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Actu-Environnement

“L'urgence écologique est une opportunité fantastique pour un autre type de développement économique”

A quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, Martine Billard, co-responsable du livret sur la planification écologique de la France insoumise, précise les propositions de Jean-Luc Mélenchon, en matière de mix énergétique, d'agriculture ou encore de santé environnementale.

Interview  |  Gouvernance  |    |  S. Fabrégat
   
“L'urgence écologique est une opportunité fantastique pour un autre type de développement économique”
Jean-Luc Mélenchon
Candidat à la Présidentielle 2017 pour la France insoumise
   

Actu-environnement : Comment vous inscrivez-vous par rapport à la transition énergétique initiée par le quinquennat de François Hollande ?

Martine Billard : En matière énergétique, nous partons du principe que les énergies fossiles (charbon, pétrole et gaz) sont responsables des émissions de gaz à effet de serre et qu'il est urgent d'en sortir. Nous partageons l'idée que 80 à 85% des énergies carbonées doivent rester dans le sol. Nous ne souhaitons pas poursuivre l'exploitation des gisements d'hydrocarbures, notamment offshore, ni les recherches sur le pétrole et gaz de schiste et de houille. Nous considérons que le nucléaire est un mode de production dangereux, encore plus en France où les centrales sont vieillissantes. Il s'avère que dans certains cas, il y a eu des défauts de fabrication. Nous ne savons pas traiter les déchets et leur stockage pendant des milliers d'années est également dangereux. Nous sommes pour la fermeture réelle de Fessenheim, pour l'abandon de l'EPR de Flamanville qui est un échec technique et financier. Nous sommes opposés au Grand carénage et souhaitons la fermeture des centrales à quarante ans.

Nous défendons donc une bifurcation énergétique totale. En premier lieu, il s'agira de supprimer toutes les consommations d'énergie inutiles : les modes veille des appareils électroniques, les panneaux publicitaires déroulants… Nous imposerons des normes d'efficacité énergétique sur les produits et n'attendrons pas que l'Europe bouge sur ce sujet. Nous mènerons également une politique volontariste sur l'isolation des bâtiments publics, commerciaux, industriels et résidentiels. Nous fixons comme objectif la rénovation de 700.000 logements par an en insistant sur le fait que les travaux doivent être ambitieux et réalisés en une seule fois. Pour que cette politique soit efficace, nous mettrons à disposition des particuliers des maîtres d'œuvre pour coordonner les travaux. En plus du crédit d'impôt, nous ferons l'avance des frais pour les ménages modestes.

En parallèle, nous viserons l'objectif de 100% d'énergies renouvelables en 2050, en utilisant les ressources les plus pertinentes pour chaque territoire (géothermie, solaire, éolien, énergies de la mer, biomasse…). Ce développement sera axé sur l'autoproduction pour l'autoconsommation, la production locale pour la consommation locale (en développant les coopératives, les régies publiques, les associations de citoyens…) et une production nationale centralisée en complément. Nous sommes opposés à la construction de certains parcs éoliens dont l'objectif est uniquement l'exportation d'électricité.

AE : La santé est une préoccupation majeure des Français. Que prévoyez-vous en matière de santé environnementale ?

MB : Aujourd'hui, les maladies les plus courantes ne sont plus des maladies infectieuses mais sont liées à l'environnement. Il faut prendre le problème à la racine en supprimant les causes de ces maladies, autrement dit les substances chimiques (dont les pesticides) lorsqu'elles sont connues ou soupçonnées d'avoir un impact sur la santé ou l'environnement. Nous vivons dans un bain de molécules qui sont mal connues et dont nous ne maîtrisons pas les interactions. Dès qu'il y a un doute sur une molécule chimique, elle ne doit pas être utilisée. Nous souhaitons une précaution absolue et pour cela, il faut changer la façon dont sont mis sur le marché les produits chimiques. Les évaluations ne doivent pas être menées sur une molécule mais sur le produit, c'est-à-dire qu'il faut tester le Round up et pas seulement le glyphosate.

Nous n'oublions pas la santé au travail. Les professionnels sont parfois victimes des produits qu'ils utilisent. Nous voulons donc renforcer la médecine du travail qui est aujourd'hui affaiblie.

Les lanceurs d'alerte, les associations environnementales, les chercheurs, les médecins sont fondamentaux. Il faut renforcer les moyens dédiés aux associations et à l'expertise indépendante, face aux lobbies de plus en plus forts qui bloquent les dossiers au niveau européen.

AE : Comment envisagez-vous l'évolution du modèle agricole français ?

MB : Il faut sortir de l'agriculture industrielle qui à la fois rend malade les agriculteurs et ne les fait plus vivre correctement. Cette course à la productivité fait qu'à la moindre crise sur les prix ou la production, ils sont les premières victimes. Les agriculteurs représentent la profession qui se suicide le plus. Il faut en finir avec les grosses exploitations et passer à une agriculture biologique, qui crée de l'emploi (300 à 400.000).

Nous réformerons les Safer [sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural] qui bloquent aujourd'hui l'accès au foncier et donnent la priorité à l'extension des exploitations existantes. Nous les remplacerons par des établissements publics fonciers ruraux qui mèneront une politique de préemption sur les terrains mis en vente et donneront la priorité aux projets d'agriculture biologique. Nous reprendrons également la loi, censurée par le Conseil constitutionnel, sur le refus d'achat de terres par des fonds d'investissements, comme c'est le cas dans le Centre aujourd'hui avec un fonds chinois.

En parallèle de la politique de protection des terres agricoles, nous développerons les aides à l'installation en bio et imposerons que toute la restauration collective (et pas seulement les cantines scolaires) passe en bio, pour créer des débouchés pour les agriculteurs.

AE : L'aménagement du territoire est confronté à un nouveau phénomène : les ZAD. Comment concilier développement économique local et respect des milieux ?

MB : Nous souhaitons inscrire la règle verte dans la Constitution. On ne peut pas prendre plus de ressources renouvelables que ce que la terre peut renouveler et produire plus de déchets que ce que la planète peut absorber. Cette règle permettra de s'opposer à des projets comme Notre-Dame-des-Landes ou Europacity qui détruisent des terres agricoles et des zones humides pour le premier. Cela va plus loin que la charte de l'environnement qui ne prévoit que de la compensation pour ce type de projet…

Si on fait l'analyse que nous sommes en urgence écologique absolue, alors l'écologie doit passer avant le développement économique. Tout projet doit être étudié à la lumière de cette urgence. C'est une opportunité fantastique pour un autre type de développement économique.

Nous souhaitons également une remise en cause de la loi Notre [Nouvelle organisation territoriale de la République] qui met en concurrence les territoires et tend vers le développement des grosses agglomérations au détriment des territoires ruraux.

AE : De quelle manière entendez-vous mettre en œuvre une politique environnementale au sein de votre gouvernement ? Quel budget prévoyez-vous pour vos mesures et comment les financez-vous ?

MB : Nous proposerons une planification écologique et démocratique, sur le modèle du commissariat au plan qui avait été mis en place à la Libération. Mais nous souhaitons y associer l'ensemble des corps constitués (collectivités, syndicats, associations environnementales …) et les citoyens afin de définir les objectifs en matière d'énergie, d'industrie, d'agriculture, d'aménagement, de transport, décliner sa mise en œuvre sur le territoire à chaque échelon et fixer un calendrier. Il est nécessaire d'avoir une articulation totale entre l'ensemble des niveaux du territoire, il y aura donc des délégations départementales. Des points d'étapes annuels seront organisés pour réorienter, accélérer ou ralentir sur certains objectifs. Les citoyens y seront associés.

Nous assumons totalement le fait que cette planification passera par des obligations pour les services et entreprises publics et des normes environnementales et sociales. L'incitation marche sur le moyen terme, mais elle n'est pas suffisante pour faire évoluer les modes de vie et de production, nous sommes dans l'urgence. Il faut aller très vite dans cette transition pour permettre aux générations futures de bien vivre.

Nous investirons dans les deux ou trois premières années du quinquennat 100 milliards d'euros. C'est tout à fait faisable entre les fonds dédiés au CICE [crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi], les exonérations fiscales et de cotisations… Nous supprimerons les niches anti-écologiques, mettrons en place une taxe sur le transport routier de marchandises et une taxe, aux frontières européennes si possible, sur les produits qui ne respectent pas les normes environnementales et sociales.

Réactions3 réactions à cet article

Alors, on arrête le nucléaire, on arrête les hydrocarbures. Et on fait comment pour produire une électricité fiable et disponible ?! 100% d'électricité renouvelable, ça veut dire qu'on sait stocker 100% de la consommation nationale sur plusieurs semaines. Il s'en faut de plusieurs ordres de grandeur, même avec les délires à la Tesla...

dmg | 21 avril 2017 à 13h06 Signaler un contenu inapproprié

Parfait candidat de l'ADEME et d'ActuE... Non?

Albatros | 21 avril 2017 à 18h13 Signaler un contenu inapproprié

CITD BONJOUR
Le stockage sait ce faire avec l'hydrogène le surplus d'énergie produite stocké sur hydrure métallique ou dans le réseau GRDF à hauteur de 7et20% test en cours dans le cadre du projet GRHYD à Dunkerque ou encore la méthanation (projet Jupiter Fos sur mer) il existe des puits naturels d'hydrogène dont personne ne parle et portant actif (mali et pas exploité en Russie et brésil, et le potentiel est très fort dans la faille Armoricaine dans la Manche) il est possible également de la stocker dans les poches souterraine comme on stocke le gaz naturel; beaucoup de solutions existes avec une production moins massique +locale il suffi de les lancer avec une volonté politique et tout les acteurs pour faire cette transition indispensable pour notre futur et nos enfants

claude | 21 avril 2017 à 21h35 Signaler un contenu inapproprié

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