Quatre associations de protection de la nature (DMA, FNE, LPO, Sea Shepherd) ont annoncé, mardi 5 décembre, attaquer l'arrêté très controversé du secrétaire d'État à la Mer qui fixe des mesures de protection des petits cétacés contre les engins de pêche.
« Les dérogations mises en place et financées par l'État vont en fait permettre à de très nombreux navires concernés de continuer à pêcher comme d'habitude sans épargner le moindre dauphin », estiment les associations. Et ce, alors que le Gouvernement a dû prendre cet arrêté sur injonction du Conseil d'État après une première action judiciaire lancée par trois d'entre elles. Les ONG considèrent que la réglementation adoptée ne suit pas les mesures préconisées par les scientifiques du Conseil international de l'exploration de la mer (Ciem), à savoir une fermeture des pêcheries à risques de trois mois en hiver et un mois en été dans l'ensemble du golfe de Gascogne, et l'équipement obligatoire des chalutiers avec des dispositifs de répulsion acoustique (pingers) le reste de l'année.
« Le texte adopté n'instaure qu'une fermeture d'un mois (de mi-janvier à mi-février). En outre, cette mesure ne s'appliquera pas aux bateaux de moins de 8 mètres (17 % de la flotte de pêche) ni à ceux équipés de répulsifs acoustiques, dont l'efficacité n'est pas démontrée, ou de caméras embarquées, sans effet sur la mortalité des cétacés », expliquent les associations.
L'observatoire Pelagis a dénombré 1 380 petits cétacés retrouvés échoués durant l'hiver 2022-2023 et a constaté plusieurs échouages inhabituels l'été dernier. « Le dauphin et le marsouin communs sont désormais menacés de disparition à l'échelle régionale en dépit de leur statut légal d'espèces protégées », indiquent les associations. Celles-ci expliquent également qu'une indemnisation des pêcheurs est possible par le Fonds européen pour les affaires maritimes, la pêche et l'aquaculture, durant les périodes de fermeture de la pêche justifiées par la protection d'espèces menacées.