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Objectifs de développement durable : entre lente progression, stagnation et reculs

À l'occasion du dernier forum politique de haut niveau consacré aux Objectifs de développement durable, l'ONU a sonné l'alerte : les évolutions ne sont pas à la hauteur des enjeux, au risque de faire perdurer un monde à deux vitesses.

Gouvernance  |    |  N. Gorbatko
Objectifs de développement durable : entre lente progression, stagnation et reculs

Des progrès « faibles et insuffisants » sur la moitié des Objectifs de développement durable (ODD) : tel est le bilan dressé par l'Organisation des Nations unies (ONU) de l'avancement de ces 17 orientations, lors de son dernier forum politique de haut niveau consacré à ce sujet. À « mi-chemin » de l'horizon fixé à 2030, cette plateforme mondiale de suivi des ODD s'est tenue entre le 10 et le 19 juillet dernier, à New York, en présence de parties prenantes, de ministres et autres décideurs politiques. Cette année, elle était plus particulièrement consacrée à l'examen des Objectifs 6 (eau propre et assainissement), 7 (énergie propre et d'un coût abordable), 9 (industrie, innovation et infrastructure), 11 (villes et communautés durables) et 17 (partenariats pour la réalisation des objectifs).

Dans un contexte de changement climatique, d'effondrement de la biodiversité et de guerre ukrainienne enlisée, après une longue pandémie de Covid-19, source d'exacerbation des inégalités, le constat est peu réjouissant. Une évaluation des quelque 140 cibles offrant des données disponibles montre que seules 12 %, environ, sont en voie d'être atteintes. Plus de la moitié d'entre elles accusent un retard modéré ou sérieux. Pour 30 %, on ne constate aucune évolution, voire la situation a régressé.

Un retard alarmant

Dans le domaine plus spécifiquement environnemental, l'accès à l'électricité est en hausse dans les pays les plus pauvres, ainsi que la part des énergies renouvelables dans leur mix énergétique. La proportion des eaux placées sous juridiction nationale couvertes par des aires marines protégées a plus que doublé en cinq ans. Mais les émissions de gaz à effet de serre continuent d'augmenter, tout comme les vagues de chaleur, les sécheresses, les inondations et les incendies de forêt. La montée du niveau de la mer menace des centaines de millions de personnes. Les océans comptent plus de 17 millions de tonnes métriques de pollution plastique, volume qui pourrait doubler ou tripler d'ici à 2040, et l'on assiste à la plus grave extinction d'espèces depuis les dinosaures.

Le monde est « terriblement en retard », s'alarment de hauts responsables de l'ONU, tandis qu'António Guterres, son secrétaire général, souligne « l'abîme financier » qui menace de nombreux pays confrontés à une « myriade de défis », des flux d'aide publique au développement bien inférieurs aux engagements pris et des taux d'intérêt jusqu'à huit fois plus élevés que pour les pays développés. Le déficit de financement annuel des ODD est ainsi passé de 2 500 milliards de dollars avant la pandémie de Covid à 4 200 milliards environ aujourd'hui. « Les gouvernements croulent sous les dettes (…) et 52 pays sont en défaut ou proches du défaut, sans système efficace d'allégement de la dette en vue, relève António Guterres. L'ambition, l'urgence et la solidarité ont fait défaut ».

Quinze ans pour tenter de changer de cap

Adopté en 2015 par les 193 États membres de l'ONU, l'Agenda 2030 de développement durable fixe 17 Objectifs (ODD), inséparables, visant à répondre aux enjeux mondiaux de développement durable : climat, biodiversité, énergie, eau, pauvreté, égalité des genres, prospérité économique, paix, agriculture, éducation… Il met notamment l'accent sur les liens entre lutte contre la pauvreté et préservation de la planète face aux dérèglements climatiques. Il engage les pays à les mettre en œuvre à l'échelle nationale et locale, avec la participation de la société civile, des citoyens et du secteur privé.

Du collectif et du local

Les participants au forum ont malgré tout cherché à identifier des solutions et des stratégies pour redresser la barre. Tous insistent d'abord sur la nécessité d'un effort collectif impliquant les gouvernements, la société civile, le milieu universitaire, les entreprises et les individus. À ce titre, ils jugent « essentiel » de favoriser les partenariats multipartites, en matière d'innovation technologique notamment, mais aussi de mobiliser plus de ressources. António Guterres invite notamment les pays à transformer l'architecture financière internationale actuelle, « obsolète, dysfonctionnelle et injuste » à ses yeux. Les participants mentionnent aussi le rôle vital du secteur privé pour stimuler une croissance économique durable et inclusive, grâce à des pratiques commerciales et des investissements responsables.

Lachezera Stoeva, présidente du Conseil économique et social des Nations unies (Ecosoc) ajoute pour sa part la nécessité d'adapter la mise en œuvre des ODD aux conditions et aux priorités locales, en veillant à ce que les gouvernements et les communautés locales s'approprient les objectifs. Dans ce domaine, la France aura des efforts particuliers à accomplir : selon une étude menée en mai dernier par le réseau national du Pacte mondial des Nations unies, destiné à impliquer les entreprises dans la démarche ODD, seuls 11 % des Français connaîtraient véritablement cette approche, contre 80 % au Danemark ou en Espagne.

Un état des lieux français imparfait

Cette année, comme 38 autres pays, l'Hexagone présentait d'ailleurs sa revue nationale volontaire et, notamment, l'avancement des six enjeux de sa feuille de route : agir pour une transition juste ; transformer les modèles de sociétés par la sobriété carbone et l'économie des ressources naturelles ; s'appuyer sur l'éducation et la formation pour faire évoluer les comportements ; agir pour la santé et le bien-être, notamment via une alimentation et une agriculture saines et durables ; rendre effective la participation citoyenne à l'atteinte des ODD et œuvrer en faveur de la transformation durable des sociétés.

Si la France se félicite de « bonnes avancées » en termes d'agriculture biologique, de qualité de l'eau et de l'air ou d'un accès à l'eau et à la nourriture satisfaisant, elle reconnaît l'existence de points de vigilance : en matière de biodiversité, d'artificialisation des sols ou d'empreinte carbone notamment. Par ailleurs, sa consommation de produits phytosanitaires ne baisse pratiquement pas (- 0,3 %) et 9,2 millions de ses ressortissants restent en dessous du seuil de pauvreté.

Une mobilisation attendue

Il reste désormais moins de dix ans aux 193 États membres des Nations unies pour atteindre les 17 ODD et éviter d'aboutir, comme le craint António Guterres, à « un monde fragmenté à deux vitesses ». Sans amélioration du rythme actuel de « progrès », les sources d'énergie continueront de ne représenter qu'une fraction de l'approvisionnement énergétique mondial en 2030, indique l'ONU. Quelque 660 millions de personnes resteront sans l'électricité et près de 2 milliards continueront à dépendre de combustibles et de technologies polluants pour cuisiner, par exemple.

« Échouer à mettre en œuvre les principes régissant les ODD que sont l'inclusion sociale, une énergie propre, un accès universel aux services publics ainsi qu'une consommation et une production responsables conduira à multiplier encore les crises et les rivalités géopolitiques », plaident Oliver Röpke et Peter Schmidt, respectivement président du Comité économique et social européen (Cese) et président de la section agriculture, développement rural et environnement de cette instance, dans une tribune publiée le 18 juillet sur le site en ligne Toute l'Europe.

« Si les ODD ne sont pas mis en œuvre, les entreprises et la compétitivité future en pâtiront également », estiment-ils aussi. Un Sommet des ODD aura lieu les 18 et 19 septembre prochains. Le secrétaire de l'ONU a exhorté les pays à s'y rendre avec des plans, et des promesses claires, susceptibles de renforcer leur action jusqu'en 2030, afin de « faire en sorte que 2023 compte ».

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