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Actu-Environnement

Dioxines et furanes : l'Ile-de-France fait face à une pollution diffuse du milieu urbain

L'ARS confirme que les sols franciliens font l'objet d'une pollution diffuse aux dioxines et furanes. Il n'est pas possible d'établir un lien direct avec l'incinération, même si elle est probablement à l'origine d'une part de cette contamination.

Déchets  |    |  P. Collet

La plupart des œufs de poule issus des élevages domestiques de banlieue parisienne présentent des taux de polluants organiques persistants (POP), et notamment de dioxines et furanes, supérieurs aux seuils fixés par la réglementation sur les denrées alimentaires. Cette contamination résulte d'« une pollution diffuse en milieu urbain », explique l'étude (1) menée à la demande de l'Agence régionale de santé (ARS) d'Ile-de-France. Ces analyses ne concluent pas à un lien direct entre la contamination des sols et la présence d'incinérateurs.

Comme en avril dernier après lecture des premiers résultats, l'ARS déconseille de consommer les œufs des poulaillers domestiques franciliens. Toutefois, elle « la restreint aux œufs pondus dans l'agglomération, soit les 410 communes qui composent l'unité urbaine de Paris (dont Paris, l'ensemble des communes de Seine-Saint-Denis, des Hauts-de-Seine, du Val-de-Marne, certaines communes de Seine-et-Marne, des Yvelines, d'Essonne et du Val-d'Oise) ».

Les mesures des associations confirmées

En février 2022, le collectif Réduire Réutiliser Recycler (3R), Zero Waste et Les Amis de la Terre, avait alerté sur des concentrations « records » de dioxines dans des œufs prélevés à proximité de l'incinérateur d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). « Il est scientifiquement difficile d'établir avec certitude l'origine de [la] présence [des dioxines] dans les communes autour de l'incinérateur d'Ivry », expliquait 3R, mais il notait « la présence dans les dioxines analysées de profils de congénères typiques de l'incinération ».

Le Syndicat mixte central de traitement des ordures ménagères (Syctom), à qui appartient l'incinérateur mis en cause, estimait que « le lien entre l'incinérateur et les analyses de dioxines faites [par ToxicoWatch] n'est pas établi ». L'ARS avait alors commandé une étude sur le sujet.

Celle-ci confirme aujourd'hui avoir mesuré des teneurs en dioxines, furanes et en polychlorobiphényles (PCB) « Dioxin-Like » « du même ordre de grandeur que [celles de] l'étude de ToxicoWatch, sans différence significative ».

Mais pas les conclusions

En revanche, l'étude ne met pas en cause l'incinération et penche plutôt pour une pollution généralisée des sols franciliens. Deux raisons à cela. D'abord, les profils moyens en dioxines et furanes des sols superficiels sont similaires dans les zones sous influence des incinérateurs franciliens et hors influence.

Ensuite, les profils moyens des sols et ceux des fumées d'incinérateurs présentent une « différence notable ». Les congénères OCDD et 1234678-HpCDD (présents à 60 % sur un total de 17 congénères mesurés, dont 30 à 40 % pour le OCDD) caractérisent les fumées d'incinération, alors que seul l'OCDD est prépondérant dans les profils de sols (environ 70 %). Le congénère 1234678-HpCDD arrive bien en deuzième position, mais dans des proportions moindres (autour de 13 % dans les sols, contre environ 29 % dans les fumées d'incinération).

Toutefois, l'étude reste prudente : « malgré l'absence de signature similaire entre les profils de sols superficiels et des profils des fumées en sortie d'incinérateur d'ordures ménagères, il est probable qu'une part des teneurs en dioxines et furanes retrouvées dans les sols superficiels proviennent de potentielles émissions de ces derniers mais également d'autres sources non identifiées ».

Une contamination aux PFAS

Après la publication en février 2023 de l'étude réalisée à Lyon (Rhône), l'ARS a décidé d'étendre l'analyse des œufs aux PFAS, ce qui n'était pas prévu initialement.
« Les résultats des analyses mettent en évidence une présence de différents composés des PFAS dans l'ensemble des échantillons d'œufs et les sols », résume l'étude. Là aussi, les valeurs varient d'un site à l'autre et d'un composé à l'autre.
Quant aux dépassements des valeurs réglementaires européennes dans les œufs (14 des 25 échantillons), ils sont « dans des proportions moindres que celles retrouvées dans l'étude de Lyon ». Ils sont principalement liés à une molécule, le PFOS, signale aussi l'étude.
Une pollution diffuse et hétérogène des sols

Concrètement, l'étude a évalué 25 sites. Quatorze sous l'influence potentielle d'incinérateurs : huit sites à proximité de l'incinérateur d'Ivry-sur-Seine, dont les six de l'étude de ToxicoWatch ; quatre à proximité de celui d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) ; et deux sous l'influence de celui de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis). Les onze derniers sont dans des zones hors influence des incinérateurs.

Les résultats d'analyse des sols ont été comparés avec le bruit de fond des sols français mesuré en 2013 par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Neuf des 25 échantillons correspondent à des sols urbains sans influence industrielle, quinze à des sols urbains sans ou sous influence industrielle et un à un sol sous influence industrielle.

L'ensemble de ces analyses « permet de mettre en évidence la présence d'une pollution diffuse et une répartition hétérogène des teneurs par rapport aux sources connues d'émissions ». Les analyses portant sur les PCB mettent elles-aussi « en évidence la présence d'une pollution diffuse et une répartition hétérogène des teneurs mesurées ». Tout comme celles portant sur les per- et polyfluoroalkylées (PFAS) (voir encart)

Des œufs impropres à la consommation

Sans grande surprise, l'étude met en évidence « la présence de polluants organiques persistants (dioxines, furanes et PCB) au sein de l'ensemble des 25 échantillons composites d'œufs de poule ». Sept des huit échantillons de la zone sous influence d'Ivry dépassent la valeur règlementaire pour les dioxines et furanes, deux sur quatre s'agissant de la zone d'Issy-les-Moulineaux et cinq sur onze pour la zone hors influence. Les deux échantillons des poulaillers sous influence de Saint-Ouen respectent la valeur règlementaire.

Si l'on ajoute les PCB « Dioxin-Like », 21 des 25 échantillons dépassent les seuils règlementaires, dont dix prélevés dans des zones sous influence de sources d'émission fixes connues et onze en dehors de celles-ci.

Et de conclure qu'« en milieu urbain, la consommation régulière (plusieurs fois par semaine, pendant plusieurs années) des œufs issus de poulaillers domestiques conduira à une surexposition des auto-consommateurs en comparaison avec une population qui consomme des œufs du commerce ». D'où la recommandation de l'ARS de non-consommation des œufs des poulaillers domestiques situés en zone urbaine.

1. Télécharger l'étude de l'ARS
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-43008-rapport-dioxines-pcb-pfas-ars-idf.pdf

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