C'est une période épuisante et délicate pour Fabrice Maccario, apiculteur depuis de nombreuses années.
Épuisante car les transhumances se réalisent en pleine nuit. Il faut attendre que les butineuses soient toutes rentrées dans la ruche et, en cette période, il ne fait pas totalement nuit avant 22 h 00.
Délicate, parce qu'il faut manipuler les ruches minutieusement avec une toute petite lumière frontale pour ne pas énerver les abeilles.
Le chargement sur le camion est long et périlleux ; pas question de faire tomber une ruche… Ensuite, il y a le parcours sur les petites routes de campagne. Là encore, la conduite doit être souple. Ce parcours peut varier et parfois atteindre plusieurs centaines de kilomètres. Concrètement, il s'agit de déplacer les abeilles vers des zones plus riches en pollen. Fabrice Maccario, comme beaucoup d'apiculteurs en région Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), choisit les champs de lavande comme zone de production de miel. De surcroît, le miel de lavande est très apprécié des consommateurs, et grâce à une indication d'origine protégée, il permet aux apiculteurs de mieux valoriser le produit fini.
Mais pourquoi ne pas laisser les ruches sur place toute l'année ? « Parce que ces champs se situent plus en altitude où les températures en hiver sont trop basses pour les abeilles », nous explique l'apiculteur. Étonnement, durant le trajet, les abeilles ne bougent pas. Elles restent bien loties dans leur ruche alors qu'elles seraient libres de sortir et de s'envoler. Néanmoins, toute cette agitation ne les rassure pas, même « elles surconsomment le pollen ou le miel lorsqu'elle sont stressées », nous explique Alban Maisonnas, expert chargé de mission expérimentation en apiculture à l'association de développement de l'apiculture de Provence. Mais une fois arrivées dans une zone riche en nourriture comme les champs de lavande, « les abeilles se refont une santé. »
Une production de miel mal partie pour cette année
Malheureusement ces dernières années, il semble de plus en plus difficile de prédire la météo comme l'explique Fabrice Maccario : « parfois le temps est plus propice en fin d'hiver qu'au début de l'automne, alors que ça devrait être le contraire ». Des propos confirmés par Alban Maisonnas : « cette année, il y a eu un hiver doux. Les abeilles n'ont pas trop consommé leur réserve de miel, elles étaient bien. Sauf qu'à partir du 15 février on a eu des températures de plus de 20 degrés. Donc les colonies se sont retrouvées dans une dynamique très importante. Sauf qu'à partir du 25 mars il s'est mis à faire froid pendant 15 jours. On a même eu des gelées, ce qui est très rare en Provence en cette période de l'année. À certains endroits, le romarin a gelé entièrement et le ciste aussi. Un manque de fleurs qui a causé une disette alimentaire et donc les colonies d'abeilles se sont réduites, ce qui a eu un impact très négatif sur la production de miel. » Un dérèglement climatique qui pourrait donc avoir de lourdes conséquences pour les professionnels.Reste à espérer pour 2020 que les champs de lavande permettent à ces butineuses de rattraper le temps perdu.