« Nous annonçons avec la filière sidérurgique, colonne vertébrale de notre industrie, mais également un des secteurs aujourd'hui les plus émetteurs, un partenariat inédit pour construire ensemble son avenir. » En déplacement, ce 4 février, à Dunkerque, avec les ministres de la Transition écologique, Barbara Pompili, de l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, et de l'Économie, Bruno Le Maire, le Premier ministre, Jean Castex, a présenté une série de mesures destinées à décarboner l'industrie française. L'objectif : réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur industriel (notamment en chimie, ciment et métallurgie) de 26 millions de tonnes par an (MtCO2e/an) d'ici à 2030, soit 35 % de moins qu'en 2015.
Accompagner la « décarbonation profonde » de l'industrie
Pour cela, le gouvernement annonce investir 5,6 milliards d'euros dans le cadre du plan France 2030, doté actuellement d'une enveloppe de 34 milliards. Cinq milliards seront fournis sous forme d'aides directes au développement de solutions de « décarbonation profonde ». Parmi ces aides, un milliard financera le déploiement de technologies déjà mâtures, précédemment accompagnées par le plan France Relance, en matière de chauffage bas carbone et d'efficacité énergétique.
Les 4 milliards supplémentaires, destinées à l'utilisation d'hydrogène décarboné et de systèmes de capture et de stockage de carbone (CCS), seront distribués à l'aide d'un « mécanisme de compensation » encore à déterminer. S'inspirant du cadre européen du paquet « Fit-for-55 », l'État se proposera de compenser financièrement les industriels en fonction de leur taux d'émissions évitées. Les modalités exactes de ce dispositif sont soumises à consultation publique (1) , jusqu'au 1er avril prochain.
Par ailleurs, les 610 millions d'euros restants iront au lancement de la Stratégie d'accélération de la décarbonation de l'industrie, par le biais du Programme d'investissements d'avenir (PIA4). Cette stratégie s'attèlera à financer divers projets d'innovation à travers quatre nouveaux appels à projets :
- Zibac, pour le développement de zones industrielles bas-carbone ;
- IBac-PME, pour favoriser le déploiement de briques technologiques dans des PME ;
- DemiBac, pour soutenir des projets supérieurs à 1,5 million d'euros, comme la mise en œuvre de démonstrateurs ;
- Solinbac, pour l'ouverture de nouvelles usines bas carbone, une diversification d'activités, etc.
Arcelormittal rénove ses fours
L'ambition de la filière sidérurgique
En parallèle des annonces du gouvernement, le Comité stratégique de la filière « Mines et métallurgie » a présenté son nouveau plan acier. En matière d'environnement, les acteurs de la filière affirment leur intention d'atteindre, ensemble, la neutralité carbone en 2050. Dans cette optique, ils s'engagent à réduire leurs émissions de 31 % d'ici à 2030.
Pour rappel, l'ambition d'ArcelorMittal est de réduire de 40 % ses émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2027. Cela représente 7,8 MtCO2e/an, « soit 10 % des émissions industrielles, ou 2 % des émissions totales en France » (estimées entre 390 et 550 MtCO2e/an en 2020), énonce le gouvernement. À l'heure actuelle, le sidérurgiste français émet 19,5 MtCO2e/an, environ un quart des émissions industrielles de France. « Son site de Dunkerque est un des cinq sites les plus émetteurs de CO2 en France et un des plus importants sites de production d'acier en Europe », rappelle la ministre, Agnès Pannier-Runacher.