Près des trois quarts des fruits (73,1 %) et près de la moitié des légumes (45,8 %) cultivés en agriculture conventionnelle, en France ou ailleurs, et consommés en France présentent des résidus de pesticides. Telle est la conclusion d'une analyse statistique réalisée par l'association Générations futures, à partir de données fournies par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et la Direction générale des douanes et des droits indirects (DGDDI).
Dans son rapport (1) publié le 22 février, l'ONG s'est penchée sur un corpus de données étalées entre 2017 et 2021. S'appuyant sur les résultats annuels du plan de surveillance de la consommation des deux autorités concernées, elle a consolidé les chiffres de quantification de résidus de pesticides sur 21 fruits et 31 légumes (dont au moins trente échantillons non bios ont été prélevés dans le commerce au cours de quatre des cinq années considérées). L'ONG a ainsi examiné la part de ces 10 326 échantillons sur laquelle ont été quantifiés les traces d'au moins une substance chimique (ou plusieurs) ainsi que la part sur laquelle les limites maximales résiduelles (LMR), fixées par les autorités sanitaires, ont été dépassées. « L'étude porte sur les résidus de pesticides quantifiés, (mais) d'autres résidus peuvent également être présents à un niveau détecté mais non quantifié, souligne Générations futures. On peut donc considérer que les résultats présentés sous-estiment la présence réelle de résidus de pesticides sur les fruits et légumes étudiés. »
Résultat ? En moyenne, plus de 90 % des cerises, des pamplemousses et des pêches ou nectarines présentaient la trace d'au moins un pesticide. Du côté des légumes, les plus hautes valeurs en la matière concernent les céleris raves (dans 78,3 % des cas), les melons (69 %) ou encore les endives (67,7 %). De plus, pour 4,7 % des fruits et 4,4 % des légumes non bios, les résidus quantifiés dépassent leurs LMR. Par ailleurs, complète l'association, « le pourcentage d'échantillons de fruits non bios avec des résidus multiples quantifiés est par exemple de plus de 80 % pour les pamplemousses ou les cerises, et pour les légumes non bios proche de 60 % pour les céleris raves ». Malgré quelques différences analytiques (notamment sur le nombre d'échantillons ou d'années considérées), ces chiffres restent malheureusement similaires aux statistiques de la période 2012 à 2017. Déjà à l'époque, 72 % des fruits et 43 % des légumes non bios présentaient des traces de pesticides, et 3 % des échantillons dépassaient les LMR.