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Ressources en eau : les tensions nécessiteront des arbitrages… au détriment de l'agriculture ?

Le Centre d'études et de prospectives a analysé plusieurs scénarios prospectifs sur le partage de la ressource en eau. Tous estiment que les tensions vont s'exacerber et que des choix radicaux devront être faits entre les différents usages.

Ressources en eau : les tensions nécessiteront des arbitrages… au détriment de l'agriculture ?

"Les observations sur les quatre dernières décennies alertent sur les tensions dont l'eau fait l'objet, voire questionnent sa pérennité face à une multitude d'usages. Dans le futur, ces déséquilibres entre disponibilité et demande pourraient être exacerbés par de grands changements globaux : croissance démographique, urbanisation, changement climatique…", note le Centre d'études et de prospective (Cep) du ministère de l'Agriculture, dans une analyse sur la place du secteur agricole face à la disponibilité future de la ressource en eau (1) .

Le Cep compare les résultats de trois études prospectives sur la ressource en eau (Aqua 2030 (2) , Garonne 2050 (3) et Explore 2070 (4) ). Toutes partagent un même constat : l'offre va être impactée par le changement climatique (évolution des températures, des régimes de précipitation, multiplication des périodes de sécheresse…) tandis que la demande devrait augmenter (croissance démographique, production énergétique, agriculture, industrie…). Résultat : les scénarios tendanciels ne sont pas soutenables. Dans Garonne 2050 et Aqua 2030, les usages environnementaux de l'eau sont les principales victimes d'une trop forte pression sur la ressource : "Les milieux naturels s'y trouvent fortement impactés par les dynamiques déjà à l'œuvre dans les territoires". Quant au secteur agricole, les situations diffèrent selon les études : diminution des surfaces irriguées dans Garonne 2050, augmentation des prélèvements pour satisfaire l'agriculture intensive dans Aqua 2030 et demande agricole non satisfaite dans Explore 2070

"Ces exercices concluent tous que les tensions vont s'exacerber à l'avenir, forçant l'agriculture à s'adapter, sous l'influence du changement climatique ainsi que des autres prélèvements d'eau". Cela passe notamment par une adaptation des espèces et des variétés cultivées, une évolution des pratiques, de l'irrigation…

Quel degré de priorité donné à l'agriculture ?

Les trois études prospectives proposent des scénarios de sobriété, dont l'objectif est le respect des objectifs de la directive cadre sur l'eau (Aqua 2030) ou l'atteinte d'un débit environnemental des rivières satisfaisant (Garonne 2050). "La satisfaction de l'objectif de « sobriété », dans ces exercices, met en évidence une agriculture qui devra s'adapter, parfois radicalement", souligne le Cep.

Selon les scénarios, la hiérarchisation des usages diffère. Dans Explore 2070, l'agriculture devient "une variable d'ajustement", placée en dernière position dans l'échelle des usages. Dans ce scénario, la totalité des surfaces en maïs irrigué sont converties, pour moitié en céréales sèches et pour moitié en cultures irriguées (30% en blé, 10% en soja et 10% en céréales).

Garonne 2050 penche plutôt pour une limitation de la ressource dévolue au secteur agricole, avec une baisse des prélèvements de 50%. Résultat : une diminution de la surface agricole utile de 20%, une irrigation limitée aux produits à forte valeur ajoutée, accompagnée d'une disparition du maïs consommation, du soja et des pois irrigués. "Ce choix témoigne d'un tiraillement : la volonté de maintenir cette activité économique sur le territoire, tout en la contraignant à s'adapter (diminution des surfaces irriguées, changement de l'assolement) à travers un volume accordé plus faible que celui actuellement mobilisé".

Au final, estime le Cep, les conclusions et recommandations de ces trois études sont proches de celles inscrites dans le plan national d'adaptation au changement climatique (Pnacc), dont l'objectif est de réduire de 20% les volumes d'eau prélevés d'ici 2020 : trouver "un équilibre entre une logique d'accroissement de l'offre (optimisation de l'existant, substitution à travers les retenues) et une limitation de la demande (recherche d'efficience, sobriété)". Afin de trouver ce juste équilibre, les caractéristiques locales devront être prises en compte. "Ces différentes approches convergent donc aussi dans le sens du rapport Martin, qui entendait s'appuyer sur une vision partagée au plus près des territoires entre les différents usages en fonction des caractéristiques locales". Car, pour le Cep, "au-delà des efforts rendus nécessaires pour chaque secteur, ces études soulèvent aussi une question importante, celle des modes d'arbitrage et de conciliation entre les différents usages, et donc d'accès à l'eau".

1. Consulter la note d'analyse du Cep, publiée le 7 mai
http://agriculture.gouv.fr/Analyse-no-68-Avril-2014-La
2. Consulter l'étude Aqua 2030 menée par consortium l'Irstea, ACTeon et Futuribles, à la demande du CGDD
http://www.territoire-durable-2030.developpement-durable.gouv.fr/index.php/td2030/programme/?id=aqua
3. Consulter l'étude Garonne 2050 menée par CACG, ACTeon et Futuribles pour l'Agence de l'eau Adour-Garonne
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-21600-rapport-final-garonne-2050.pdf
4. Consulter l'étude Explore 2070 menée par la direction de l'eau et de la biodiversité du ministère de l'Ecologie, avec l'ONEMA, le CETMEF, les agences de l'eau, les DREAL de bassin, le CGDD, la DGEC et la DGPR.
http://www.developpement-durable.gouv.fr/Evaluation-des-strategies-d.html

Réactions12 réactions à cet article

Il serait temps que les agriculteurs prennent conscience de leur impact environnemental : pourquoi continue-t-on d'arroser à grande eau des champs de maïs en pleine journée en plein été, 90% s'évapore !

Stéphane | 13 mai 2014 à 10h20 Signaler un contenu inapproprié

des cultures inadaptées, un système d'arrosage inadapté, comme le dit "Stéphane", des fuites en veut tu en voila, des arroseurs qui arrosent...la route, des pollutions par les phytos (payés par les particuliers) et un prix de l'eau ridicule qui encourage ces pratiques.
bien sur c'est pour nourrir (empoisonner!) les français qui ont le sait sont maïsivore

lio | 13 mai 2014 à 11h23 Signaler un contenu inapproprié

je suis toujour déçu parles réations des internautes quant on parle maïs et irrigation
pour stéphane toujour le même discour yaka-focon il est vrai que les irrigant devrai arroser avec une arrosoire et la nuit

pour lio se plaindre de nourriture empoisonnées avec une espérance de vie comme on en a une elle drevrai pensser au petit noire qui ne mange que de la nourriture saine

vergobret | 13 mai 2014 à 17h28 Signaler un contenu inapproprié

Je soutiens vergobret qui ne semble pas savoir quels procureurs implacables il a provoqué... Pour certains dans ce fil, l'agriculteur est un criminel contre l'humanité, un point c'est tout.
Il faut donc cesser l'activité agricole et importer des produits "certifiés bio" (on ne sait pas trop comment mais qu'importe, c'est bio).

Albatros | 13 mai 2014 à 19h10 Signaler un contenu inapproprié

Avec plus de 7 milliards d'habitants sur notre petite planète il ne faut pas s'étonner si l'eau va bientôt manquer. La première des choses à faire serait de prendre les mesures nécessaires pour stabiliser la population humaine au niveau mondial.

René Varenge | 13 mai 2014 à 19h40 Signaler un contenu inapproprié

Bravo pour ce travail journalistique concis et complet.
On doit se demander si nos politiques sont capables de faire autant ou au moins capables d'utiliser les travaux et analyses effectués par tous.
Que doit on penser de la décision d'élargir le réseau d'alimentation de l'eau du Bas-Rhone pour permettre aux viticulteurs d'étendre leurs surfaces (et l'intensité?) iriigées?.

Victor | 13 mai 2014 à 19h51 Signaler un contenu inapproprié

Contrairement à ce que pensent toutes les personnes qui confondent irrigation et arrosage, aujourd'hui, l'irrigation est raisonnée, la quantité d'eau amenée est calculée et colle aux besoins et contrairement à ce que les gens pensent il n'y a que 10 à 12% de pertes et non 90% . L'irrigation fait baisser la température ambiante de deux ou trois degrés pendant deux ou trois jours ce qui permet aussi aux plantes de s'auto-réguler.
Ce qu'il faut faire dans toutes les régions, c'est de faire des dérivations des rivières vers des zones tampons (appelées retenues colinaires) qui servent à éviter les crues de ces rivières lors des fortes pluies automnales ou printanières et qui servent de réservoir d'irrigation durant la période d'été. Cela permettra de réduire de 50 à 60% les prélèvements directement dans les zones dont les ressources se raréfient l'été et qui créent les tensions entrent utilisateurs.

Les agriculteurs n'utilisent que 20% de l'eau utilisable en France (étude AGRESTE des ministères de l'Environnement et de l'Agriculture, l'industrie c'est 45% et la consommation humaine c'est 35%. Sur ces 20% seules 12% sont utilisées pour l'irrigation, le reste étant pour l'abreuvement des animaux. Et les deux quantités diminuent car les surfaces irriguées et les cheptels d'élevages diminuent depuis plus de dix ans.

RICDAM62 | 13 mai 2014 à 20h32 Signaler un contenu inapproprié

les yaka -focon sont toujours les 1ier à s exprimer prenez le temps de réfléchir un peu et informez vous . Dans mon département les fuites des réseaux eau potable sont largement supérieure au volume utilisé en agriculture .Sur les 476 milliards de m3 d 'eau qui tombent sur la France 33,4 sont consommés par les activités humaines dont 1 milliards pour l' agriculture . On devrait pouvoir en stocker un peu pour répondre aux besoins de chacun !...

balxha | 13 mai 2014 à 21h45 Signaler un contenu inapproprié

L'impact des prélèvements pour l'industrie et la consommation domestique est différent, l'essentiel de l'eau prélevé étant restitué au milieu. Ce n'est pas le cas avec l'agriculture.
Les chiffres cités sont à ramener aussi à une échelle régionale. On voit alors apparaître, dans le Sud-Ouest, de vrais problèmes.

Gaet | 14 mai 2014 à 18h32 Signaler un contenu inapproprié

La question du maïs est très problématique. C'est une plante tropicale à la base. Elle consomme moins d'eau que le blé mais le souci c'est que tous ses besoins en eau sont concentrés sur l'été, période qui correspond à la plus forte évaporation sous nos latitudes et période d'étiage de nos cours d'eau.

La recherche devrait apporter des réponses à travers la sélection variétale et l'augmentation de l'efficience de l'irrigation. Il faudrait pouvoir sélectionner des variétés qui lèvent un peu plus tôt mais ce champ de recherche est un peu délaissé à l'INRA. En plus maintenant que tout un coûteux réseau d'infrastructures d'irrigation à été mis en place, il faut bien le rentabiliser...

Gaet | 14 mai 2014 à 18h42 Signaler un contenu inapproprié

Que ce soit au niveau de l'industrie, ou au niveau de la consommation humaine, il y a des perte car si l'eau retoune à la nature, il y a aussi des pertes mais peu d'eau de consommation humaine ou de l'industrie qui retourne à la nature est efficace. dans d'autres pays, l'eau des stations d'épuration, l'été, sert en partie à l'irrigation des cultures (Espagne, Maroc, GB, Italie). En France, c'est interdit. Alors que si on pouvait utiliser les eaux de stations d'épuration pour l'irrigation cela éviterait un tiers des prélèvements dans les nappes ou les rivières et de plus les analyses de l'eau permettront aussi de valoriser les nitrates et les phosphates résiduels comme fertilisants.

Deuxièmement, la recherche française a été la première à trouver des maïs tolérant à la sécheresse grâce à une filiale de Limagrain. Mais comme le gène de résistance était issu d'un sorgho, ce maïs était OGM deuxième génération. Les divers champs ont donc été détruits par les faucheurs volontaires et la société est allé développer ce maïs aux USA, au Brésil et en Inde. Résultat : perte de compétitivité des maïs français car ce maïs produisait de l'ordre de 20T de grains à l'ha avec 35% de consommation d'eau en moins. Alors oui pour la recherche, mais laissons la faire car pour le blé, il y avait des variétés prometteuses mais elles sont aussi parties à l'étranger.

RICDAM62 | 15 mai 2014 à 21h14 Signaler un contenu inapproprié

Cette interdiction française d'utilisation d'eaux traitées en STEP pour l'irrigation est une aberration environnementale: il faut rapidement revenir là-dessus, surtout dans les zones menacées de stress hydrique.

Albatros | 16 mai 2014 à 09h45 Signaler un contenu inapproprié

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