« Nous, dirigeants d'Océanie, devons prendre nos responsabilités en termes d'utilisation, de gestion et de conservation durable de l'océan », s'était exclamé Louis Mapou, président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, lors du Sommet France-Océanie, en juillet 2021. Ce mercredi 7 juin, son gouvernement a souhaité tenir parole en adoptant un projet de loi du pays (acte de nature à s'appliquer uniquement en Nouvelle-Calédonie) interdisant toutes formes d'exploration (hormis scientifique de nature non invasive) et d'exploitation des ressources minérales sous-marines au sein de l'espace maritime de l'archipel.
« Avec cette loi du pays, nous allons faire une pause, permettre une respiration pendant une période d'au moins dix ans, et ce sera aux jeunes Calédoniennes et Calédoniens de décider de ce qu'il conviendra de faire à l'avenir quand ils auront le recul nécessaire », a précisé Jérémie Katidjo Monnier, membre du gouvernement néo-calédonien chargé de la transition écologique. Le moratoire, doté donc d'une clause de revoyure à son terme, s'appliquerait sur les 1,3 million de kilomètres carrés constituant la zone économique exclusive (ZEE) de l'archipel, surnommé « espace maritime de Nouvelle-Calédonie », et comportant l'entièreté du parc naturel de la mer de corail. Cette surface est elle-même comprise dans les 1,5 million de kilomètres carrés de la ZEE contrôlée par la France au sein de la zone maritime de Nouvelle-Calédonie (de 24,5 millions de kilomètres carrés).
Afin d'être pleinement adopté, le projet de loi du pays sera examiné par le Congrès de la Nouvelle-Calédonie (l'organe législatif local) « au cours des prochains mois ». Il succède à un autre moratoire conclu jusqu'à nouvel ordre, en décembre 2022, par l'Assemblée de la Polynésie française sous forme de déclaration solennelle. Il s'inscrit également dans le sillage d'une résolution adoptée en janvier 2023 par l'Assemblée nationale s'opposant à l'exploitation minière des fonds marins en amont d'une nouvelle réunion de l'Autorité internationale des fonds marins (AIFM). Cette dernière s'est elle aussi exprimée en faveur d'une pause similaire, sans pour autant suspendre les demandes de licences provisoires sollicitées par certains industriels.