« L'été (1) qui nous attend risque d'être particulièrement difficile, a prévenu Étienne Guyot, préfet coordonnateur du bassin Adour-Garonne à l'occasion d'un point sur la situation hydrologique du bassin, jeudi 23 mars. Une sécheresse hivernale a succédé à celle de l'été 2022. Si les conditions sont aussi sèches et caniculaires cette année également, l'état des réserves ne nous permettra pas de tenir. » Les nappes et cours d'eau présentent en effet des niveaux et débits inférieurs à la normale, tout comme les retenues d'eau. En moyenne, le niveau de remplissage de ces dernières est de 40 %, au lieu de 80 % l'an dernier. À titre d'exemple, le lac de Montbel (2) , à cheval entre l'Aude et l'Ariège, n'est rempli qu'à 24 %. « J'en appelle à la responsabilité de tous, à l'image des économies d'énergie de cet hiver : il est indispensable de faire des économies d'eau, a assuré le préfet. Si tout le monde s'y met, nous pourrons surmonter cet été compliqué. »
Pour sensibiliser et lancer un appel aux économies, les neuf préfets coordonnateurs des sous-bassins versants ont été réunis jeudi 23 mars. De la même manière, les représentants des secteurs agricoles, tertiaires, industriels, sportifs, etc. ont été invités, vendredi 24 mars, pour une présentation de la situation hydrologique du bassin et une incitation à des économies d'eau.
« Nous avons demandé aux unités des directions régionales de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) de regarder les installations classées consommatrices d'eau et d'évaluer le plancher minimal pour leur fonctionnement, nous nous appuierons dessus pour déterminer les marges d'économies », a expliqué Étienne Guyot.
Deux outils d'aide à la décision lancés
Deux outils d'aide à la décision ont été lancés : l'un pour assurer le suivi dynamique des réservoirs pour permettre une gestion plus fine des éventuels lâchers, l'autre porte sur les besoins en eau pour l'irrigation. Une réflexion sur la réduction de cette pratique a déjà été lancée dans le bassin en janvier dernier. Les agriculteurs ont été invités à faire des choix d'assolement qui privilégient des cultures moins gourmandes en eau. « Dans le grand Sud-Ouest, nous avons déjà planté plus de tournesol et moins de maïs. La réflexion pour accélérer la transition agroécologique est là », a précisé Alain Rousset, président du comité de bassin Adour-Garonne.
Le bassin Adour-Garonne compte parmi les plus exposés au changement climatique : le déficit dans les rivières en étiage a été chiffré à 1,2 milliard de mètres cubes en 2050.
Plusieurs mesures ont été prises pour faire face à cette tension prévisible : à court et moyen termes, l'agence de l'eau Adour-Garonne accorde un soutien financier - 22 millions en 2022, 17 millions en 2023 - aux collectivités pour sécuriser l'approvisionnement en eau potable et aux agriculteurs pour réaliser des économies d'eau. « En 2022, 400 communes ont connu des ruptures [d'approvisionnement] et ont dû être alimentées par camions-citernes et, parfois, par de la distribution d'eau en bouteille », a rappelé Guillaume Choisy, directeur de l'agence de l'eau Adour-Garonne. Le bassin s'est également doté d'une stratégie pour sécuriser l'accès à l'eau à l'horizon 2050, avec une déclinaison territoriale.
« Aujourd'hui, nous anticipons pour sensibiliser les citoyens, les agriculteurs, les industriels, etc., a indiqué Étienne Guyot. Au fur et à mesure que nous allons avancer dans la saison, nous prendrons des mesures de plus en plus sévères si la situation se dégrade ou que les économies ne sont pas suffisantes. »