industriels (textile, produits ménagers, lutte contre le feu, industrie automobile, transformation des aliments, construction, électronique). Elles sont, de surcroit, très persistantes dans l'environnement et peuvent contaminer la chaîne alimentaire.
Des PFAS ont d'ailleurs été retrouvées en quantité importante dans plusieurs espèces de goélands vivant toute l'année au nord de l'Ile-de-Ré (Charente-Maritime), dans la réserve naturelle nationale de Lilleau de Niges. « Nous avons constaté que les goélands marins du sud-ouest de la France sont exposés à des niveaux de PFAS comparables à des espèces fortement contaminées d'autres zones géographiques, bien que les principales sources d'émissions (liées aux activités industrielles) soient absentes dans la région », expliquent les chercheurs du Centre d'études biologiques du CNRS de Chizé (Deux-Sèvres) et de la Ligne pour la protection des oiseaux (LPO).
Dans leur étude publiée dans la revue Science of The Total Environment (1) en décembre dernier, les scientifiques ont également constaté que les PFAS dégradent l'état corporel des oiseaux chez deux des espèces étudiées et que ces résultats dépendent du sexe. Les chercheurs ont par ailleurs mis en évidence une relation entre l'exposition au PFAS et les concentrations plasmatiques de l'hormone thyroïdienne triiodothyronine chez le goéland marin, suggérant un mécanisme de perturbation potentiel. Cette nouvelle étude confirme l'effet perturbateur endocrinien des PFAS sur des espèces animales et vient renforcer les connaissances alors que les études dans les écosystèmes restent limitées. Chez l'homme, il a été démontré que les PFAS pouvaient causer certains cancers, affecter l'immunité et perturber le système endocrinien.