Comment concilier durabilité et rentabilité d'une forêt ? C'est le dilemme auquel se confrontent aujourd'hui certains propriétaires forestiers. Guy Hébert, jeune propriétaire d'une forêt de 20 hectares en fait l'expérience. Rencontré à l'occasion d'une visite organisée par le Centre national de la propriété forestière (CNPF), M.Hébert vient d'acquérir une parcelle de forêt avec son fils. Toutefois leurs objectifs ne sont pas les mêmes : le père souhaite préserver au maximum cet espace naturel tandis que son fils considère qu'un investissement doit rapporter des bénéfices. Aucun des deux n'a à l'origine de connaissance pour gérer une forêt mais les conseils du CNPF vont les y aider.
Des conseils pour apprivoiser sa forêt
Leur parcelle est composée de deux espaces distincts : sur moins d'un hectare, un arboretum qui présente une grande diversité d'espèces. Une zone de loisir, aménagée par le passé par des passionnés de botanique. Le reste est composé de douglas, de cèdres et de pins laricio. Mais les anciens propriétaires n'avaient pas vraiment de notion d'exploitation sylvicole et aucune éclaircie n'avait été réalisée. Conséquence, les arbres sont trop rapprochés les uns des autres, ils sont donc restés plutôt fins et montent très haut pour aller chercher la lumière, les rendant plutôt sensible au vent fort. Aussi, les jeunes poussent manquent de lumière pour permettre un renouvellement efficace.
Ce diagnostic réalisé par le CNPF à la demande du nouveau propriétaire a abouti à la mise en place d'un plan de gestion volontaire qui permet de mieux connaître sa forêt, de définir des objectifs et de faciliter les choix et décision à prendre, de prévoir un programme de coupes et de travaux, d'établir un bilan périodique et d'intéresser ses héritiers au patrimoine forestier familial…
Une faible rentabilité qui ne motive pas
Ici, M.Hébert ne veut pas de coupe rase, comme cela peut-être régulièrement réalisé ailleurs mais il souhaite tout de même produire du bois et mettre à disposition de la ressource pour l'industrie. Il lui est donc proposé une coupe irrégulière. Mais ce n'est pas simple. Pour sortir du bois de sa forêt, il faut réaliser des aménagements. Tout ça a un coût. Et finalement, l'exploitation de Guy Hébert ne sera pas très rentable. Aujourd'hui, malgré la vente de 1 000 mètres cubes de bois, il espère faire une opération blanche…
Et il n'est pas le seul dans cette situation. Trois quarts des forêts françaises appartiennent à des propriétaires privés. De nombreux propriétaires ne savent même pas qu'ils en possèdent ou bien n'ont pas le temps ou la motivation pour s'en occuper. La France possède 16,7 millions d'hectares de forêt, avec une progression de 0,7% par an depuis 1980. Pourtant dans le même temps, elle importe plus de bois qu'elle n'en exporte, un déficit qui augmente depuis plusieurs années et qui représente 8,6 milliards d'euros en 2021.