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Émissions de GES et production de combustibles fossiles : les pays producteurs en totale contradiction

Selon le dernier rapport du Programme des Nations unies pour l'environnement, les volumes de production de fossiles envisagés par les pays concernés seraient deux fois trop importants pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C.

Energie  |    |  N. Gorbatko
Émissions de GES et production de combustibles fossiles : les pays producteurs en totale contradiction

Rien n'y fait. Malgré les records de température enregistrés en 2023 depuis des dizaines de milliers d'années, malgré les vagues de chaleur, les sécheresses, les incendies de forêt, les tempêtes et les inondations, tous meurtriers, les projets des pays en matière de production fossile se poursuivent, bien au-delà des limites nécessaires pour maintenir la planète en dessous du + 1,5 °C à la fin du siècle. Plusieurs organisations, le Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue), le Stockholm Environment Institute (SEI), Climate Analytics, E3G et l'Institut international du développement durable (IISD), se sont associées pour étudier les politiques des 20 États producteurs de charbon, de gaz et de pétrole : Arabie saoudite et Émirats arabes unis, bien sûr, mais aussi Russie, États-Unis, Canada, Nigeria, Royaume-Uni, Norvège, Allemagne...

Ce groupe représente 82 % de la production mondiale de combustibles fossiles et 73 % de sa consommation. À l'horizon 2030, selon leur rapport « Production Gap Report 2023 » (1) , publié mercredi 8 novembre, ces États prévoient d'en extraire et d'en fabriquer, à eux tous, deux fois plus que les volumes compatibles avec l'Accord de Paris, et même près de cinq fois plus pour ce qui concerne le charbon. En 2050, pour l'ensemble des fossiles, ces quantités devraient même devenir trois fois plus importantes, alors qu'elles devraient être réduites des trois quarts pour le pétrole et le gaz produits et utilisés, par rapport aux niveaux de 2020, et proches du zéro, dès 2040, pour le charbon.

Des promesses… à long terme

Si dix-sept d'entre eux se sont engagés à atteindre des émissions nettes nulles dans la seconde moitié du siècle, aucun n'a promis de réduire sa production de combustibles fossiles. La plupart comme l'Australie, la Chine ou le Canada pour le gaz, la Colombie ou l'Inde pour le charbon, le Brésil pour le pétrole, continuent donc à promouvoir, subventionner, soutenir et planifier l'expansion de cette production, d'ailleurs largement stimulés par la guerre en Ukraine, les pressions en termes d'approvisionnement et l'envol des prix de ces énergies. D'autant plus que chez les exportateurs, le conflit aura aussi encouragé les projets et les investissements dans les infrastructures de gaz naturel liquéfié.

“ Nous ne pouvons pas faire face à la catastrophe climatique sans nous attaquer à sa cause première : la dépendance aux combustibles fossiles ” António Guterres, secrétaire général des Nations unies
Le rapport note par ailleurs que de nombreux pays font la promotion du gaz en tant que « pont » ou « combustible de transition », mais sans jamais fournir de plans pour en sortir. La moitié des vingt pays étudiés comptent même accroître leur production de gaz jusqu'en 2050, entravant du même coup le développement des énergies renouvelables. Pourtant, la science « indique que nous devons commencer à réduire la production et l'utilisation du charbon, du pétrole et du gaz dès maintenant », remarque le scientifique du SEI Ploy Achakulwisut, l'un des auteurs du rapport.

La responsabilité des États

Les gouvernements, qui contrôlent de multiples entités publiques spécialisées, jouent un rôle central dans la production future de combustibles fossiles. Ils interviennent dans la moitié des volumes à venir de pétrole ou de gaz, et plus encore pour le charbon. Leurs objectifs, leurs politiques et leurs soutiens permettent ainsi la poursuite des investissements dans les projets nationaux et internationaux. Si trente-quatre pays ont signé la Déclaration de Glasgow, s'engageant ainsi à mettre fin à leurs financements publics pour ce type de projets, il s'agit de la seule partie « unabated » des combustibles, c'est-à-dire sans captage ou stockage du CO2. Quelques rares États, comme le Canada ou la Chine, l'Allemagne ou l'Indonésie, commencent malgré tout à se fixer des objectifs de neutralité carbone en tenant compte de leur production domestique.

Selon le principe de responsabilité commune mais différenciée, adopté dans le cadre de l'Accord de Paris, cette démarche de réduction ou d'arrêt de la production de combustibles fossiles devrait idéalement tenir compte des différences de situations financières et institutionnelles dans les pays, affectant leurs capacités à avoir recours à d'autres énergies, ainsi que leur niveau de dépendance socioéconomique à l'égard de la production de combustibles fossiles. « Les gouvernements qui ont les plus grandes capacités à abandonner la production de combustibles fossiles ont la plus grande responsabilité de le faire, tout en fournissant les financements et le soutien nécessaires pour aider les autres pays à faire de même », estime Michael Lazarus, autre auteur du rapport, lui aussi collaborateur du SEI.

Une approche peu équitable

En réalité, les niveaux de production de charbon, de pétrole et de gaz prévus par les dix pays producteurs aux revenus les plus élevés se traduiraient déjà par un dépassement de la limite à « 1,5 °C » dès 2040. L'aberration est d'autant plus forte que la demande elle-même devrait théoriquement atteindre son apogée au cours de cette décennie avant de décliner. Ces constats devraient inciter les participants à la COP 28 à imposer aux États plus de transparence sur la manière dont ils comptent atteindre leurs objectifs en matière d'émissions, ainsi que des obligations fermes en termes d'exploitation des énergies fossiles.

Longtemps absent des négociations internationales sur le climat, le sujet a fait son apparition à Glasgow et devrait ainsi prendre plus d'importance cette année à Dubaï. « Nous ne pouvons pas faire face à la catastrophe climatique sans nous attaquer à sa cause première : la dépendance aux combustibles fossiles. La COP 28 doit envoyer un signal clair : l'ère des combustibles fossiles n'a plus d'énergie, sa fin est inévitable », analyse António Guterres. Le secrétaire général des Nations unies préconise désormais des engagements crédibles pour accroître les énergies renouvelables et renforcer l'efficacité énergétique, « tout en garantissant une transition juste et équitable. » Le seul moyen, précise Inger Andersen, directrice exécutive du Pnue, « de mettre fin à la pauvreté énergétique et de réduire les émissions en même temps ».

1. consulter le rapport en anglais
http://file:///C:/Users/nadia/Downloads/adaptation_gap_report_2023.pdf

Réactions1 réaction à cet article

Bonjour.
M. Guterres est irresponsable de programmer la fin si rapide de ce qui constitue >80% de l'approvisionnement énergétique de l'humanité.
Une réforme de l'ONU s'impose car ce "machin" est devenu complètement fou, délaissant sa mission principale qui est d'éviter les guerres, de mettre fin à celles qui sont déclenchées, et de travailler à soulager les victimes desdites guerres.
Tout ce que l'ONU profère en dehors de cette mission principale est nul et non avenu.

Albatros | 15 novembre 2023 à 12h06 Signaler un contenu inapproprié

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