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Planification écologique de l'industrie : état de la mobilisation des 50 sites les plus émetteurs de CO2

Les cinquante industriels les plus émetteurs de CO2 ont présenté à mi-parcours leur feuille de route pour se décarboner d'ici à 2050. Le défi est important, mais moyennant un soutien fort de l'État, l'objectif pourrait être atteint.

Energie  |    |  N. Gorbatko
Planification écologique de l'industrie : état de la mobilisation des 50 sites les plus émetteurs de CO2

« On y est presque ! » Mercredi 5 avril, à Bercy, Roland Lescure, ministre délégué chargé de l'Industrie, présentait l'avancement des feuilles de route de son secteur en matière de transition énergétique. Ou plus précisément des 50 plus gros émetteurs de CO2ArcelorMittal, Total Raffinage, les cimentiers Lafarge, Calcia et Vicat, Solvay, le fabricant d'ammoniac Borealis... –, qui représentent près de 60 % des émissions du secteur. Ensemble, ces entreprises ont produit 42,8 millions de tonnes de CO2 en 2019, soit 11 % des émissions nationales. Dans le cadre de la planification écologique française, elles travaillent donc depuis quatre mois avec les services de l'État sur les leviers à actionner pour réduire leurs émissions de 50 % en 2030, par rapport à 2020, et atteindre la neutralité en 2050. « Un effort similaire sur dix ans à celui qui a été accompli depuis trente ans », a souligné Roland Lescure.

À ce stade, 46 d'entre eux ont déjà élaboré une première version de leur plan, divisé en plusieurs scénarios : « tendanciel », « central » ou « ambitieux ». Totalisant plus de 400 projets, l'ensemble, à son niveau « central », permettrait d'atteindre une réduction des émissions de CO2 de 44 % pour 2030 et de 85 % pour 2050. Si ces stratégies doivent encore être consolidées et améliorées, l'entourage du ministre s'avoue impressionné. « Les industriels jouent le jeu », commentent ses conseillers.

Des ruptures technologiques en vue

Afin d'atteindre leurs objectifs, ces grands groupes misent sur la réduction de leur consommation de combustibles et d'intrants fossiles, au bénéfice de l'électricité par exemple, pour les moteurs, les turbines, les fours, les chaudières à basse et moyenne température… Dans leur feuille de route, 19 sites mentionnent au moins un projet de ce type. Pour produire de la chaleur à haute température, le recours à la biomasse est également prévu, notamment dans l'agroalimentaire et la chimie. Le déploiement cette technologie dans la Laiterie de Saint-Denis-de-l'Hôtel (Loiret) permettra par exemple d'économiser 30 kilotonnes d'équivalent C02 par an. Les combustibles solides de récupération (CSR) sont par ailleurs envisagés par une cinquantaine de sites.

“ Les industriels jouent le jeu ” Les conseillers du ministre de l'Industrie
Mais les industriels devront aussi transformer leurs process, dont certains datent de plus d'un siècle, comme cette sucrerie qui s'autofournira en énergie grâce à la pulpe extraite de ses betteraves. Dans ce but, l'État soutient particulièrement, depuis quelques années maintenant, le développement de l'hydrogène, substitut aux énergies fossiles pour les procédés chimiques ou sidérurgiques par exemple. Outre ArcelorMittal pour fabriquer de l'acier sans charbon à Dunkerque, d'autres grands groupes misent aussi sur ce gaz, comme les fabricants d'ammoniac ou de plastiques. Une mise à jour de la stratégie hydrogène devrait d'ailleurs être lancée prochainement, avec l'ouverture d'une consultation publique. Destiné aux industries de la pétrochimie, du ciment ou de la métallurgie, qui ne trouvent pas d'autres solutions alternatives, le captage et le stockage du CO2 (CCS) dans des formations géologiques profondes, en mer du Nord notamment, semblent de plus en plus intéresser les pouvoirs publics. Chez le cimentier Calcia dans les Deux-Sèvres, par exemple, 700 000 tonnes pourraient être ainsi captées chaque année. Si la solution est en effet technologiquement mâture, elle nécessitera en revanche un accompagnement financier et matériel conséquent de la part de l'État, par la construction de « carboduc » notamment.

Des financements astronomiques

En novembre dernier, le président de la République a promis de consacrer 5 milliards d'euros (Md€) au déploiement de solutions de décarbonation pour ces sites industriels, soit un par an, en y ajoutant 610 M€ pour le développement de nouvelles technologies. Le chiffre pourrait être doublé si les feuilles de route s'avèrent convaincantes. Dans le cadre de France Relance, l'État a déjà accordé 1,2 Md€ d'aides à 244 projets, pour près de 5 Md€ d'investissements, qui permettront d'éviter 4,7 millions de tonnes d'équivalents CO2 par an. Lancé en avril 2022 par l'Agence de la transition écologique (Ademe) et l'Association technique énergie environnement (ATEE), l'appels à projets « zéro fossile », par exemple, a permis d'attribuer 270 M€ à 72 lauréats.

« Zéro fossile : 56 projets pour éviter plus de 1 300 millions de tonnes de CO2 par an

• Pour le volet 1 de soutien à la production de chaleur à partir de biomasse : 39 projets ont été validés pour 174,2 M€ d'aides. Ils permettront d'éviter environ 2 278 GWh/an d'énergie primaire d'origine fossile et 492 MtCO2e/an.
• Pour le volet 2 de soutien aux projets d'envergure d'efficacité énergétique et d'évolution des procédés (Decarb Ind) : 16 projets ont été validés pour 51 M€ qui permettront d'éviter environ 735 GWh/an d'énergie primaire d'origine fossile et 170 MtCO2e/an. Quelques autres projets devraient également être soutenus.
• Pour le volet 3 consacré aux petits projets de décarbonation portés par les PME et ETI (Decarb Flash) : la sélection des projets est en cours de finalisation, avec une enveloppe budgétaire de 25 M€.

Une nouvelle édition est prévue, dotée cette fois de 125 M€ et centrée sur les projets de grande taille, à partir de 3 M€ d'investissements pour une réduction minimale de 1 000 tonnes de CO2 par an. Elle sera majoritairement orientée vers la réduction du recours aux énergies fossiles. Les candidats devront fournir une feuille de route pertinente en termes de trajectoire de décarbonation sur le long terme. Un autre appel à projets spécifiquement consacré à la chaleur à biomasse (AAP BCIAT) sera également lancé en avril pour un montant similaire de 125 M€. En euros, à la tonne évitée, la décarbonation de l'industrie est très efficace, explique Roland Lescure. « Si on arrive à réduire par deux les émissions de ces cinquante sites, d'ici à 2030, on aura fait l'équivalent de [l'isolation] de 10 millions de logement ou [du passage à l'électrique] de 10 millions de véhicules. »

Anticiper les besoins en énergie et les infrastructures

Les feuilles de route des industriels permettront aussi au gouvernement d'évaluer les quantités d'électricité, d'hydrogène ou de biomasse nécessaires, mais également d'anticiper la construction des infrastructures indispensables, comme les hubs de production d'hydrogène vert ou le réseau des fameux carboducs qui s'annonce soutenu. Un plan directeur de leur déploiement est attendu pour bientôt. Le bilan final de ce travail sera présenté en juin 2023. « Sur une ligne de production, dans un territoire, entre maintenant et 2050, il y aura une seule, peut-être deux opportunités d'investissement. Pas beaucoup plus, a prévenu Benoit Leguet, directeur général de I4CE, présent lors de cet événement. Pour ne pas se tromper, il va falloir planifier ! »

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