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Le glyphosate ne présente pas de risque cancérogène, selon l'Efsa

Le glyphosate ne présenterait pas de risque cancérogène : c'est la conclusion de l'avis de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Cette substance active est notamment un des composants du désherbant Round Up.

Risques  |    |  D. Laperche
Environnement & Technique N°354
Cet article a été publié dans Environnement & Technique N°354
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"Il est improbable que le glyphosate présente un danger cancérogène pour l'Homme", assure dans un rapport  (1) remis jeudi 12 novembre l'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa). Pour les experts, cette substance ne serait pas génotoxique et ne nécessiterait pas la classification de cancérogène dans la réglementation de l'UE sur la classification, l'étiquetage et l'emballage des substances chimiques.

En mars dernier, le centre international de recherche sur le cancer (Circ), de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dans son évaluation de cinq pesticides organophosphorés, avait pourtant classé comme cancérogène probable pour les Hommes le glyphosate (groupe 2A (2) ). "L'évaluation a pris en compte une vaste quantité d'éléments, y compris un certain nombre d'études non évaluées par le Circ, ce qui explique en partie pourquoi les deux évaluations ont abouti à des conclusions différentes, justifie l'Efsa. C'est la distinction entre substance active et formulation de pesticides qui explique principalement les différences dans la façon dont l'Efsa et le Circ ont évalué les données disponibles".

Des incertitudes à lever

Le rapport de l'Efsa souligne également que des informations complémentaires restent nécessaires pour évaluer la voie de contamination de l'eau de ruissellement et par conséquent la pollution de l'eau de surface mais également l'infiltration dans les eaux souterraines.

Concernant l'écotoxicologie, des lacunes dans les données demeurent également pour l'évaluation du risque à long terme pour les petits mammifères herbivores et les oiseaux insectivores. En revanche, le risque pour les abeilles, les arthropodes non cibles, les macro et micro-organismes du sol ainsi que pour les méthodes biologiques de traitement des eaux usées a été considéré comme faible. Lorsque des mesures d'atténuation ont été mises en œuvre, l'Efsa estime également comme faible le risque pour les plantes terrestres non-cibles.

En effet, les deux organismes ont une approche différente de la classification des produits chimiques : l'Efsa évalue chaque substance chimique individuelle et chaque mélange commercialisé, de manière séparée tandis que le Circ examine des agents génériques, y compris des groupes de produits chimiques connexes, ainsi que l'exposition professionnelle ou environnementale, et les pratiques culturelles ou comportementales.

Comme l'Institut fédéral pour l'évaluation des risques (BfR) allemand, l'Efsa considère qu'il est "probable que les effets génotoxiques observés dans certaines formulations contenant notamment du glyphosate soient liés aux autres constituants ou coformulants. De même, certaines formulations contenant notamment du glyphosate présentent une toxicité plus élevée que celle présentée par l'ingrédient actif, probablement en raison de la présence de coformulants". L'Efsa préconise donc que la toxicité de chaque formulation de pesticides, et leur potentiel génotoxique, soient examinés par les autorités des Etats membres.

" La Commission européenne ne doit pas suivre des recommandations qui facilitent le retour sur le marché d'un pesticide parmi les plus utilisés sur la base d'une évaluation des risques sous-estimée et favorable à l'industrie", a réagi Michèle Rivasi, vice-présidente du groupe Verts/ALE et membre de la commission "environnement et santé" au Parlement européen.

Des conflits d'intérêts ?

Cet avis de l'Efsa entre en effet dans le cadre de la réévaluation des risques du glyphosate pour renouveler son autorisation en Europe. Cette procédure implique qu'un Etat membre rapporteur, ici l'Allemagne, rende un premier rapport pour examen à l'Efsa qui enverra elle même ses conclusions à la Commission européenne. La Commission décidera alors de conserver ou non le glyphosate sur la liste des substances actives autorisées dans l'UE. Ensuite, les Etats membres pourront également évaluer la sécurité des pesticides (formulations) contenant la substance active vendue sur leur territoire.

En août dernier, l'Institut fédéral pour l'évaluation des risques (BfR) allemand avait déjà indiqué que "les données disponibles ne montrent pas de propriétés cancérogènes ou mutagènes du glyphosate, ni que ce dernier est toxique pour la fertilité, la reproduction ou le développement embryonnaire des animaux de laboratoire". Des associations comme Foodwatch s'étaient toutefois interrogées sur la composition des membres du comité d'évaluation de BfR (3) dans lequel figurait en 2014 notamment deux représentants de BASF et un de Bayer CropScience.

Cette crainte d'une éventuelle pression des industriels pèse également sur le rapport remis par l'Efsa. "Les garanties de l'Efsa concernant le Glyphosate soulève de sérieuses questions quant à son indépendance scientifique, estime Franziska Achterberg, en charge pour Greenpeace des questions sur la politique alimentaire de l'UE. Une grande partie de son rapport repose sur des études non publiées commandées par les producteurs de glyphosate".
Selon Greenpeace, l'Efsa aurait inclus six expériences sur les animaux que l'OMS aurait exclues du fait que les "données n'auraient pas été publiées ou révisées par des pairs".

A l'inverse, dans un communiqué Monsanto pointe que "ces évaluations nouvelles et robustes des agences réglementaires vont à l'encontre de la classification du CIRC, (…) A la lumière de la procédure d'évaluation européenne du glyphosate, de vraies questions doivent être posées quant à la procédure de classification par le CIRC".

L'introduction d'une dose aiguë de référence

Concernant la toxicité, le groupe d'examen par les pairs constitué d'experts de l'Efsa et de représentants désignés par les Etats membres de l'UE a estimé qu'il fallait "redéfinir la toxicité du Glyphosate".Le groupe a donc établi un "seuil de sécurité toxicologique" et fixé une dose aiguë de référence (4) (DARf) pour le glyphosate s'élevant à 0,5 mg par kg de poids corporel.

"En introduisant une dose aiguë de référence, nous renforçons encore la façon dont les risques potentiels associés au glyphosate seront évalués dans le futur", a assuré dans un communiqué Jose Tarazona, chef de l'unité Pesticides à l'Efsa.Autres limites proposées par l'agence européenne : un niveau acceptable d'exposition des opérateurs (NAEO) a été fixé à 0,1 mg/kg de poids corporel par jour, et une dose journalière admissible (DJA) pour les consommateurs a été établie en ligne avec la dose aiguë de référence à 0,5 mg/kg de poids corporel.

L'EFSA a précisé qu'elle se baserait sur cette DARf lorsqu'elle révisera les limites maximales en résidus (5) pour le glyphosate, en coopération avec les Etats membres en 2016. L'Agence européenne des produits chimiques (Echa) devrait également se pencher sur les risques pour la santé liés à l'utilisation du glyphosate et publier un rapport en 2017, selon Greenpeace. "L'Agence européenne des produits chimiques (Echa) pourrait avoir une opinion différente de l'EFSA, a souligné Franziska Achterberg. Cela n'a aucun sens de renouveler pour 10 ans l'autorisation au glyphosate tant que ce processus n'est pas terminé".

1. Télécharger le rapport de l'Efsa
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-25645-conclusion-on-the-peer-review-of-pesticide-risk-assessment-of-active-substance-glyphosate.pdf
2. Le Circ a défini 4 groupes correspondant à des degrés d'indication de cancérogénicité. Groupe 1 : agent cancérogène, Groupe 2A : agent probablement cancérogène, Groupe 2B : agent peut-être cancérogène (parfois appelé cancérogène possible), Groupe 3 : agent inclassable quant à sa cancérogénicité, Groupe 4 : agent probablement pas cancérogène3. Lien vers la liste du comité d'évaluation de BfR<br /><br />
http://www.bfr.bund.de/en/members_of_bfr_committee_for_pesticides_and_their_residues-189322.html
4. Quantité estimée d'une substance chimique présente dans les aliments, exprimée sur la base du poids corporel, qui peut être ingérée sur une courte période de temps (au cours d'un repas ou d'une journée) sans présenter de risque pour la santé5. Concentration la plus élevée légalement permise d'une substance active dans ou sur des aliments destinés à l'alimentation humain ou animale lorsque les pesticides sont appliqués correctement.

Réactions6 réactions à cet article

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Bruxelles est infesté de lobbies

Sagecol | 13 novembre 2015 à 11h29 Signaler un contenu inapproprié

Je trouve très étonnant le titre choisi pour l'article concernant le glyphosate composant essentiel du Round up et le risque potentiel cancérogène qu'il pourrait représenter. L'analyse développée dans l'article prouve que l'affirmation de l'Efsa est contredite par d'autres autorités liées à la santé (OMS, CIRC) et que l'indépendance de l'Efsa vis à vis des industries est mise en doute. Le monde a publié deux pages très pertinentes et beaucoup plus prudentes sur cette question très complexe de l'évaluation d'un produit tel que le Round up.

mangouste | 16 novembre 2015 à 12h08 Signaler un contenu inapproprié

L’objet de cet article est d’indiquer quelle est la position de l’Efsa sur le glyphosate : cette dernière intervenant dans le processus de renouvellement de l’autorisation de cette substance au niveau européen.
Ses conclusions seront en effet transmises à la Commission européenne qui décidera de maintenir ou pas le glyphosate sur la liste des substances actives autorisées dans l’UE.

Dorothée Laperche Dorothée Laperche
16 novembre 2015 à 15h02
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On fait beaucoup d'expérimentations "positives et favorables" sur des animaux qui relativement sont nourris avec des aliments plus conformes à leur nature, alors que les hommes ingurgitent des aliments souvent pollués qui circulent dans un tube digestif qui déjà n'est pas fait pour le carnivorisme, ni le lactovorisme.

Sagecol | 16 novembre 2015 à 15h14 Signaler un contenu inapproprié

Une étude française , réalisée par un certain Séralini, a soumis des rats particulièrement sensibles au cancer à des concentrations croissantes de l'eau de boisson en RoundUp. La cohorte qui a été abreuvée à la concentration maximale, ( celle de pulvérisation ...) a eu une durée de vie supérieure à celle des pauvres témoins abreuvés à l'eau de source. Ce n'est ce que dit Séralini dans ses commentaires mais ce sont les résultats qu'il présente Fig 1 page 4.

VD69 | 01 décembre 2015 à 17h43 Signaler un contenu inapproprié

"Garçon, un round up, de l'eau fraîche et quelques cacahuètes, SVP "

Une chose est sûr et on n'y pense pas souvent : les animaux qui subissent les expériences de laboratoire souvent mortelles sont néanmoins avec des aliments plus adaptés à leur tube digestif que les humains carnivores. Et ça peut sérieusement modifier la prédictivité des résultats.

Sagecol | 01 décembre 2015 à 18h58 Signaler un contenu inapproprié

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