Les associations Sauvegarde du Trégor et Sauvegarde du Penthièvre ont déposé mercredi 7 septembre plainte à Rennes pour "mise en danger de la vie d'autrui", suite à la publication des deux rapports de l'Ineris et de l'Anses mettant en cause les algues vertes dans la mort des sangliers en baie de Morieux et dans l'estuaire du Gouessant (Côte d'Armor) cet été. L'Ineris soulignait également le risque pour la santé humaine et n'écartait pas un accident mortel sur les zones de proliférations des algues.
Après plusieurs analyses, l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) et l'Agence de sécurité sanitaire de l'environnement (Anses) ont retenu comme "hautement probable" l'hypothèse d'une intoxication au sulfure d'hydrogène (H2S) pour expliquer le décès des 36 sangliers, des trois ragondins et d'un blaireau retrouvés dans la baie de Morieux. Vendredi 2 septembre, des analyses demandées par la préfecture des Côtes d'Armor avaient permis d'écarter la piste de l'empoissonnement par des herbicides ou des insecticides dans le décès des animaux, confirmant ainsi la piste des algues vertes.
L'avis de l'Anses
''Les comptes-rendus d'autopsie révèlent un œdème pulmonaire pour seize sangliers sur vingt-deux et pour chacun des trois ragondins. En outre, il a été constaté pour certains animaux, une corrélation du tableau lésionnel avec des concentrations en H2S significatives relevées sur les échantillons de poumons. Ces éléments ainsi que l'absence d'autres lésions caractéristiques plaident pour une exposition aérienne à l'H2S, à des concentrations suffisantes pour immobiliser les animaux'', explique l'Anses dans son avis daté du 6 septembre, (1) chargée par le ministère de l'Agriculture d'examiner les causes du décès des animaux sauvages.
Toutefois, l'Anses et l'Ineris se refusent à affirmer que le sulfure d'hydrogène produit par les algues vertes soit le ''seul facteur contributif de la mortalité massive''. L'Anses recommande que des travaux complémentaires soient réalisés, dont la recherche de cyanotoxines (2) sur les prélèvements conservatoires des tissus animaux. "Les enjeux sanitaires associés à la décomposition d'algues vertes et à la production d'H2S dans les vasières devraient également conduire à explorer les émissions gazeuses des fonds d'estuaires et des lits de certaines rivières'', estime l'agence sanitaire.
Pour l'association Eau & Rivières de Bretagne, ''les expertises de l'INERIS et de l'ANSES permettent de clore le débat. L'urgence est à présent de protéger les populations du risque, notamment sur les sites qui ne font pas l'objet de ramassage des algues et d'engager au plus vite des programmes ambitieux de reconquête de l'eau. Il n'est pas normal, deux ans après la visite du Premier Ministre à St Michel en Grève, que le plan d'action prévu pour la baie de St-Brieuc ne soit toujours pas arrêté''.
L'Anses avait recommandé en juillet dernier (3) de ramasser les algues vertes le plus rapidement possible après échouage pour éviter leur putréfaction. Fin août, environ 53.000 m3 d'algues vertes avaient été collectés en Bretagne, soit plus de 11% qu'à la même époque l'an dernier.