Pour la première fois, la Liste rouge des espèces menacées en France a trait aux champignons, (1) et plus particulièrement à trois groupes : les bolets, les lactaires et les tricholomes. Sur les 319 espèces recensées dans ces trois groupes, douze sont menacées et seize sont quasi-menacées. Ce qui représente un total de près de 9 % d'espèces menacées ou quasi-menacées. Mais 25 % des champignons évalués sont mal connus, ce qui empêche de déterminer leur statut.
Parmi les espèces menacées, deux sont en danger critique : Le lactaire jaune et lilas ainsi que le lactaire des saules réticulés. Cinq sont en danger : le bolet rubis, le bolet de plomb, le lactaire faux-trivial, le lactaire jaunissant boréal et le tricholome brûlant. Ces résultats sont le fruit d'analyses coordonnées par le Comité français de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l'Office français de la biodiversité (OFB) et le Muséum national d'histoire naturelle (MNHN), en collaboration avec l'Association pour le développement d'outils naturalistes et informatiques pour la fonge (Adonif).
« Les principales menaces pour ces espèces, expliquent les chercheurs, sont la destruction et la dégradation de leurs habitats naturels, incluant la sylviculture intensive avec l'abattage des vieux arbres et les coupes rases, la conversion de certaines forêts en terres agricoles, ainsi que l'urbanisation et les aménagements touristiques en montagne. Le changement climatique représente une autre grande menace, asséchant en particulier l'habitat des espèces de milieux frais et humides ou augmentant la fréquence des tempêtes, des sècheresses et des incendies pour les espèces forestières. D'autres pressions, comme le drainage et le remblaiement des zones humides, l'épandage d'engrais et de fongicides ou le pâturage intensif, affectent aussi ces espèces. »
« Malgré les menaces qui s'exercent sur leurs habitats naturels, aucune espèce de champignons ne fait à ce jour l'objet d'un programme de conservation dédié ou de mesures spécifiques de protection », indiquent les organismes partenaires. La Liste rouge doit précisément permettre d'orienter les priorités d'action pour sauvegarder ces espèces. Cet état des lieux souligne en tout cas l'importance de la lutte contre le changement climatique et de la préservation des milieux naturels, en particulier forestiers.