« Des pandémies analogues se reproduiront si la logique des interactions actuelles entre les populations humaines et la biodiversité n'est pas fondamentalement remise en cause » : dans le contexte de la crise sanitaire de Covid-19, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) a publié, début avril, une note (1) . Elle propose quelques pistes pour redéfinir notre rapport à la biodiversité et réduire le risque de pandémies futures.
Après avoir rappelé que la surexploitation du vivant et la fragmentation des habitats naturels sont à l'origine de la multiplication des zoonoses, la Fondation appelle à « refonder les interactions entre les populations humaines et la biodiversité ». Elle suggère notamment de combiner deux approches de protection de la biodiversité : d'une part, celle de « l'économie de terres », qui prône une augmentation de la surface d'espaces protégés ; d'autre part, celle du « partage de terres », qui insiste sur la nécessité de modifier les pratiques, notamment agricoles, afin de protéger la biodiversité en-dehors des espaces protégés. La combinaison de ces deux approches pourrait permettre de sauvegarder les écosystèmes, et donc de réduire le risque d'émergences de zoonoses.
La Fondation recommande également aux gouvernements de « développer une politique ambitieuse de création et de renforcement des aires protégées » terrestres et marines, « en prenant en compte l'incidence attendue du changement climatique sur la distribution des espèces et des biomes ». Cela pourrait se traduire par une régulation des activités humaines au sein des espaces protégés. Cette protection accrue pourrait permettre, selon la Fondation, de limiter les interactions entre les humains et la faune sauvage, et donc le risque de contamination. La note insiste également sur la nécessité de « restaurer la diversité génétique des races domestiquées » afin de limiter la multiplication des zoonoses.
Intégrer la biodiversité aux stratégies de développement et développer la justice environnementale
Préserver les écosystèmes et réduire le risque de pandémies ne pourra se faire sans un soutien accru des acteurs étatiques et privés aux sciences de la biodiversité, insiste la Fondation. Grâce à ces mesures, elle espère qu'une « nouvelle forme de cohabitation plus respectueuse de l'ensemble des vivants non-humains » pourra être mise en place. Cette redéfinition de notre rapport au vivant pourrait permettre de sauvegarder les écosystèmes, tout en nous prémunissant contre l'émergence de nouveaux pathogènes humains.