Il s'agit d'une situation sans précédent sous la Ve République. Le Parlement a rejeté la candidature proposée par Emmanuel Macron, en application de l'article 13 de la Constitution, de Boris Ravignon à la présidence de l'Ademe.
À la suite de l'audition de M. Ravignon, ce mercredi 12 avril, les membres des commissions du développement durable et de l'aménagement du territoire de l'Assemblée nationale et du Sénat ont procédé au vote. Résultat : un rejet de sa candidature, les votes négatifs ayant dépassé les trois cinquièmes des suffrages exprimés, le quota nécessaire pour s'opposer à une nomination. Le principal reproche fait au candidat du président est son cumul de plusieurs mandats.
Une procédure « ubuesque »
Énarque de 47 ans et soutien du président Emmanuel Macron, Boris Ravignon avait été auditionné une première fois devant les commissions, le 14 décembre 2022, en vue d'une nomination à la présidence par intérim, l'ancien président Arnaud Leroy ayant démissionné en 2022. Les parlementaires avaient alors voté en faveur de sa nomination, actée par décret du 22 décembre 2022. À la suite du renouvellement du conseil d'administration de l'Ademe, début mars, son poste devait être soumis à un nouveau vote.
Jean-François Longeot, sénateur centriste et président de la commission de l'aménagement du territoire et du développement durable, a exprimé en début d'audition « le mécontentement de [la] commission devant une telle légèreté, une telle impréparation, dont vous n'êtes pas du tout responsable », s'adressant à M. Ravignon. Le sénateur a également dénoncé les « délais aussi resserrés » et une « procédure ubuesque ». Devant la commission, Boris Ravignon a affirmé également « partager un peu [cette] surprise ».
Un cumul « non raisonnable »
Au sujet de son cumul de mandats, M. Ravignon a rappelé avoir démissionné de son poste au conseil régional du Grand Est. Il souhaitait toutefois conserver ses mandats de maire de Charleville-Mézières (Ardennes) et de président d'Ardenne Métropole, faisant valoir les mesures prises pour « prévenir toute forme de conflit d'intérêts entre l'Ademe et ces collectivités ». « Pouvoir être en même temps président et élu local [me] permettrait d'être un meilleur président de l'Ademe », ajoutait-il.
Un argumentaire qui n'aura donc pas suffi à convaincre les parlementaires. « Ce vote traduit le mécontentement du Parlement devant une telle impréparation, nouvelle manifestation du manque de considération de l'exécutif à son égard », indique le Sénat dans un communiqué. Nicolas Dragon, député Rassemblement national et membre de la commission ayant procédé au vote, indique sur Twitter que « le cumul d'une agence nationale avec le poste de maire d'une ville de 50 000 habitants n'est juste pas raisonnable ».
Boris Ravignon a fait part à France 3 Grand Est de sa « déception ». Il qualifie la décision d' « absurde et suicidaire compte tenu des enjeux qui sont les nôtres », et regrette des « clivages politiques absurdes ».