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Actu-Environnement

Génie écologique : un marché prometteur

La restauration des cours d'eau, la préservation des écosystèmes dans les projets d'infrastructures sont autant d'activités relevant du génie écologique. Un marché appelé à croître tiré par la réglementation en faveur de la biodiversité.

   
Génie écologique : un marché prometteur
   

La filière "génie écologique" française encore en balbutiement répond à la nécessité de préservation et de valorisation des ressources naturelles. Cette filière ''verte incontournable'' est ''porteuse d'activités et d'emplois'', a souligné le 29 novembre Emilie Babut, chargée de mission au ministère de l'Ecologie. Cette dernière s'exprimait à l'occasion d'une conférence organisée au salon Pollutec à Villepinte (93), en partenariat avec le pôle de compétitivité Hydreos.

"Travailler avec et pour le vivant"

Concrètement : restaurer les cours d'eau, entretenir les espaces naturels, pratiquer l'agroforesterie ou encore préserver la biodiversité dans les projets d'aménagement et gérer les effluents sont autant de compétences qui relèvent du génie écologique, a rappelé Mme Babut. Et autant de métiers divers au service de la biodiversité : biologistes, naturalistes, hydrologues, ingénieurs ... Autres exemples : la réhabilitation des sols pollués par les métaux lourds, via la technique de phytoremédiation (semis de plantes accumulatrices de ces polluants) ou l'épuration des eaux par les microorganismes (phytoépuration), mais aussi le développement d'alternatives aux procédés de production conventionnels, comme les toitures et murs végétalisés dans le cas du secteur de la construction.

Qu'est-ce que le génie ou l'ingénierie écologique ?

Le génie ou l'ingénierie écologique peut être défini comme étant l'application des principes de l'écologie à la gestion de l'environnement. Il consiste en un corps de métiers qui regroupe connaissances, moyens, méthodes et intervenants au service de la biodiversité et fait appel à la science et, de fait, la manipulation des systèmes vivants.

Ces activités de création, restauration et aménagement d'écosystèmes s'opèrent donc dans différents secteurs d'activités (agriculture, pêche, industries extractives, chimie, production électrique, architecture, manutention d'infrastructures…) via des opérations d'études, de maîtrise d'œuvre, de travaux et de gestion.

Un marché français ''en devenir" tiré par la réglementation

Ces opérations permettent de ''bénéficier des services rendus par la nature'' et de répondre aux objectifs fixés notamment par les réglementations française et européenne en matière de gestion de l'eau et préservation des ressources naturelles, rappelle Emilie Babut. A l'instar de la stratégie nationale pour la biodiversité 2011-2020 inscrite dans le Grenelle qui prévoit notamment la mise en œuvre des trames vertes et bleues (corridors écologiques) en milieu urbain. Les milieux aquatiques ''font l'objet d'une part importante des opérations de génie écologique, et la demande pour ces prestations est en forte croissance, car elles contribuent à l'atteinte du bon état des eaux exigé pour 2015 au niveau européen par la directive-cadre sur l'eau de 2000'', relève-t-elle. Cette nouvelle filière peut par conséquent apporter des solutions à des obligations environnementales ''pour les acteurs publics comme pour le secteur privé''.

Dans un rapport publié en juin dernier, (1) le comité biodiversité - mis en place dans le cadre du plan gouvernemental des métiers de la croissance verte - estime qu'environ 22.000 Français ont pour activité principale de contribuer au bon état de fonctionnement des écosystèmes, pour qu'ils assurent notamment les services écologiques attendus. Ces salariés exercent ''dans le secteur des espaces naturels ou dans un autre secteur économique au sein d'une quarantaine de métiers identifiés". Pour faire face aux enjeux de l'érosion de la biodiversité, le comité considère que l'objectif est d'atteindre le chiffre de 30.000 professionnels en 2015, et 40.000 à l'horizon 2020.

Structurer la  filière

La mise en oeuvre du Grenelle devrait aboutir ''à elle seule à la création d'un millier d'emplois supplémentaires dans ce domaine (trame verte et bleue, protection des zones humides...). Dans la plupart des entreprises et autres filières, une grande part des équivalents temps plein nécessaires proviendront de reconversion et d'adaptation des compétences pour des emplois existants'', projette le comité en soulignant "une réelle opportunité'' de création d'emplois pour des PME spécialisées en génie écologique.

Bureaux d'études, entreprises de travaux en milieux naturels, fournisseurs de matériels et matériaux (dont le géotextile) … Entre 150 à 200 PME françaises de la filière, selon Emilie Babut, sont aujourd'hui ''capables de répondre à ce marché'' en faveur de la biodiversité estimé à 2 milliards d'euros en 2012 et 3 milliards en 2020, par le cabinet Boston Consulting Group. Certaines sociétés de services dans les domaines de l'eau et de l'assainissement s'intéressent aussi de plus en plus à ce marché, ajoute-t-elle. Le marché en France ''comme à l'export'' est appelé à être ''en forte croissance en raison de sa contribution'' à l'atteinte des objectifs réglementaires, selon elle.

Mais reste encore ''à structurer une véritable filière'' dans l'Hexagone, prévient-elle. A part pour les espaces naturels protégés, les métiers dans les autres activités économiques sont en effet récents et dispersés dans différents secteurs d'activités. L'objectif du ministère est de ''renforcer la visibilité, la technicité et la crédibilité" de la filière. "Dans une société qui discute le besoin de changement dans la gestion de l'environnement, l'ingénierie écologique est un réel espoir et une opportunité nouvelle pour l'entreprise d'affirmer sa compétitivité'', a indiqué de son côté Nathalie Frascaria Lacoste, professeur à AgroParisTech et membre du comité biodiversité. ''Le champs d'action est immense, mais on en est aux balbutiements''. De nombreuses entreprises vont être ''amenées à se doter de compétences internes ou faire appel à des prestataires externes" pour répondre à ce marché. Parallèlement, ''les liens entre la recherche et la gestion, la formation initiale et les savoir opérationnels,'' devront être encore renforcés, selon le comité.

L'Etat a notamment lancé jusqu'à fin octobre dernier un appel à projet visant à financer des démonstrateurs dans les domaines de la phytoépuration et la phytoremédiation, ainsi que dans la restauration écologique de milieux littoraux et marins. Le montant par projet s'élève à 70% maximum de financement par l'Etat, sur une assiette de coût de 750.000 € maximum par projet.

Parmi les avancées : si le concept d'ingénierie écologique commence à s'imposer comme un ''atout marketing'' pour les entreprises, un référentiel commun à toute la filière élaboré par l'Afnor depuis 2009 est ''en cours de finalisation''. Il s'agit de la norme X10GE « génie écologique en milieux aquatiques » qui définit une méthodologie de conduite d'un projet appliqué à la préservation et au développement des habitats naturels des zones humides et cours d'eau. Elle devrait être ''homologuée d'ici 2 à 3 mois", a indiqué Jacques Thomas de l'Union des Professionnels du Génie Ecologique (UPGE).

1. Consulter la synthèse du comité
http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/Synthese_11_comites_de_domaines_Metiers_avec_annexes_14_ju.pdf

Réactions2 réactions à cet article

qui interviewe-t-on pour parler d'ingéniérie écologique et de biodiversité en particulier ? Une personne d'AgroParisTech ! A quand la création de filières universitaires 100 % biodiversité et non plus dérivées des filières agricoles, délivrant encore assez largement des notions utilitaristes de la biodiversité sauvage ? Les postes clefs gérant la biodiversité au sein du ministère de l'écologie, des DREAL et autres DDT sont largement occupés par des ingénieurs agro, qui ont une vision assez théorique et très administrative de la biodiversité, même si force est de constater que de plus en plus d'entre eux ouvrent les yeux sur la réalité de la complexité de la biodiversité et acceptent de faire évoluer leurs acquis universtaires.

Esculape | 15 décembre 2011 à 12h07 Signaler un contenu inapproprié

enfin voila une activité dont les services publics de l'environnement et écologie ont grandement besoin. le développement durable sera solidement encadré avec l’amélioration de la santé de notre notre planète. Merci.

moh | 21 décembre 2014 à 16h45 Signaler un contenu inapproprié

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