Elle avait choisi de demander poliment la révision du texte. Elle n'a pas été entendue. Cette fois, l'ONG Greenpeace va porter plainte contre l'acte délégué européen qui inclut le gaz fossile et l'énergie nucléaire en tant qu'énergies de transition dans la taxonomie des investissements verts. À la suite de son recours gracieux déposé en septembre 2022, la Commission européenne a répondu en déclinant sa demande de retirer le gaz et le nucléaire de la taxonomie. L'ONG prévoit donc de déposer son recours en avril prochain, le temps de monter le dossier même si elle a déjà bien affuté ses arguments.
À ces yeux, l'inclusion du gaz et du nucléaire dans la taxonomie viole le règlement sur la taxonomie, la loi européenne sur le climat et les obligations de l'UE au titre de l'Accord de Paris de 2015. Concernant le gaz, la Commission a fixé un seuil pour les émissions de carbone provenant de la production d'électricité à partir de gaz fossiles à 270 grammes d'équivalent CO2 par kilowattheure. « Ce seuil n'est pas conforme à la législation européenne en vigueur. Le règlement sur la taxonomie, la loi européenne sur le climat et l'Accord de Paris de 2015 n'autorisent pas plus de 100 grammes d'équivalent CO2 par kilowattheure », détaille Greenpeace. Autre point : les investissements dans de nouvelles centrales électriques au gaz fossile ne peuvent pas être considérés comme « transitoires », comme l'exige le règlement sur la taxonomie, car ces centrales pourraient rester en service au-delà de l'échéance de 2050 fixée par l'UE pour réaliser la transition énergétique.
Concernant le nucléaire, Greenpeace défend que cette énergie n'est pas conforme au principe « Do No Significant Harm » ou « ne pas avoir d'effet significatif » du règlement sur la taxonomie. « Les émissions liées au cycle de vie de l'énergie nucléaire, l'extraction de l'uranium, l'utilisation importante d'eau, le rejet d'eau chaude et la production à grande échelle de déchets radioactifs violent tous ce principe », estime l'ONG.