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Climat : un panel de solutions pour mieux adapter les bâtiments

Penser des bâtiments adaptés dès leur construction ou dès les opérations de rénovation sera moins cher que de devoir réinvestir a posteriori, estime I4CE. Les solutions préventives existantes face aux vagues de chaleur sont à généraliser.

Bâtiment  |    |  R. Boughriet
Climat : un panel de solutions pour mieux adapter les bâtiments

Dans l'attente de la présentation par le Gouvernement du troisième Plan national d'adaptation au changement climatique (Pnacc), l'Institut de l'économie pour le climat (I4CE) a livré, dans un rapport (1) publié le 5 avril, une première estimation des coûts d'adaptation aux aléas climatiques, notamment dans le secteur du bâtiment. Alors que 48 % du parc de bâtiments en France métropolitaine seraient exposés à un risque fort ou très fort avec un réchauffement climatique de + 2 °C en 2030, la proportion passerait à 93 % à + 4 °C en 2100.

L'institut estime que pour adapter le bâti aux vagues de chaleur les coûts supplémentaires pourraient grimper entre 1 et 2,5 milliards d'euros par an pour la construction neuve et à 4,4 milliards par an pour le parc existant. De quoi alors limiter le recours à la climatisation, très gourmande en énergie et très coûteuse. Encore faut-il mieux l'anticiper.

Des solutions alternatives existent pour une adaptation plus proactive

« Aujourd'hui, il y a une forme réactive d'adaptation. Une vague de chaleur et les ménages achètent des climatiseurs. Il faudrait une adaptation un peu plus proactive et il y a des moyens de le faire, estime Benoît Leguet, directeur général d'I4CE. Typiquement, pour répondre aux vagues de chaleur qui risquent de s'amplifier dans le bâtiment, il faudrait rénover l'enveloppe du bâti, une opération qui pourrait être réalisée une ou peut-être deux fois d'ici à 2050, ce qui ne coûterait alors pas trop cher », selon le spécialiste, qui s'exprimait, le 6 mars dernier, à l'invitation du média Construction 21.

I4CE évalue ainsi le surcoût pour l'adaptation aux vagues de chaleur à quelque 10 % pour les rénovations, et entre 2 et 5 % pour la construction neuve et aller alors « au-delà de la réglementation actuelle sur la question du confort d'été ». Ces surcoûts peuvent correspondre à des travaux complémentaires réalisés au moment de l'opération (comme la mise en place d'un puits climatique dans le neuf ou de protections solaires en rénovation) ou à des travaux réalisés différemment parce que l'on tient compte du changement climatique : réalisation de logements traversants dans le neuf, changement dans l'épaisseur ou du matériau isolant, dimensionnement différent du système de ventilation en rénovation.

“ Pour répondre aux vagues de chaleur qui risquent de s'amplifier dans le bâtiment, il faudrait rénover l'enveloppe du bâti ” Benoît Leguet, I4CE
Un autre exemple de réactions spontanées illustre également le coût de la prise en charge publique des dommages et des réparations. C'est face aux inondations ou au phénomène de retrait-gonflement des sols argileux (RGA) que les assureurs indemnisent ces sinistres, à hauteur de 2 milliards d'euros par an en moyenne. Les bâtiments sont alors réparés ou reconstruits le plus souvent à l'identique (comme dans le cas de la reprise des fondations de maisons fissurées par le RGA). « Sur le RGA, qui est une conséquence de la sécheresse, on n'a pas réussi à livrer un chiffrage, mais on recommande de réaliser des études complémentaires à la fois sur la vulnérabilité du parc et afin de trouver des solutions. On ne peut pas simplement se résoudre à compenser les dommages dans l'intention de résoudre le problème », pointe Benoît Leguet.

De même, concernant les risques de feux de forêt ou d'inondations, le directeur général estime qu'il faudrait avant tout réfléchir à l'échelle du quartier, voire d'une ville, d'une métropole ou même d'un département. « Cela appelle clairement à favoriser des solutions collectives coordonnées. »

Les attentes d'I4CE pour le prochain Pnacc

Sans une politique d'adaptation « plus ambitieuse », les réactions spontanées observées se révèlent donc « peu efficaces, souvent plus coûteuses pour les finances publiques et représentent déjà plusieurs milliards d'euros par an », soulignent les auteurs du rapport. Le directeur d'I4CE attend par conséquent du prochain Pnacc, qui sera présenté au début de cet été, « qu'il systématise la prise en compte du climat futur, du confort d'été, dans les normes de construction neuve et les critères des aides à la rénovation ». Le besoin additionnel, selon I4CE, pour atteindre 900 000 rénovations d'ampleur par an en 2030 est estimé autour de 27 milliards d'euros par an.

Benoît Leguet juge, en outre, qu'il faudrait que le plan d'adaptation « soit adossé à un budget cohérent ». À ce propos, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, vient d'annoncer la création d'un fonds, attendu en 2025, pour financer les projets de prévention et d'adaptation dans les zones exposées aux phénomènes climatiques, incluant le risque d'érosion côtière.

Par ailleurs, I4CE plaide pour que le Pnacc puisse  « générer de la demande, notamment dans les marchés publics », afin de déployer les solutions d'adaptation disponibles. Associé Mission adaptation et régénération dans le cabinet d'audit Mazars, Maximilien Rouer répond également favorablement à cet appel du pied et met aussi en avant les technologies dites « parasols ». Il s'agit de solutions existantes, « à coût maitrisé et très largement déployées à travers le monde » a-t-il indiqué, lors du congrès de Construction 21.

Un panel de solutions préventives disponibles

Selon Maximilien Rouer, pour lutter contre la chaleur en ville, la priorité devrait être d'apporter de l'ombre à l'échelle du bâti, grâce à l'intégration d'ombrières, notamment photovoltaïques, mais aussi de développer la technique du « cool roofing, » via des peintures adaptées sur les toits, pour limiter la hausse des températures à l'intérieur des bâtiments.

Une troisième solution « plus low tech » serait également d'installer des plantes grimpantes sous forme « de pergolas végétales », recommande-t-il. « Là, où l'on ne peut pas mettre d'arbres ni de toitures ou de sols végétalisés. C'est-à-dire les rues, les places, les avenues ou les parkings. » Ces solutions sont « immédiatement applicables », assure l'expert de Mazars. Pour les financer, il conseille de « réinventer les notions de partenariat public-privé, d'écosystèmes territoriaux ».

Si I4CE estime ainsi que l'on peut concevoir une politique d'adaptation des bâtiments existants aux vagues de chaleur, « plus ou moins ambitieuse en piochant dans un panier de solutions bien connues », c'est moins le cas face au retrait-gonflement des argiles (RGA).

Car pour l'heure, des expérimentations sont lancées pour tester de nouvelles solutions. Parmi elles, on retrouve le dispositif Mach (pour Maison confortée par humidification), développé par le Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema). Cette solution se base sur la réhumidification des sols des fondations des maisons sinistrées liées au RGA, pendant les périodes de sécheresse, avec de l'eau de pluie préalablement récupérée et stockée. « Une expérimentation entre 2016 et 2020 a déjà été menée sur une maison habitée et sinistrée. Elle montre que les fissures existantes qui étaient apparentes sont stabilisées, ce qui semble éviter l'amorce ou la propagation de nouvelles fissures », explique Lamine Ighil Ameur, docteur en mécanique des sols au Cerema. À titre indicatif, ce procédé expérimental a été mis en place pour un coût total de 15 000 euros HT, « soit un coût nettement inférieur à celui d'un confortement en sous-œuvre traditionnel », affirme le Cerema.

Ces résultats sont donc encourageants au regard du volume de biens exposés à ce risque, qui s'élève à plus de 10,4 millions de maisons actuellement. « Un chiffre amené à augmenter », prévient l'expert du Cerema, compte tenu des sécheresses plus fréquentes et plus intenses en France.

1. Télécharger le rapport d'I4CE
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-43841-anticiper-effets-climat-adaptation-I4CE.pdf

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