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L'économie de la récupération : un secteur encore sous–développé en France

L'économie sociale et solidaire place l'humain au cœur de sa stratégie. Ce secteur, encore peu développé en France malgré des initiatives locales, pourrait être porteur des emplois de demain dans le secteur de la valorisation des déchets.

Déchets  |    |  A. Sinaï
   
L'économie de la récupération : un secteur encore sous–développé en France
© JJK
   
L'espérance de vie des produits est de plus en plus courte et c'est en masse qu'ils finissent en décharge, dans la nature, ou qu'ils partent en fumée. Aujourd'hui, chaque Français jette en moyenne 14 kilos d'équipements électriques ou électroniques par an, contre 3 kilos en 1965. Une spirale pour le moins insoutenable, qui sollicite la modification en profondeur du modèle productif. En lieu et place d'une économie « linéaire » qui, d'un même mouvement, épuise les ressources et accumule les déchets, c'est vers une « économie circulaire » qu'il faudrait s'orienter. Son ambition industrielle s'inverserait selon une nouvelle hiérarchie de valeur, où il s'agirait plutôt de réduire les flux que de les produire, valoriser plutôt que jeter, économiser plutôt que gaspiller, selon la règle des 6 « R » : réduire, récupérer, réutiliser, réparer, refabriquer, recycler les productions.

Complémentaire de l'économie circulaire, l'économie de fonctionnalité prône la maintenance des objets à travers une économie de services. C'est ce que réalise l'entreprise Michelin, qui vend moins de pneus que par le passé tout en augmentant son chiffre d'affaires dans le secteur du transport routier. C'est encore ce que développe depuis des années la compagnie Xerox, qui produit plus de photocopieurs avec une moindre quantité de matière à l'unité et associe la location exclusive d'appareils à un système de récupération, de remise en état et de réutilisation des composants de chaque machine. Outre ses vertus écologiques, l'économie circulaire est porteuse de solidarité. Combiner la création d'emplois d'insertion avec le recyclage des déchets de la filière papier et la diffusion de produits à base de papier recyclé, c'est la vocation de la Feuille d'Erable qui, fondée à Rennes en 1983, fut une des toutes premières associations d'insertion en France 1.

Des initiatives qui ne demandent qu'à se généraliser

Récupérer des aliments, des vêtements usagés et des cosmétiques pour en faire don aux quelques 8 millions de personnes qui, en France, vivent sous le seuil de pauvreté via des associations de lutte contre la précarité, demande l'organisation de filières. C'est à ce manque qu'a répondu l'Agence du Don en Nature (ADN), qui propose une interface logistique entre entreprises donatrices et associations bénéficiaires. Forte d'une capacité de stockage de 4000 m2, l'Agence du Don en Nature distribue 5000 palettes de produits par an pour lutter contre l'exclusion en France, en se concentrant dans un premier temps en Ile-de-France. En pratique, ADN intervient auprès des associations caritatives qui viennent en aide aux personnes les plus démunies afin d'identifier leurs besoins. En partant des besoins des exclus aidés par les associations, ADN se charge de trouver les produits correspondants auprès d'entreprises donatrices2. Selon Stéphanie Goujon, déléguée générale de l'Agence du don en nature, ''aucun industriel n'aime détruire ses produits. Le potentiel du don est énorme en France : il représente 400 millions d'euros par an de mécénat de produits non alimentaires, selon une étude réalisée par le cabinet A.T. Kearney en mars 2010''.

Mais beaucoup reste à faire pour développer l'industrie de la récupération. Selon Walter Stahel, directeur de l'Institut de la durée à Genève, 99% des ressources prélevées dans la nature deviennent des déchets en moins de 6 semaines. Chargée de la campagne Alternatives au Centre national d'information indépendante sur les déchets (CNIID), Hélène Bourges s'inquiète de l'accélération des flux de déchets électroniques, qui augmentent de 2 à 3% par an : ''70%, c'est la proportion de déchets d'équipements électriques et électroniques (D3E) qui ont été incinérés ou enfouis en 2008. Seulement 2 % des D3E collectés sélectivement ont été réemployés. La hiérarchie européenne de gestion des déchets est donc sérieusement mise à mal, puisque le réemploi et le recyclage sont censés être prioritaires par rapport à l'élimination. L'impact environnemental de ces déchets dangereux justifierait à lui seul d'interdire leur stockage et leur incinération. En effet, les traiter par ces moyens engendre la diffusion de polluants toxiques dans l'atmosphère et dans les sols '' 3.

Alors, pourquoi 98% de ces déchets électroniques ne sont-ils pas récupérés ? Parce que les mesures prises en faveur de leur collecte sont récentes, et parce que les citoyens sont mal renseignés. En aval, les entreprises passent des contrats avec des recycleurs à grande échelle sans objectifs d'insertion sociale. ''Il n'y a pas de culture du réemploi dans une société qui prône la vente de produits neufs. Le manque de sensibilisation se double d'un manque d'incitation politique : il n'y a toujours pas d'objectif chiffré de réemploi. Il faut repérer les gisements : par exemple , seuls 10% des textiles sont récupérés, et il faut mettre les acteurs au cœur de nouvelles chaînes de valeur'' , propose Nicolas Mat, chef de projet à Auxilia. Reste quelques initiatives pionnières, comme la Ressourcerie l'Interloque, dans le 18è arrondissement parisien4? A quand un réseau de ressourceries dans tous les quartiers de la capitale ?

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