Miguel Cañete fait partie des candidats hautement controversés de la nouvelle Commission européenne. Une manifestation est prévue le 1er octobre, avant son audition au Parlement européen. Les organisateurs de la manifestation "Stop Cañete" qui se tiendra sur la place Luxembourg, près du Parlement européen, attendent entre une cinquantaine et une centaine de participants.
Les eurodéputés de la gauche espagnole, parmi lesquels ceux de Podemos, Izquierda Unida, Primavera Europea/EQUO, ICV, ERC et AGE, prendront part à l'évènement pour condamner le candidat espagnol. Celui-ci est entre autres vertement critiqué pour ses liens avec l'industrie pétrolière et ses récents dérapages sexistes.
Le conservateur espagnol passera devant le Parlement européen vers 18h le même jour. Le Parlement peut soit approuver soit rejeter le collège des commissaires dans son ensemble. Cependant, si l'issue de son audition devait lui être peu favorable, alors les eurodéputés peuvent peser sur Jean-Claude Juncker pour qu'il propose un autre candidat au poste.
Cette affaire rappelle celle du candidat commissaire italien de centre droit Rocco Buttiglione. Celui-ci avait été contraint de démissionner en 2004, après que les groupes socialistes, libéraux et verts avaient menacé de rejeter sa candidature, car l'Italien avait déclaré que l'homosexualité était un péché.
Des organisations écologistes et l'ONG Corporate Europe Observatory, qui surveille l'activité des lobbies, prendront également part à la manifestation devant le Parlement européen. Des rumeurs courent sur de possibles "actions supplémentaires" en vue de dénoncer sa nomination.
Aucun autre commissaire ne semble faire l'objet de telles manifestations durant la semaine d'auditions à venir.
Martin Behar de Podemos Belgique tempête "qu'aucune personne, qui s'est lavé les mains dans le pétrole, ne devrait être nommé commissaire à l'énergie". Le mandat de M. Cañete ne laisse présager rien de bon ni pour les énergies renouvelables ni pour les citoyens. "Nous exhortons les eurodéputés de tous les groupes politiques à passer à l'action et à rejeter sa candidature pour le poste de commissaire d'énergie et de l'action pour le climat."
Des liens avec l'industrie pétrolière
La candidature de l'Espagnol a déclenché une vague d'incrédulité parmi les eurodéputés et la société civile à cause notamment de ses liens avec l'industrie pétrolière. En France, les eurodéputés Verts ont publié mardi 30 septembre une tribune dans le journal Le Monde. "M. Cañete ne doit pas devenir commissaire européen (1) !" assurent les élus.
Miguel Cañete a été contraint de vendre ses parts détenues au sein de deux compagnies pétrolières, Petrolifera Ducar et Petrologis Canaris, pour blanchir son profil avant de briguer le poste de commissaire à l'action pour le climat et l'énergie.
Cependant des critiques en provenance notamment de Podemos et des Verts au sein du Parlement européen pointent du doigt la femme du futur commissaire, son fils et son beau-frère, qui sont actionnaires ou même siègent au sein des deux entreprises.
Dans une lettre envoyée par les Verts à M. Juncker, qui dénonce les accointances de l'Espagnol, Miguel Cañete est par ailleurs accusé "de sexisme inacceptable".
Plus tôt dans l'année, il aurait en effet déclaré qu'"il est compliqué de tenir un débat avec une femme, car montrer de la supériorité intellectuelle pourrait paraître sexiste".
Il est "très compliqué" d'avoir un débat entre un homme et une femme, parce que, si l'homme fait preuve de "supériorité intellectuelle", il donnera "l'impression d'être sexiste" devant une "femme sans défense", avait-il alors déclaré.
Podemos est un parti de gauche radicale fondé en 2014. Le parti a obtenu le résultat impressionnant de 8% lors des européennes en Espagne. Sur le site Internet consacré au rejet de la candidature de Miguel Cañete, le parti cite des articles de presse relatifs aux pratiques d'évasion fiscale dont se serait rendu coupable le potentiel commissaire espagnol.
Ainsi, on peut lire qu'à l'époque où il était eurodéputé en 1996, celui-ci s'était battu pour obtenir des subventions de la politique agricole commune. Sa femme, qui élève des taureaux destinés à la tauromachie, avait alors touché des subventions de la PAC. Elle avait aussi fait l'objet d'une enquête pour avoir tiré profit d'informations secrètes lorsque son mari était ministre de l'Agriculture afin d'obtenir ces subventions.
Miguel Cañete a répondu aux questions écrites en amont de l'audition et a promis qu'il allait se soumettre au code de conduite imposé aux commissaires. Ainsi, il a assuré : "j'ai fait les démarches pour déclarer tous mes actifs et intérêts financiers, mais aussi ceux de ma femme, ainsi que ses activités professionnelles."
"Je n'agirai jamais dans des domaines en lien avec mon portefeuille dans lesquels je pourrais avoir des intérêts financiers, familiaux ou personnels qui pourraient mettre en doute mon indépendance. Si je suis confronté à une situation de cette nature, j'irais en informer dans les plus brefs délais le président de la Commission", a-t-il certifié.