Par une ordonnance du 26 avril, le tribunal administratif de Nancy a rejeté la demande de suspension de l'arrêté de la préfète qui autorise l'introduction dans le massif des Vosges de spécimens de grands tétras capturés en Norvège. Un projet porté par l'État et par le parc naturel régional des Ballons des Vosges. La requête avait été introduite par cinq associations de protection de l'environnement, qui jugent l'opération vouée à l'échec compte tenu de la quasi-extinction de l'espèce dans le massif et de la dégradation des habitats. Elles avaient fait valoir devant le juge le caractère quasiment irréversible du lâcher, l'absence de motif d'intérêt général, le coût excessif de l'opération (estimé à 580 000 euros par an avec les mesures d'accompagnement) et ses conséquences sur l'environnement.
Pour rejeter la demande, le juge des référés estime que l'application de l'arrêté n'est pas susceptible de porter une atteinte suffisamment grave à la protection des oiseaux, compte tenu du nombre limité d'oiseaux relâchés (40 par an durant cinq ans), que les opérations de capture, de transport et de lâcher sont encadrées par des vétérinaires et que le taux de mortalité est faible lors de telles opérations. « L'introduction de spécimens de grands tétras répond à un motif d'intérêt général qui consiste à préserver la biodiversité en évitant la disparition prochaine de cette espèce dans ce massif », rétorque également le juge. « Les conséquences néfastes que cette introduction pourrait présenter pour l'environnement ne sont pas établies s'agissant notamment du risque d'importation de microbiotes pathogènes, un contrôle sanitaire devant être effectué sur les spécimens prélevés en Norvège », ajoute la décision. Quant à l'argument du coût, les associations ne pouvaient l'invoquer compte tenu de leur objet, estime enfin le juge.
« Dans l'attente du jugement sur le fond qui interviendra dans quelques mois, nous restons plus que jamais mobilisés », annoncent les associations requérantes. Celles-ci dénoncent, sur le fond, « l'ignorance et la non-prise en compte systématique par les porteurs du projet des avis argumentés, successivement exprimés par les scientifiques, les associations de protection de la nature, les citoyens via la consultation publique ». Et, sur la forme, « la mise à l'écart systématique dans la construction du projet des associations et des scientifiques qui exprimaient des points de vue et des arguments qui différaient de ceux du parc naturel régional ».