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Orpaillage illégal en Guyane : le fléau perdure

Le cours de l'or, qui n'a jamais été aussi haut, augmenterait d'1 % par jour. Les enjeux associés à son exploitation illégale sont donc plus que jamais d'actualité. Le WWF sollicite une réponse rapide des autorités afin de contrer ce phénomène.

Risques  |    |  C. Monceau
   
Orpaillage illégal en Guyane : le fléau perdure
   
De la mine à la vitrine, l'enquête menée par le WWF durant 8 mois en 2009 dresse un constat alarmant de la filière illégale de l'or guyanais. Première observation : la région exporte plus d'or qu'elle n'en produit officiellement. Alors que la fabrication illégale d'or représente jusqu'à 10 tonnes par an, le marché légal n'en produit que 3. Selon le WWF, plus de 22 tonnes d'or guyanais avaient une origine douteuse entre 2000 et 2008. L'organisation mondiale de protection de l'environnement demande donc la mise en place d'un dispositif de traçabilité d'ici février 2010.

Les problèmes posés par l'orpaillage illégal

L'orpaillage illégal en Guyane est une activité aux répercussions multiples. Le WWF dénonce l'existence d'un ''fléau aux conséquences sociales, économiques, environnementales et sanitaires catastrophiques''.

Le territoire comprendrait plus de 500 chantiers illégaux et de 3 à 15.000 orpailleurs clandestins. ''Ces clandestins en provenance du Brésil ou du Surinam travaillent dans des conditions épouvantables'', explique Serge Orru, directeur général du WWF France. La filière impliquerait aussi le développement de trafics en tout genre et la perte de plus de 300 emplois directs au sein de la filière légale.

L'environnement paie également un lourd tribut à l'orpaillage illégal. La diversité de plantes par hectare de la Guyane serait supérieure à la diversité trouvée sur l'ensemble de l'Europe continentale. Certaines espèces végétales et animales de la région sont endémiques. Or, cette richesse est menacée par le mercure utilisé pour amalgamer les particules d'or dans les rivières. En Guyane, plus de 1.300 kilomètres de cours d'eau seraient ainsi pollués par le composant chimique.

Afin de récupérer 1 kg d'or, les orpailleurs illégaux emploient 1,3 kg de mercure. Sous l'action de l'acidité de l'eau, le mercure se transforme en un dérivé dangereux : le méthylmercure. Cet élément toxique s'accumule tout au long de la chaîne alimentaire. À haute dose, il provoque troubles neurologiques et comportementaux. Selon le WWF, la présence des orpailleurs clandestins aurait considérablement réduit la quantité de gibier dans les forêts guyanaises. Au bout de la chaîne alimentaire, les communautés amérindiennes, dépendantes de la ressource piscicole, se trouvent fortement exposées à la pollution au mercure.

Quelles réponses politiques ?

Afin de limiter la ruée vers l'or en Guyane, l'Etat français avait lancé en février 2008 les ''opérations Harpie''. Le dispositif visait principalement à démanteler les réseaux d'orpaillage clandestin. Le WWF regrette que ces interventions, ponctuelles mais efficaces, aient été trop irrégulières. Christiane Taubira, députée de Guyane, ajoute que l'or est classé marchandise ordinaire. Il ne fait donc pas l'objet d'un suivi particulier par la douane. ''La pression ne viendra pas de là'', assure Christiane Taubira.

Le 5 octobre dernier, la députée a écrit à Christian Estrosi, secrétaire d'État à l'Industrie pour demander l'application en Guyane de la ''Loi de la garantie''. Cette réglementation prévoit notamment l'apposition d'un poinçon sur les ouvrages d'or afin d'assurer leur traçabilité. Actuellement, les comptoirs d'or guyanais ne sont pas obligés d'indiquer l'identité de leur vendeur, ce qui favorise l'orpaillage illégal. La Fédération des opérateurs miniers de Guyane propose pourtant un guide des bonnes pratiques. Comme souvent, c'est son application concrète qui pose problème.

La filière or ne compte que 5 intervenants, tous sur le territoire national : l'exploitant minier, le comptoir d'or, l'affineur, le fabricant et le distributeur. De plus, une part importante de l'or guyanais est toujours affinée séparément. L'instauration d'un système de traçabilité devrait donc être facilitée. Romain Renoux, responsable du pôle outre-mer au WWF France, estime que le coût d'un tel dispositif serait négligeable.

''J'avais demandé que la filière illégale soit remontée après chaque arrestation ainsi que l'interdiction formelle des transactions en or. Je n'ai obtenu ni l'un ni l'autre'' souligne Christiane Taubira. Selon la députée, ces éléments se révèlent primordiaux pour étouffer l'activité clandestine. Les multinationales exploitant l'or bénéficieraient par ailleurs de nombreuses exonérations. ''Afin de faciliter l'activité économique, l'Etat préfère dire qu'il n'y aura aucune contrainte'', déplore Christiane Taubira.

Et sur le plan international, la situation n'est guère plus reluisante. Le 23 décembre 2008, un accord bilatéral de lutte contre l'exploitation aurifère en zones protégées a été signé entre la France et le Brésil. Ce texte prévoit un contrôle renforcé des mines, le durcissement des sanctions contre les activités illégales et une coopération renforcée entre les deux pays. A ce jour, aucun des deux Parlements n'a entériné l'accord. Selon le ministère français des affaires étrangères et européennes, le projet de loi de ratification serait en cours d'élaboration, ''ce qui n'est pas le cas au Brésil'', précise Christiane Taubira.

En février dernier, Jean-Louis Borloo, ministre du Développement Durable et de la Mer, a donné le coup d'envoi d'une nouvelle expédition scientifique : ''Terre-Océan''. Partis de Fécamp (Seine-Maritime) le 21 octobre, les scientifiques embarqués à bord du trois-mâts goélette ''La Boudeuse'' devront notamment évaluer la pollution au mercure des rivières de l'Amazone afin d'y apporter des solutions. Si l'on doit espérer que le succès soit au rendez-vous, les solutions ne seraient-elles pas déjà connues ?

Réactions2 réactions à cet article

Non à l'Orpaillage : oui, mais pas uniquement...

L'orpaillage légale et illégale qui est un fléau pour les populations autochtones n'est que le reflet des politiques économiques mises en place depuis la colonisation de l'Amérique du sud. Pour avoir mené une enquête en Amazonie brésilienne sur la création d'une aire protégée, je peux témoigner que le véritable enjeu est la promotion d'une gestion concertée des ressources. Il faut revaloriser les produits forestiers qui permettent à la forêt de tenir sur pieds.
Florent Kolandjian

flodjian | 26 octobre 2009 à 16h43 Signaler un contenu inapproprié

ca fait 5 ans que l'armée française fait la chasse aux exploitations illegalles en guyane, donc je vois pas ou est la nouveauté...En 2008 l'armée lancée l’opération "harpie" et a démantelé manu militari des camps ilegaux. trop peux d'apres le WWF. WWF qui se matin dénonce le discours "purement électoraliste" de nicolas Sarkozy qui n'a rien fait depuis qu'il est à l’Élysée. Pour eux l'operation harpie est un echec et un grouffree financier pour l'armée, les interventions de l'armée et de la gendarmerie etant trop irregulières et visant "des petits trafiquants mais pas les grand camps illégaux connus de tous en guyane" et rapelle que "les surveillance heliportée ne permettentpas dedetectée des camps cachée en pleine jungle".
autres point, en 2009 les elus locaux avaient demandé au gouvernement le vote d'une loi obligeant la tracabilité de toute transaction d'or sur le departement de la guyane (lettre zenvoyé a Estrosi restée sans suite) . chose facile et peu couteuse à instauré puisque la filiale ne compte que 5 intermédiaires : l'exploitant minier, le comptoir d'or, l'affineur, le fabricant et le distributeur .La loi n'a jamais ete votée depuis...Pareil pour la demande de durcissement des sanctions en accord avec le parlement bresilien, a ce jour aucun des 2 parlement n'a pris de décision. Bref encore une fois sarko fait du rechauffé

apo86 | 22 janvier 2012 à 10h15 Signaler un contenu inapproprié

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