Si le bois-énergie présente des atouts indéniables en termes d'émission de CO2, il peut en effet conduire à des émissions d'autres polluants atmosphériques : oxydes d'azote (NOx), monoxyde de carbone (CO), composés organiques volatils (COV), particules, hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP)… L'Ineris a donc cherché à qualifier et à quantifier l'impact de ces appareils en conditions réelles de fonctionnement. Il a réalisé pour cela des mesures à l'émission, à l'intérieur et à l'extérieur d'habitations situées en zones rurales et équipées de différents types de foyers plus ou moins récents. Outre les composés chimiques classiquement étudiés dans ce type d'étude comme les HAP, les aldéhydes et les COV, des traceurs spécifiques de la source ''combustion de biomasse'' ont également été analysés. Il s'agit du lévoglucosan et des méthoxyphénols.
Des performances globalement conformes à celles mesurées sur banc
Résultat, cette étude a permis de démontrer que dans les conditions réelles de fonctionnement, le rendement des installations est souvent plus élevé que celui observé lors d'essais sur banc du fait de l'échange et de la récupération de chaleur par le conduit. Mais ce rendement peut être affecté par de nombreux facteurs et notamment les caractéristiques d'installation, l'entretien des appareils et les conditions météorologiques…
Néanmoins les taux d'émissions de polluants obtenus pour cette étude sont globalement de même ordre de grandeur que les données obtenues lors de l'étude de l'Ineris effectuée sur banc d'essai en 2002 dans les mêmes conditions sauf pour le benzène et les particules dont les concentrations semblent moins élevées que prévu.
Un impact marqué mais difficilement quantifiable
En comparant les mesures effectuées dans la cour des habitations testées avec le bruit de fond alentour, les auteurs de l'étude concluent que la combustion de bois a un impact marqué sur la qualité de l'air en milieu rural. La présence de lévoglucosan et de méthoxyphénols l'atteste. De plus, les concentrations en particules et en benzène mesurées sont supérieures aux moyennes mensuelles connues sur place alors que le taux de NO2 est inférieur. Si cela confirme la présence d'une source ''non automobile'' de particules et de benzène sur les sites ruraux étudiés, l'étude n'a toutefois pas permis de quantifier précisément la contribution du bois-énergie.
À l'intérieur des maisons, les mesures ont été réalisées dans la pièce où le foyer était installé et dans une chambre à coucher. Cette étude démontre que le chauffage au bois a une influence variable sur l'ensemble des composés qui ont été étudiés : influence mineure pour le NO2 et le CO, notable pour les particules et majeure pour le benzène et les HAP. Les concentrations mesurées restent cependant de l'ordre des concentrations moyennes habituellement rencontrées dans les logements.
Les concentrations en traceurs spécifiques de la combustion mesurées démontrent que l'impact de cette source n'est pas limité à la seule pièce munie de l'appareil et que ces concentrations sont influencées par le taux de renouvellement d'air de l'habitation. D'autre part, la détection du lévoglucosan même en l'absence de fonctionnement de l'appareil de chauffage semble indiquer un phénomène de rémanence de ce type de pollution.
Qualifiée de ''riche de résultats et d'enseignements'' par l'Ineris, cette étude doit désormais être complétée. ''Cette étude est restée limitée à quelques maisons en zones rurales pour des raisons de faisabilité et de coûts. Il est donc souhaitable de reproduire le protocole mis en œuvre pour d'autres habitations, d'autres contextes,'' explique l'Ineris.