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Actu-Environnement

Ecophyto 2030 : un changement de méthode pour réduire l'usage des pesticides ?

Un changement de méthode est annoncé pour le prochain plan Ecophyto qui sera présenté à la rentrée. Un calendrier de retrait des substances sera fixé pour permettre aux filières d'anticiper et trouver collectivement des solutions alternatives.

Ecophyto 2030 : un changement de méthode pour réduire l'usage des pesticides ?

Un Comité d'orientation stratégique et de suivi du plan national de réduction des produits phytopharmaceutiques (PPP) Ecophyto 2+ s'est réuni, mardi 11 juillet, pour lancer officiellement les travaux du nouveau plan Ecophyto 2030. Cinq ministres (Agriculture, Transition écologique, Enseignement supérieur, Santé et Outre-mer) y ont dévoilé les grandes orientations de ce prochain plan, qui sera présenté après l'été.

En parallèle, les indicateurs de suivi du plan pour l'année 2022 ont été présentés. Ils « marquent une diminution marquée et historique de l'usage des phytos, signe de l'action engagée depuis 2017 », se félicite le communiqué officiel. Un avis que ne partage pas l'association Générations futures, qui note, de son côté, une tendance à la hausse en 2022.

Un calendrier de retrait des substances et des stratégies d'action

L'objectif du prochain plan est d'« adopter une démarche plus globale sur les produits phytopharmaceutiques, centrée autour de deux objectifs : la réduction de leurs usages et des risques pour la santé humaine et l'environnement [et] l'adaptation des techniques de protection des cultures pour ne pas laisser les agriculteurs sans solution ».

Alors que les trois premiers plans n'ont pas permis d'atteindre les objectifs fixés, loin de là, le Gouvernement souhaite « mettre en place une nouvelle méthode collective », afin de mieux anticiper le retrait des substances actives. Un calendrier de retrait sera notamment fixé et il sera accompagné de travaux d'identification de solutions alternatives.

« Ce travail est engagé depuis début mai dans le cadre du comité interfilières », indique le communiqué de presse. La première phase de ces travaux a permis d'identifier les « situations dans lesquelles le potentiel retrait de substances actives pourrait remettre en cause à court terme la capacité à conduire et protéger les cultures. Cela permet de disposer d'une vision des usages sous tension filière par filière et d'une première liste d'usages pour lesquels il conviendrait de conduire rapidement des actions ». Des diagnostics vont être réalisés afin de faire le point sur les besoins de recherche, de développement et d'accompagnement « pour rendre les alternatives opérationnelles » et définir une stratégie d'action partagée.

Les travaux de recherche des solutions alternatives non chimiques seront amplifiés, « en particulier dans le domaine du désherbage », indique le communiqué. L'objectif est d'accélérer et de massifier les changements de pratiques et de systèmes.

Enfin, comme le demandent souvent les agriculteurs, le plan visera à réduire les distorsions de concurrence européenne et internationale, en mettant en place des mesures miroirs et en veillant à leur articulation avec le règlement encadrant l'usage des produits phytopharmaceutiques (SUR), présenté par la Commission européenne.

Abandonner l'approche quantitative et toucher au porte-monnaie

Ce changement de méthode portera-t-il ses fruits ? De nombreux acteurs ont régulièrement pointé du doigt l'échec des différents plans Ecophyto. Dans un rapport (1) publié début juillet (mais datant de mars 2021), une mission interministérielle soulignait « l'impact trop faible » des actions engagées jusque-là et l'échec de l'approche par la réduction quantitative des produits phytosanitaires, alors que les autres pays européens ont choisi la voie d'une réduction des risques.

La méthode retenue n'a pas non plus fait ses preuves. « Cette politique publique utilise en priorité des outils de communication, d'animation et de promotion des bonnes pratiques agricoles. Elle mise principalement sur le "regard par-dessus la haie" pour que les pratiques identifiées percolent dans l'ensemble de la profession, et mobilise la recherche et la formation pour identifier, inventer et promouvoir les alternatives les plus efficaces », analyse la mission. Or, malgré les bons résultats enregistrés par les fermes Dephy et la démonstration de la faisabilité de la réduction des phytos en maintenant de bons rendements, la massification des bonnes pratiques n'a pas eu lieu.

La mission recommande plutôt d'opter pour une stratégie de réduction des risques, qui passe par « une plus forte intensité sur un nombre limité de leviers choisis, en tenant compte des délais normaux de diffusion des innovations complexes et multiples qui sont nécessaires pour réduire fortement l'usage des PPP ». Elle préconise, entre autres, d'utiliser plus fortement les leviers financiers (fiscalité incitative, régimes d'aide et conditionnalité de leur distribution, taxation…) pour impulser les changements nécessaires.

Des indicateurs à revoir ?

Lors de la réunion du 11 juillet, les indicateurs de suivi du plan Ecophyto pour l'année 2022 ont également été présentés. Selon le ministère, ils « marquent une diminution marquée et historique de l'usage des phytos, signe de l'action engagée depuis 2017 ».

La quantité de substances actives vendues, hors produits utilisables en agriculture bio et biocontrôle, est en baisse de 20 % par rapport à la moyenne de 2015-2017. Le ministère de l'Agriculture note néanmoins une stabilisation ces trois dernières années, « dans un contexte de pression biotique faible à modéré ».

Quant aux chiffres (provisoires) du nombre de doses utilisées (Nodu), il s'élève à 89,4 millions d'hectares en 2022, soit au-dessus de la moyenne 2020-2022, mais en régression de 11,5 % par rapport à 2015-2017. Générations futures souligne, de son côté, une augmentation de 3,5 % par rapport à 2021. « Le Nodu 2022 est toujours très supérieur au Nodu de départ du plan (année 2009), puisque qu'il se situe à + 9 % au-dessus (l'objectif du plan Ecophyto est de réduire de 50 % ce Nodu de départ !) », analyse son président, François Veillerette.

Enfin, note le communiqué du ministère, les ventes des produits les plus dangereux (classés CMR1) sont « très proches de zéro ».

La mission interministérielle souligne de son côté que les quantités de substances actives vendues et les doses utilisées sont en hausse jusqu'en 2018. Elle estime cependant que ces deux indicateurs ne mesurent pas, ou mal, la réduction des risques. Autrement dit : la suppression des molécules les plus dangereuses, la création de zones de non-traitement à proximité des lieux abritant des populations vulnérables, le soutien au développement de l'agriculture biologique ou encore la substitution de certaines molécules par des produits de biocontrôle.

1. Consulter le rapport
https://agriculture.gouv.fr/telecharger/137766

Réactions2 réactions à cet article

C'est d'abord un changement total de doctrine au sein du ministère de l'agriculture qu'il faut opérer. Il y a urgence à débrancher sa ligne directe avec l'agro-industrie ! Tant que la cogestion décisionnelle et l'ingérence des intérêts catégoriels du privé dans la sphère publique demeureront la règle, rien ne pourra changer.

Pégase | 16 juillet 2023 à 16h18 Signaler un contenu inapproprié

Ce qui est fort dommage dans ces chiffres, c'est qu'on additionne des produits CMR (cancérigène, mutagène, toxiques pour la reproduction) avec la graisse de mouton ou le poivre utilisés pour empêcher les lapins ou les chevreuils de croquer les plants. Depuis plus de 10 ans l'Etat n'a pas été fichu de faire des indicateurs différenciés par catégorie de substances. Un indicateur intéressant pourrait être le montant de la taxe sur les produits phyto puisqu'elle varie en fonction du classement du produit.

abeilles | 30 août 2023 à 09h53 Signaler un contenu inapproprié

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