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Un nouvel indice éclaire sur le cumul de pressions toxiques des cours et plans d'eau

Le ministère de la Transition écologique a analysé le cumul des pressions toxiques des cours et plans d'eau de 2000 à 2020. Pour 50 % des stations de mesure, ce dernier est fort concernant les pesticides et pour 70 % d'entre elles du fait de HAP.

Eau  |    |  D. Laperche
Un nouvel indice éclaire sur le cumul de pressions toxiques des cours et plans d'eau

Seules 38 % des masses d'eau superficielles présentent un bon état chimique, selon le dernier état des lieux établi dans le cadre du suivi de la directive-cadre sur l'eau (1) . La pollution chimique concerne un grand nombre de cours et de plans d'eau en France, et les conséquences de cette contamination sur les milieux sont difficilement appréhendables.

Pour tenter d'y voir plus clair et mesurer l'intensité des pressions de ces mélanges de substances, le Service des données et études statistiques (2) (Sdes) du ministère de la Transition écologique s'est appuyé sur un nouvel outil : l'indice des pressions toxiques cumulées (3) (IPTC). Celui-ci est calculé pour un mélange de 64 pesticides (4) et 15 autres substances dangereuses (5) .

Comme il ne prend en compte qu'une partie des polluants présents, l'IPTC sous-estime la pression qui s'exerce réellement sur les organismes. Il donne toutefois une première approximation des risques de toxicité d'un mélange. « On qualifiera l'IPTC de fort ou élevé, quand il dépasse 1. La survenue d'effets néfastes sur l'environnement est alors soit hautement probable, soit possible, mais reste à confirmer par une expertise complète, situe le Sdes. Inversement, le cumul des pressions est considéré comme faible ou modéré, quand l'indice est compris entre 0 et 1. »

Une situation plus dégradée pour les pesticides au nord de la France

Depuis 2008, en métropole, environ une station sur deux présente un IPTC fort (supérieur à 1) pour les pesticides. La situation apparaît plus dégradée dans le nord de l'Hexagone (avec des niveaux entre 2 et 6) que dans le sud. La proportion la plus élevée se trouve en Artois-Picardie (90 %). Le deuxième bassin le plus touché est Seine-Normandie (75 %), suivi de Loire-Bretagne (autour de 50 %) et de Rhin-Meuse. En Adour-Garonne, comme en Rhône-Méditerranée-Corse (RMC), la part de stations de mesure avec un IPTC élevé est, quant à elle, de 30 %.

Pour le ministère de la Transition écologique, cette disparité ne s'explique pas uniquement pas une plus faible proportion de terres agricoles dans ces territoires. En effet, les deux bassins qui présentent le moins de stations de surveillance avec IPTC fort se trouvent dans deux situations très différentes. Ainsi, dans le bassin RMC, les terres cultivées représentent une faible proportion (30 %, quand la moyenne nationale était à 45 % en 2019). À l'inverse, dans le bassin Adour-Garonne, celle-ci atteint 48 %. « De façon générale, de plus faibles IPTC peuvent résulter d'un moindre recours aux pesticides les plus dangereux (…), de remplacements par des pesticides au profil de risque plus favorable ou par des pesticides qui ne figurent pas sur la liste des 64 pris en compte ou encore par des mesures de protection plus efficaces des cours d'eau », avance le Sdes.

Si un plus ou moins grand nombre de stations de mesure selon les bassins sont concernés par des IPTC forts, aucune catégorie (petit ou grand) de cours d'eau n'est, en revanche, épargnée en métropole.

Les principaux contributeurs à des IPTC forts ? Les herbicides. Sur la période 2018 à 2020, le Sdes a ainsi identifié le chlortoluron (6) et le nicosulfuron (utilisés sur les grandes cultures et très mobiles dans les sols), le diflufénicanil (autorisé sur les cultures de céréales, de vigne et en pépinières arboricoles), la pendiméthaline (très largement utilisé sur les cultures de céréales), le métazachlore (essentiellement utilisé sur les cultures de colza et de tournesol). En revanche, le métolachlore, à l'origine de nombreuses non-conformités dans les eaux destinées à la consommation humaine, ne figure pas parmi les principaux contributeurs (7) majeurs à l'IPTC.

HAP : 70 % des stations avec de forts cumuls de pressions toxiques

L'indice des pressions toxiques cumulées a également été calculé avec 15 substances dangereuses hors pesticides, dont 7 hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et 5 composés organiques volatils (COV). Les médicaments et les contaminants comme les perfluorés (8) n'ont pas été pris en compte pour une raison de représentativité des résultats à l'échelle de la métropole.

Là encore, de la même manière que pour les pesticides, le nord de la France est plus touché que le sud. « Les bassins Artois-Picardie, Rhin-Meuse et Seine-Normandie présentent les valeurs les plus élevées d'IPTC moyens (autour de 20), a identifié le Sdes. Ces niveaux de pressions traduisent les plus fortes densités de population, d'activités manufacturières ou métallurgiques et de réseaux routiers de ces territoires. »

Dans le cocktail de substances dangereuses observé, les HAP dominent largement les contributeurs à l'IPTC dans chaque bassin de métropole, sur les cours d'eau et les plans d'eau. « Cela souligne leur forte écotoxicité : les faibles concentrations auxquelles ils sont mesurés suffisent à dominer les valeurs prises par l'IPTC, note le Sdes. Cela confirme également leur caractère ubiquiste, aucune zone n'étant préservée. Ces substances proviennent en effet de produits pétroliers utilisés sur tout le territoire, comme le goudron, le bitume et l'asphalte pour les revêtements des routes, les enduits pour tuyaux ou la protection des traverses de chemin de fer, des poteaux électriques ou des piliers immergés. Elles sont également émises à grande échelle dans les suies de fumées des véhicules roulant au gazole et à l'essence, des chaudières au fioul et/ou au bois. »

En outre-mer, l'analyse des données se limite à la Martinique et à La Réunion, car peu de résultats sont disponibles pour les autres départements. Pour ce qui concerne les pesticides, les principaux contributeurs sont un insecticide et trois herbicides. « La Réunion et la Martinique se distinguent par le faible nombre de contributeurs majeurs à l'IPTC : seulement deux ou trois substances dans chaque département », constate le Sdes. En Martinique, l'insecticide chlordécone est de loin le plus fort contributeur, tandis qu'à La Réunion, l'herbicide métolachlore arrive en tête, suivi de l'herbicide aminotriazole, interdit d'usage depuis 2015.

Pour les autres substances dangereuses, comme en métropole, les HAP arrivent en tête, dans les dix premiers rangs du classement. « Peu de substances ont un taux de quantification supérieur à 1 % : moins d'une dizaine pour ces deux départements contre une vingtaine en métropole », souligne toutefois le Sdes.

1. Lire Elaboration des Sdage : le défi du bon état<br /><br />
https://www.actu-environnement.com/dossier-actu/bon-etat-directive-cadre-europeenne-eau-dce-sdage-2022-2027-consultation-87
2. Télécharger La pollution chimique des cours d'eau et des plans d'eau en France de 2000 à 2020
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-42144-pollution-chimique-cours-plan-eau-sdes-ministere-transition-ecologique-hap-pesticides.pdf
3. L'indice des pressions toxiques cumulées est la somme des quotients de danger de chaque substance présente en mélange4. Les substances prises en compte dans l'indice des pressions toxiques cumulées répondent aux conditions suivantes : • Être surveillée sur au moins 50% des bassins hydrographiques; • Être surveillée sur au moins 10 % des stations de chaque bassin hydrographique ; • Présenter au moins 100 analyses par an et par bassin de métropole (au moins 20 analyses par an et par bassin d'outre-mer) ; • Présenter au moins 1 % d'analyses quantifiées sur la période d'étude (l'IPTC se fonde uniquement sur des valeurs quantifiées) ; • Avoir été analysée avec une méthode dont la limite de quantification maximale est inférieure au seuil de toxicité de la substance (PNEC ou NQE). La liste finale en comporte 64 pour la France entière : 18 sont spécifiques à la métropole, 23 sont spécifiques à l'outre-mer et 26 sont communes à l'ensemble des territoires.5. Benzo(k)fluoranthène, Tetrachloroethylène, 4-tert-octylphenol, Anthracène, Benzo(b)fluoranthène, Chrysène, Fluorène, Indeno(1,2,3-cd) pyrène, Pyrène, Chloroforme, Di(2-ethylhexyl) phtalate, Hexachlorobutadiene, Methyl tert-butyl ether, Phosphate de tributyle et Toluène6. Pour limiter les risques de transfert du chlortoluron depuis les parcelles traitées vers les eaux de surface, la réglementation interdit son usage sur les parcelles artificiellement drainées.7. La Commission européenne a prolongé l'autorisation de mise sur le marché du S-métolachlore jusqu'au 15 novembre 2024. L'Anses devra conduire une évaluation des risques des produits à base de S-métolachlore avant d'accorder de nouvelles autorisations de mise sur le marché.8. Lire PFAS : une pollution qui redevient visible<br /><br />
https://www.actu-environnement.com/dossier-actu/PFAS-eau-industries-villes-reach-polluants-eternels-mousses-anti-incendie-vallee-chimie-95

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