« La pieuvre a gagné. Les tentacules puissants des lobbies industriels ont eu le dessus sur la mobilisation hors normes (…) pour faire respecter les engagements internationaux de l'Europe », réagit Claire Nouvian, fondatrice de l'association Bloom.
Cette déception de la présidente de l'ONG spécialisée dans la défense des océans résulte du vote de la commission de la pêche du Parlement européen ce mardi 12 novembre. Une majorité de ses membres a confirmé le vote d'avril 2019 des eurodéputés sur l'affectation des six milliards d'euros du Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) pour la période 2021-2027. Ce vote permet d'allouer des subventions publiques à la modernisation de la flotte et à la construction de bateaux neufs, alors que ces dernières avaient été interdites en 2004.
« Depuis plus de vingt ans, tous les scientifiques s'échinent à dire que financer la construction de nouveaux navires revient à financer la surpêche. En dépit des engagements pris par l'Union européenne d'interdire ce type de subventions au niveau mondial d'ici 2020, dans le cadre des objectifs de développement durable et alors que 69 % des stocks européens de poisson sont toujours surpêchés, les eurodéputés relancent la machine infernale de la surpêche en Europe. C'est suicidaire ! », s'indigne Matthieu Colléter, responsable des relations institutionnelles de l'ONG. Outre leur impact sur la biodiversité, ces aides « vont aux gros et mettent les pêcheurs artisans sur la paille », pointe l'eurodéputé de la gauche sociale et écologique Raphaël Glucksmann.
Le projet de texte doit maintenant être examiné en trilogue, c'est-à-dire avec des représentants des trois institutions européennes : Commission, Parlement et Conseil. Deux réunions sont prévues d'ici la fin de l'année.