Jusqu'à récemment, la plupart des PET (polyéthylène téréphtalate) recyclés étaient utilisés à des fins non-alimentaires. Depuis quelques années, de nouvelles applications sont apparues pour les conditionnements alimentaires. Le règlement européen relatif aux matériaux et aux objets en matière plastique recyclée destinés à entrer en contact avec des denrées alimentaires a donc prévu une évaluation de la sécurité des procédés de recyclage par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). L'EFSA a publié le 20 juillet un dossier d'évaluation de sécurité PET recyclé (1) destiné à entrer en contact avec des aliments.
Un niveau de contamination à l'entrée du processus de recyclage
Après avoir reçu de nombreux dossiers, l'agence a développé des critères spécifiques pour le processus d'évaluation de ce type de plastique. L'évaluation porte sur les concentrations résiduelles présentes dans le PET recyclé en comparaison à une concentration modélisée dans le PET classique, afin d'évaluer l'efficacité de la décontamination du processus de recyclage. L'avis scientifique de l'EFSA décrit l'approche d'évaluation des risques utilisée et fournit des valeurs seuil de contamination du PET recyclé.
Pour établir un niveau de contamination de référence pour un contaminant inconnu potentiellement présent dès l'entrée du processus de recyclage du PET, l'EFSA s'est basée sur des données issues d'une enquête européenne réalisée sur des milliers de bouteilles en PET collectées. Parmi les substances présentes de manières résiduelle après utilisation, des substances liées aux aliments (limonène) et des substances apparentées au plastique (adipates, phtalates…) ont été identifiées. De rares cas de bouteilles mal utilisées par les consommateurs (c'est-à-dire remplies avec des solvants) ont été identifiés.
En se basant sur ces chiffres, l'EFSA a fixé le niveau de contamination de substances à l'entrée du processus de recyclage à 3 mg/kg de PET. Elle estime également que la proportion de PET à partir des applications de consommation non alimentaires (shampoing, détergents, peinture...) ne doit pas être supérieure à 5 % dans l'entrée du processus de recyclage.
Des valeurs d'exposition alimentaire
Mais ''il est impossible de prédire l'identité des contaminants potentiellement présents dans le PET post-consommation utilisé à l'entrée d'un processus de recyclage et de s'assurer qu'ils ne sont pas génotoxiques. Par conséquent, un niveau d'exposition alimentaire doit prendre en compte cette possibilité''. L'EFSA considère que cette exposition alimentaire devrait être inférieure à 0,0025 mg / kg de poids corporel/ jour pour un contaminant inconnu éventuellement présent, selon la valeur seuil d'exposition humaine pour les produits chimiques.
Concernant le scénario d'exposition, l'EFSA se base sur celui d'un nourrisson de 5 kg qui consomme chaque jour 0,75 l d'eau provenant d'une bouteille d'eau fabriquée à partir de PET recyclé à 100 %. ''De ce chiffre, il peut être déduit que la plus haute concentration d'une substance dans l'eau qui ferait en sorte que l'exposition alimentaire de 0,0025 mg / kg de poids corporel / jour ne soit pas dépassée est de 0,017 mg / kg d'aliment. Ce scénario est appliqué par défaut lorsque le PET recyclé est destiné à un usage général''. Pour les adultes et les enfants, le critère de migration pertinent est respectivement de 0,75 et 0,15 mg/kg de nourriture.
L'EFSA considère donc que si un processus de recyclage est en mesure de réduire une contamination d'entrée de 3 mg/kg de PET à un niveau ne dépassant pas le critère de migration pertinent, l'exposition alimentaire potentielle ne peut être supérieure à 0,0025 mg / kg pc / jour. Le PET recyclé via ces processus de recyclage ne pose donc pas de problème de sécurité.