L'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) profite de l'arrivée des premiers résultats de la campagne de surveillance chimique de la Méditerranée (SuchiMed) pour faire le bilan de 20 ans de surveillance de la façade française. Avec des stations réparties de la frontière espagnole à la frontière italienne, ainsi que sur tout le pourtour de la Corse, l'institut récolte des données sur plus de 68 contaminants chimiques comme les hydrocarbures, les microplastiques ou les métaux lourds. Résultat, pour 90 % des points de prélèvements, le taux de polluants est inférieur au seuil réglementaire. Encore mieux, l'état d'un certain nombre de stations s'améliore dans le temps. Une bonne nouvelle que l'Ifremer et l'Agence de l'eau attribuent à des programmes et des actions à terre comme le plan Rhône ou l'évolution des stations d'épuration.
« Ça ne veut pas dire que tout va bien, tempère toutefois Marc Bouchoucha, chercheur à l'Ifremer. Il y a encore des points de vigilance ». Ces points de vigilance ce sont les anciennes pollutions contenues dans les sédiments à proximité des anciens sites industriels. Comme au Cap Corse où une ancienne mine d'amiante, aujourd'hui fermée a laissé des tonnes de nickel dans les sédiments. D'autres pollutions, plus actuelles préoccupent également les chercheurs : les molécules médicamenteuses. Difficiles à détecter elles nécessitent des techniques particulières comme la spectrométrie de masse et l'imagerie de Maldi. Ainsi, les chercheurs de la faculté de pharmacie de l'université d'Aix-Marseille ont trouvé des anti-cancéreux aux très lourds effets secondaires dans certaines des stations étudiées. Les scientifiques ne connaissent pas encore leurs effets sur les organismes marins mais ils les surveilleront de près, notamment dans les réseaux trophiques.