Le ministère de la Transition écologique a décidé de reconduire pour une troisième année l'expérimentation de mesures d'effarouchement de l'ours malgré l'avis négatif (1) du Conseil national de la protection de la nature (CNPN) et de plus de 90 % des 3 000 contributions recueillies lors de la consultation publique. L'arrêté correspondant est paru le 4 juin au Journal officiel.
Le CNPN recommandait de ne pas poursuivre cette expérimentation « dont il n'est pas possible de mesurer les effets bénéfiques au regard de l'objectif initial mais qui comporte un risque pour la conservation de l'ours ». Quatorze associations (2) avaient appelé à rendre un avis négatif sur le projet d'arrêté. « Les effarouchements des ours sont inutiles, inefficaces, dangereux, horriblement chers et illégaux. Une protection efficace des troupeaux repose sur le triptyque Berger compétent - Regroupement nocturne du troupeau - Chiens de protection éduqués, et en nombre suffisant », estimaient-elles.
Et ce, malgré les modifications apportées par le ministère suite à la décision du Conseil d'État du 4 février 2021. Ce dernier avait annulé partiellement l'arrêté pris il y a deux ans estimant que les mesures d'effarouchement pouvaient menacer l'amélioration de l'état de l'espèce. Les modifications apportées consistent en des garanties supplémentaires pour les ours et par une interdiction de l'effarouchement dans la zone coeur du parc national des Pyrénées telle que préconisée par le CNPN. « La délivrance des dérogations permettant la mise en œuvre de l'effarouchement est conditionnée à l'utilisation des moyens de protection du troupeau », explique le ministère. L'arrêté « en comparaison des précédents, renforce les exigences en matière de formation, apporte de nombreuses précisions sur les conditions de réalisation des tirs d'effarouchement renforcé, et réserve l'usage des balles en caoutchouc aux situations où l'ours représente un risque en raison d'un comportement menaçant », ajoutent-il.